Des représentants des réfugiés congolais issus des communautés rwandophones dans une ambassade à Kigali, le 23 janvier 2023
Les représentants de plus de 70. 000 réfugiés congolais qui vivent au Rwanda ont soumis lundi 23 janvier une pétition à différentes ambassades à Kigali, appelant la communauté internationale à aider à mettre fin aux tueries et à la persécution visant la communauté Tutsi dans l’Est du Congo.
Selon le Collectif SOS Médias Burundi qui a réalisé ce dossier, ce sont essentiellement des Congolais de l’ethnie tutsi, originaires des provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu. Ils affirment qu’ils veulent prendre à témoin la communauté internationale sur l’insécurité en RDC.
Ils exigent également un rapatriement pacifique dans leur pays. Ces réfugiés, dont certains viennent de passer plus de 25 ans dans des camps, disent qu’ils risquent d’être « apatrides ».
Ces Congolais ont déposé leur pétition auprès des ambassades de France, de Belgique, du Royaume-Uni et de l’Ouganda à Kigali. Ils comptent saisir d’autres ambassades, a-t-on appris.
La pétition intervient plus d’un mois après l’organisation de manifestations pacifiques contre la violence ethnique, ce qu’ils qualifient de génocide, dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu à l’Est de la RDC.
Cela fait également suite à une autre pétition de la communauté des réfugiés congolais au Kenya qui a été soumise la semaine dernière aux délégations des Nations-Unies, de l’Union européenne, de l’Union africaine, de la Communauté de l’Afrique de l’Est et des ambassades des États-Unis, de France, entre autres à Nairobi.
« La situation dans l’Est de la RDC continue de s’aggraver au vu et au su de tous ces pays qui viennent de recevoir nos pétitions », a déclaré à la presse, John Nsengiyera, l’un des réfugiés qui vit dans le camp de Kigeme, dans le district de Nyamage, au Sud du Rwanda.
« Alors même que nous parlons aujourd’hui, nos frères et sœurs qui sont restés en RDC sont tués et de plus en plus de réfugiés arrivent au Rwanda. La seule raison de leur persécution est le fait qu’ils sont Tutsi », a ajouté Nsengiyera.
“Nous appelons la communauté internationale à réagir aux doléances des Tutsis congolais, en particulier sur la question en rapport avec le refus de citoyenneté, la protection des Congolais parlant le Kinyarwanda contre la stigmatisation. Nous plaidons aussi pour le rapatriement urgent des réfugiés congolais vivant dans la région », a-t-il dit.
« Il y a plus de 450 ethnies au Congo. Mais on ne comprend pas pourquoi un seul groupe, celui des Tutsi, est la cible de meurtres génocidaires, de harcèlement sexuel avec la complicité des forces gouvernementales », a déclaré Bosco Maniragaba, un représentant des réfugiés congolais du camp de Nyabiheke dans le district de Gatsibo.
La pétition appelle également au démantèlement des groupes armés négatifs, en particulier la milice génocidaire des FDLR, formée par des anciens auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda et leurs descendants.
« Les FDLR sont venus du Rwanda, mais ils nous ont chassés de notre terre ancestrale », s’indignent les représentants des communautés rwandophones congolaises réfugiées au Rwanda.
Selon les représentants des réfugiés congolais d’origine Tutsi basés dans la région « le retour à la paix dans l’Est du Congo est conditionné par notre rapatriement ».
« Nos enfants qui sont nés en exil il y a 27 ans continueront d’exiger leur droit d’avoir un pays, la nationalité », insistent-ils tout en niant l’influence de Kigali dans leur démarche.
Les relations entre les deux pays des Grands-Lacs d’Afrique ne cessent de se détériorer depuis la résurgence du mouvement du 23 mars, le M23.
L’ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021 reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté ses engagements sur la réinsertion de ses combattants est composée de Tutsis congolais et le retour des réfugiés.
Le M23 se bat principalement pour le retour dans leur pays de leurs proches qui croupissent dans des camps de réfugiés au Rwanda, en Ouganda et ailleurs dans la région depuis près de 20 ans. Ils ont fui le nettoyage ethnique dont la minorité tutsi est victime en RDC.
Les autorités congolaises restent persuadées qu’elle bénéficie du soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main. (Fin)