Les réfugiés congolais vivant au Rwanda ont protesté contre la discrimination persistante à l’encontre des membres des communautés Tutsi, Banyamulenge et Hema dans leur pays d’origine.
Les manifestations pacifiques qui ont débuté le 4 mars se poursuivront jusqu’au 11 mars 2024 et se dérouleront dans différents camps de réfugiés au Rwanda.
Aujourd’hui, les manifestants du camp de réfugiés de Kiziba dans le district de Karongi et ceux du centre de transit de Nkamira dans le district de Rubavu à l’ouest du Rwanda sont descendus dans la rue avec des pancartes exprimant leurs doléances.
Ils ont déclaré dénoncer le « génocide perpétré par la République démocratique du Congo (RDC) contre les Tutsi du Nord-Kivu, les Banyamulenge du Sud-Kivu et les Bahema de l’Ituri ».
Une mère de quatre enfants de Nkamira qui a fui son pays depuis le territoire de Rutshuru en 2023 après que son mari ait été attaqué et kidnappé fait partie des réfugiés qui ont partagé son histoire particulière.
Elle a déclaré que l’armée congolaise et ses alliés, dont les génocidaires rwandais des FDLR et les milices anti-Tutsi Wazalendo, étaient entrés chez elle en disant qu’ils cherchaient l’ennemi.
Les forces coalisées (Armée congolaise, FDLR et Wazalendo) ont commencé à battre son mari, l’accusant d’être Tutsi. «Ils lui ont masqué le visage et l’ont kidnappé. Nous ne l’avons jamais revu depuis”, a déclaré la dame.
Les attaques et le harcèlement persistant de la part des Wazalendo ont forcé la dame à s’enfuir avec ses enfants au Rwanda où elle trouve la tranquillité d’esprit même si elle continue de lutter contre sa vie de réfugiée dans le camp de transit de Nkamira.
Certains réfugiés ont déclaré que le génocide contre les Tutsi qui s’est produit au Rwanda en 1994 avait été stoppé mais qu’il s’est depuis poursuivi en RDC où les Tutsi sont systématiquement tués et voient leurs propriétés pillées.
Mais le gouvernement de la RDC et la communauté internationale ne font rien pour y remédier. Les réfugiés ont dénoncé le génocide en cours contre les Tutsi en RDC et ont appelé le gouvernement de Kinshasha et la communauté internationale à agir immédiatement.
Sous l’administration de l’actuel président congolais Félix Tshisekedi, les discours de haine contre les Tutsi avec ses corollaires de violences génocidaires sont devenus des discours nationalistes et patriotiques. Et la discrimination ethnique ainsi que les arrestations et les tueries ciblées sont courantes.
Des manifestations similaires auront lieu dans d’autres camps de réfugiés congolais tels que Mahama dans le district de Kirehe et Nyabiheke dans le district de Gatsibo (6 mars) ; Camps de Kigeme et Mugombwa à Nyamagabe (respectivement les 7 et 8 mars).
Les manifestations prendront fin le 11 mars, les manifestants soumettant leurs pétitions aux ambassades sélectionnées à Kigali.
L’heure n’est toujours pas à l’apaisement entre la RDC et le Rwanda. Kigali accuse Kinshasa de favoriser les intérêts des FDLR,-une milice extrémiste hutu liée directement au génocide des Tutsi du Rwanda en 1994-, qui rêve toujours de reconquérir le Rwanda par les armes et parachever le génocide.
Le Rwanda accuse aussi la RDC d’avoir failli à sa responsabilité de protéger les Tutsis congolais, ce qui déstabilise la région des Grands-Lacs d’Afrique depuis trente années.
La RDC reproche pour sa part au Rwanda de soutenir le M23, un groupe rebelle congolais qui tente de stopper le génocide en cours contre la minorité Tutsi et d’obtenir le retour dans leur pays des rescapés qui croupissent dans des camps de réfugiés au Rwanda, en Ouganda et ailleurs dans la région depuis plus de 30 ans.
Mais le Rwanda a toujours rejeté les allégations de soutien au M23. La diplomatie s’active pour éviter que le conflit dans le Nord-Kivu(Est de la RDC) ne s’étende à l’échelle régionale.
