Président du FIDA, Gilbert Houngbo.
Par André Gakwaya;
Kigali: Pour les Scientifiques, dont des Lauréats du Prix Nobel, présents à la Conférence de Kigali sur le Dialogue des dirigeants sur la Sécurité alimentaire en Afrique (AFSDL), les Organismes génétiquement modifiés (OGM) sont l’un des axes pour accroître la productivité en Afrique. Lire l’interview du Président du Fonds International de Développement Agricole (FIDA/IFAD), Gilbert Houngbo (G.H.), à ARI :
ARI – Vous recommandez que l’Afrique puisse recourir à ces OGM ?
G.H. – Ce que nous disons, c’est ce que soit un débat serein, un débat basé sur des faits, analyser les résultats de la recherche, éviter de mener ce débat sous un angle plein d’émotion, voilà. Donc dépassionner le débat et regarder les preuves qui sont là. Ce que nous disons, c’est que les scientifiques ont toujours fait état de la question des OGM, et qu’ils peuvent faire partie de la solution, et je pense qu’il y a des éléments qu’il faut analyser et en même temps, nous avons aussi qu’il parfois des ressentiments ou des réserve et le consommateur in fine hésite. Il faut chercher à comprendre la source de cette hésitation qui peut être rationnelle ou irrationnelle ; mais il faut la regarder; il faut voir aussi la question économique, notamment l’accès des pays africains aux semences génétiquement modifiées et la dépendance que cela puisse créer. Il faut dépassionner le débat, chaque pays se doit de regarder ce qui fait son affaire.
ARI – Face à l’insécurité alimentaire, l’Afrique doit-elle recourir à ces OGM ?
G.H. – Il ne faut pas non plus penser que sans les OGM, il n’y aura pas de solution. Non. Si les OGM peuvent contribuer, c’est une solution parmi tant d’autres ou un élément de la solution. Ce n’est pas une condition sine qua non, il y a plusieurs façons d’augmenter la productivité : la lutte contre les pertes que nous subissons au moment de la récolte, l’incapacité de nos producteurs à s’intégrer dans la chaîne de valeur de la production à la commercialisation. Il y a plusieurs aspects. La formation que nous devons apporter à nos producteurs afin de pratiquer l’agriculture non pas comme un moyen de subsistance, mais plutôt comme une activité génératrice de revenus. C’est un ensemble. Je ne pense qu’il faut retenir de cette conférence ce que sont les OGM ou rien.
ARI – Et l’appui d’IFAD au Rwanda ?
G.H. – Pour notre cycle, 2019-2021, nous parlons de quelque chose au tour de $US 55 millions et nous travaillons activement. Nous savons que le Rwanda, c’est les quatre premiers pas en termes de performance, comme nos allocations sont basées sur la performance. Nous pensons que dans les années prochaines, des ressources additionnelles seront libérées. Le Rwanda fera partie des pays que nous allons considérer comme prioritaires pour des allocations additionnelles.
ARI – Et ces fonds sont affectés à quelle activité notamment ?
G.H. – C’est en discussion avec le Gouvernement. J’ai eu l’honneur de voir Mme la Ministre de l’Agriculture, ce matin et hier, sur un projet que nous sommes entrain d’élaborer, et qui doit passer au Conseil d’administration au mois de septembre. C’est la question d’irrigation.
ARI – Rétrospectivement des principaux secteurs de votre intervention ?
G.H. – Il y a un projet qui doit clôture d’ici le mois de Mars 2020, un autre en juin je crois 2020, et l’autre en 2022. Cela peut être sur la chaîne de valeur, mais aussi sur la transformation, c’est dans différentes activités que nous sommes impliqués.
ARI – Cette enveloppe est-elle suffisante pour lutter contre l’insécurité alimentaire ?
G.H. – Le FIDA est un des partenaires. Je peux vous dire d’emblée que ce n’est pas suffisant. Il faut saluer la performance, que nous nous voyons du point de vue FIDA, du gouvernement rwandais. Et nous savons qu’il y a des ressources domestiques et des ressources des autres partenaires. La fin de la faim et l’éradication de la pauvreté sont des objectifs qui demandent des milliards et des milliards d’investissement sur une base annuelle, et donc, je ne saurais jamais dire que ces fonds sont suffisants. Jamais. Il faut continuer à se battre. (Fin)