Kigali: Les ministres africains des finances se sont réunis ce mardi pour la deuxième fois par visioconférence, dans le contexte de l’augmentation des cas de COVID-19 en Afrique, susceptible d’être incontrôlable si les mesures ne sont pas mises en place maintenant pour en limiter la propagation. La réunion a été organisée par Vera Songwe, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique, et coprésidée par les Ministres Tito Mboweni d’Afrique du Sud et Ken Ofori-Atta du Ghana.
Les pays ont partagé leurs expériences et ont également discuté des possibilités de soutien mutuel. Tout en reconnaissant les mesures politiques louables prises par les gouvernements, les ministres soulignent que l’économie africaine est confrontée à un ralentissement profond et synchronisé et ne pourra s’en remettre qu’au bout de trois ans.
Ils soulignent la nécessité de prendre « toutes les mesures possibles pour ralentir et maîtriser la propagation du COVID19 à court terme, mais reconnaissent qu’il s’agit d’un combat difficile.
Les ministres conviennent des questions clés suivantes :
A) L’attention immédiate doit être sur le front sanitaire et humanitaire. Il est nécessaire de poursuivre la sensibilisation, les tests, la distanciation sociale. De nombreux ministres ont participé aux réunions munis des masques.
B) Les ministres appellent à l’allégement de la dette des partenaires bilatéraux, multilatéraux et commerciaux avec le soutien des institutions financières multilatérales et bilatérales telles que le FMI, le GBM, l’UE, pour garantir que les pays africains disposent de l’espace budgétaire nécessaire pour faire face à la crise du COVID-19. L’appel à l’allégement de la dette, soulignent-ils, s’adressent à toute l’Afrique et doit être entrepris de manière coordonnée et collaborative. Ils appellent à la création d’un moyen à vocation spéciale pour faire face à toutes les obligations de dette souveraine. Des baisses substantielles des recettes provenant de la baisse des prix des produits de base, associées à une augmentation des coûts des importations, exercent des pressions sur l’inflation et le taux de change.
C) La nécessité d’une période plus longue pour l’allégement de la dette. Étant donné que l’économie mondiale est entrée dans une période de ralentissement synchronisé, la reprise n’étant attendue qu’après environ 24 à 36 mois, les partenaires au développement devront envisager un allégement de la dette et une abstention des paiements d’intérêts sur une période de 2 à 3 ans pour tous les pays africains, les Pays à faible revenu (PFR) et les Pays à revenu intermédiaire (PRI).
D) Les ministres reconnaissent l’importance du secteur privé pour la création d’emplois et pour l’effort de relance ; appellent les IFD à soutenir le secteur privé en cette période difficile. De plus, l’Afrique étant un importateur net de produits pharmaceutiques, permettre une production continentale locale pourra servir à protéger certains emplois et garantir l’approvisionnement en médicaments essentiels pendant la crise. Plus de 54 pays ont interdit les exportations de produits pharmaceutiques. Les ministres appellent à la fin de ces procédures et à des protocoles conjoints sur la fermeture des frontières afin de permettre les couloirs commerciaux et humanitaires. Il existe un besoin de facilités de liquidité, de refinancement et de garanties pour soutenir le secteur privé.
E) La question des énormes pertes subies dans le transport aérien et l’hôtellerie a été abordée. Les ministres appellent à la protection et à la préservation des compagnies aériennes africaines, des logistiques et de l’industrie du tourisme. Il est également question de préconiser un sursis au paiement des intérêts, des baux et de la dette. Il s’agit d’un important secteur créateur d’emplois pour des millions d’Africains et doit être protégé. Les ministres conviennent d’organiser une réunion pour les pays touchés par les pertes de transport et de tourisme dues à la pandémie, afin de mieux planifier les politiques pour lutter contre ces pertes.
F) Les ministres saluent l’utilisation de technologies telles que les téléphones portables pour soutenir la sensibilisation, identifier les communautés dans le besoin et créer des mécanismes de responsabilité et de gouvernance autour de l’utilisation du stimulus. Ils demandent à la CEA de travailler avec la société de télécommunications pour concevoir un système répondant à ces objectifs. (Fin)