Plus de 200 hommes des communautés Banyamulenge et Tutsi originaires de la région-est du Congo sont détenus dans des cachots et prisons en RDC. Leurs familles et les responsables des deux communautés exigent leur libération. Ils parlent de “persécution”.
Les concernés sont détenus dans des prisons et cachots des renseignements dans la capitale Kinshasa et les provinces du Sud-Kivu et Nord-Kivu à l’est de la RDC.
“Ils ont commencé à être interpellés depuis la résurgence du M23 (fin 2021)”, disent des proches des hommes en détention et des représentants des deux communautés qui se sont confiés à SOS Médias Burundi qui livre cette information.
Certaines familles ont saisi les autorités congolaises. C’est le cas de celle de Gasake Aimable qui est emprisonné à Kinshasa. Elle affirme que « notre fils qui travaillait pour le compte de son grand frère à Bukavu (chef-lieu du Sud-Kivu) a été arrêté après avoir retiré de l’argent à la banque pour l’entretien d’une maison de ce dernier ».
L’Agence nationale de renseignements (ANR) a affirmé que l’argent était destiné à financer le groupe armé Twirwaneho, principalement composé des membres de la communauté Banyamulenge, regrettent ses proches.
L’autre dossier dont SOS Médias Burundi a eu connaissance concerne Claude Sendoto. Il a été interpellé sur Goma, la capitale du Nord-Kivu. Il a par la suite été transféré à Kinshasa. Il lui est reproché de collaborer avec le M23.
Plusieurs autres jeunes hommes Tutsi et Banyamulenge ont été arrêtés dans les fermes de Tshikapa et Masisi et dans la ville de Goma, suspectés de collaborer aussi avec les rebelles du M23.
Munezero Claude a été appréhendé à Tshikapa dans la province du Kasaï. C’est un éleveur. Plusieurs interpellations ont eu lieu lors des deux derniers mois, a-t-on appris.
“Seules les familles des personnes détenues dans les prisons de Makala et de Ndolo à Kinshasa sont informées de la situation des leurs. Mais pour les gens détenus dans des cachots des renseignements, aucune information ne filtre sur leur sort”, confient les familles des intéressés.
Certaines organisations militant pour la cause des minorités Tutsi et Banyamulenge au Congo à l’instar de Gakondo, Mahoro Peace, Isoko, ont récemment demandé au gouvernement congolais de “libérer les innocents Tutsi et Banyamulenge”.
Selon Maître Bernard Maingain, membre du collectif d’avocats en charge de la défense des parties civiles appartenant aux communautés Banyamulenge, Tutsi congolais et Hema se disant victimes d’exactions, « il y a une situation atroce qui prend les allures d’épuration ethnique, voire de génocide ».
Et de s’inquiéter de plus “[…], dans quelques dizaines d’années, si l’on continue comme ça, on va créer comme du temps de l’Amérique du Nord avec les Indiens, on finira par créer des réserves de Tutsi à l’est du Congo”.
Parmi les détenus figure une figure très connue dans la province du Sud-Kivu. Il s’agit du Dr Lazare Sebitereko, recteur de l’Université Eben Ezer de Minembwe. Il a été interpellé jeudi dernier et envoyé à Kinshasa après avoir été cité dans un rapport de l’ONU comme l’un des soutiens du M23 et de Twirwaneho, des allégations qu’il a rejetées. Il est de la communauté Banyamulenge. Au moins 1500 membres de cette communauté ont été tués depuis 2017, d’après un décompte des activistes militant pour la cause de cette tribu principalement constituée de pasteurs.
Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021 reprochant au gouvernement congolais de n’avoir pas respecté ses engagements sur la réinsertion de ses combattants. Les autorités congolaises restent persuadées qu’elle bénéficie du soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main malgré d’autres accusations contenues dans le récent rapport du groupe d’experts des Nations-Unies sur la RD Congo. Ce mardi, le président Paul Kagame a parlé “d’un document biaisé et monnayé”. (Fin)