Les hostilités armées opposent le M23 (Mouvement du 23 Mars) aux forces coalisées du régime de Kinshasa composées de : l’armée nationale congolaise (FARDC), les génocidaires FDLR, plus de 250 milices anti-Tutsi intégrées dans l’armée appelées “Wazalendo”, plus de 2000 mercenaires européens engagés par la RDC depuis 2022, l’armée burundaise et les Forces de la SADC composées par la Tanzanie, le Malawi et l’Afrique du Sud.
Dans une note datée du 18 février, le Rwanda s’est dit profondément préoccupé par l’indifférence de la communauté internationale devant le renforcement militaire considérable de la RDC.
Dans cette note, le Rwanda accuse la RDC d’avoir lancé des opérations de combat massives au Nord-Kivu qui visent clairement à expulser le M23 et les civils Tutsi congolais vers les pays voisins, travaillant de concert avec les FDLR.
Dès leur arrivée dans l’est du Congo en juillet 1994, les FDLR ont commencé à répandre leur idéologie de haine dans toute la région, et de nombreuses zones des provinces du Nord et du Sud-Kivu sont devenues inhabitables pour les Tutsi congolais.
Aujourd’hui, depuis leurs bases, les FDLR ont transmis leur vision du monde à une nouvelle génération. S’appuyant sur les tensions ethniques locales, endogènes et liées à une compétition territoriale, ils ont inculqué aux Congolais l’idée hamitique, c’est à dire l’idée d’un conflit régional entre peuples bantous (dans lequel ils classent les Hutu et d’autres tribus congolaises) et nilotiques (Tutsi, Banyamulenge et Hema).
A ce jour, les FDLR rêvent toujours de reconquérir le Rwanda, où ils comptent réinstaurer un régime d’apartheid semblable à celui qui existait avant 1994 et parachever le génocide qu’ils avaient commis contre la composante Tutsi du Rwanda.
Les FDLR entretiennent et propagent une idéologie de haine anti-Tutsi en RDC après que ses principaux éléments aient participé au génocide de 1994 contre les Tutsi, tuant plsu d’un million de personnes au Rwanda.
En fonction de leurs besoins, les régimes congolais successifs ont parrainé la milice génocidaire. En juillet 1994, le Président Mobutu les avait accueillis à bras ouverts et les avait surarmés durant la première guerre.
En 1998, c’est le président Laurent Désiré Kabila qui, après avoir tourné le dos à ses alliés rwandais et ougandais, eut recours à eux et mobilisa plus de 20 000 combattants qu’il intégra dans l’armée nationale.
Aujourd’hui encore, les FDLR sont pleinement intégrées dans les forces armées congolaises (FARDC) comme l’a démontré, à maintes reprises, le groupe d’experts des Nations Unies.
La Mission de l’ONU en RDC “Monusco” collabore ouvertement avec les FARDC(Forces Armées de la RDC) qui ont intégré les forces négatives susmentionnées, y compris le groupe génocidaire FDLR, et qui ont engagé des mercenaires européens en dépit de la Convention de l’OUA du 3 juillet 1977 pour l’élimination du mercenariat en Afrique.
L’indifférence de la MONUSCO à l’égard de la vie des Congolais, – en particulier des membres de la minorité Tutsi, Banyamulenge et Hema, – qui sont pris pour cible depuis plus de trois décennies, y compris dans le cadre de la campagne anti-M23 en cours, a ainsi créé un paroxysme d’insécurité dans le pays et dans la région des Grands Lacs.
L’indifférence de la MONUSCO à l’égard de la vie des Tutsi est illustrée par le récent lynchage du lieutenant Gisore Kabongo Patrick, un soldat tutsi des FARDC, qui a eu lieu en plein jour dans les rues de Goma, où la mission de maintien de la paix de la MONUSCO est stationnée.
Le jeune Tutsi, père de neuf enfants, a été lapidé et brûlé vif par une foule de personnes, dont des enfants, qui le traitaient de “Rwandais”.
Ce récent crime de haine illustre la persécution systémique de longue date de la minorité Tutsi congolaise en RDC qui est à la base du conflit et de l’instabilité dans la région des Grands Lacs. (Fin)