Le Gén. Albert Murasira(en lunettes) transmet le message du président rwandais à son homologue burundais
Le Président burundais Evariste Ndayishimiye a reçu en audience ce mardi 15 mars une délégation rwandaise de haut niveau conduite par le General Major Albert Murasira, Ministre rwandais de la Défense, qui était porteur d’un message de son homologue Paul Kagame.
Cette rencontre qui s’est tenue à huis clos s’inscrit dans le cadre de la poursuite du dialogue en faveur de la normalisation des relations entre le Burundi et le Rwanda voisin.
A titre de rappel, en date du 10 janvier 2022, le Burundi avait également envoyé une délégation conduite par le Ministre Burundais chargé des Affaires de la Communauté Est Africaine, Ezéchiel Nibigira, qui a rencontré le Président Paul Kagame pour lui transmettre le message de son homologue burundais Evariste Ndayishimiye.
Les relations entre les deux pays se sont détériorées en 2015 à la suite d’un coup d’Etat raté en mai cette année contre feu président Pierre Nkurunziza. À l’époque, il avait brigué un autre mandat controversé qui a conduit à un putsch manqué après des semaines de manifestations réprimées dans le sang.
Le pouvoir burundais a accusé le Rwanda d’avoir donné refuge à des putschistes et permis des entraînements militaires de groupes rebelles burundais sur son sol. Le Rwanda accusait le Burundi de collaborer, entretenir des opposants au régime rwandais dont des Hutus accusés d’avoir commis le génocide contre les Tutsis en 1994 en plus de laisser son territoire servir de base arrière de mouvements armés pour attaquer le Rwanda.
La situation a commencé à s’améliorer avec l’ascension anticipée au pouvoir du président burundais Évariste Ndayishimiye à la suite de la mort inopinée de son prédécesseur. L’armée burundaise a notamment mené des offensives contre la rébellion rwandaise du FLN auteur de raids sur le territoire rwandais depuis la forêt burundaise de Kibira. Il y a eu également des visites réciproques de haut niveau, échanges de rebelles ou encore des discours d’apaisement qui montrent qu’un processus de normalisation a été lancé.
Le Rwanda a par ailleurs fermé les médias burundais en exil. Radio publique africaine(RPA), Télé Renaissance et la radio Inzamba, accusées de « déstabilisation » du Burundi, diffusaient leurs émissions à partir de Kigali au Rwanda où ils ont trouvé refuge au plus fort de la crise burundaise après leur destruction par le pouvoir burundais en 2015. Certains journalistes en exil au Rwanda se sont dit sacrifiés à l’autel du réalisme politique.
La dernière pomme de discorde selon le Burundi est la question des responsables de la tentative de coup d’État de 2015 contre l’ancien président burundais, aujourd’hui décédé, Pierre Nkurunziza. Le pouvoir burundais exige qu’ils lui soient livrés. Il en a fait une condition sine qua non pour la réouverture de la frontière terrestre commune et la dernière étape pour une normalisation des relations communes. « Le dégel des relations en cours pourrait aboutir à l’ouverture des frontières du Burundi et à l’extradition des putschistes », a indiqué ce mardi 15 mars la présidence burundaise après avoir rencontré les émissaires du Président rwandais.(Fin)