
Dans les camps de Mulongwe et Lusenda, au Sud-Kivu dans l’est du Congo, des milliers de réfugiés burundais tutsis vivent sous la menace constante. Discriminations, violences, privations : ils accusent les groupes armés et les autorités congolaises de les abandonner à un climat de haine, semblable à celui que subissent les Banyamulenge dans les Hauts Plateaux.
Accusés à tort d’être liés aux groupes armés comme le M23 ou Red-Tabara, ces réfugiés racontent vivre dans la peur. Contrairement à d’autres réfugiés – notamment hutus – ils affirment ne plus avoir accès aux marchés, aux champs ou même à la pêche.
« Quand nous allons aux champs, les Wazalendo ( membres de milices locales entretenues par les autorités congolaises) nous attaquent, nous insultent et nous traitent de Rwandais ou de rebelles. Nous restons enfermés », témoigne un réfugié du camp de Mulongwe.
Selon le Collectif SOS Médias Burundi qui a réalisé ce dossier, cette stigmatisation ethnique les isole davantage dans un contexte sécuritaire déjà extrêmement tendu.
L’aide humanitaire absente, les inégalités flagrantes
Depuis cinq mois, aucune aide alimentaire n’a été distribuée. Alors que certains réfugiés parviennent à survivre en travaillant à l’extérieur, les Tutsis, eux, sont visés. À Katanga, un jeune réfugié tutsi a été arrêté et torturé pour avoir circulé sans permis. Il n’a été libéré qu’après l’intervention de membres de sa communauté.
Pendant ce temps, d’autres réfugiés poursuivent leurs activités sans être inquiétés, certains affirmant être « protégés » par les Wazalendo.
L’indifférence des autorités congolaises
La présence des troupes burundaises à Baraka et Mushimbaki ne semble pas améliorer la situation. Les exactions dénoncées – agressions, enlèvements, meurtres – restent sans réponse des autorités congolaises. La Commission nationale pour les réfugiés (CNR), les FARDC (Forces Armées de la République démocratique du Congo), la police et les responsables locaux gardent le silence.
Une haine ancienne qui vise aussi les Banyamulenge
La stigmatisation des Tutsis en RDC n’est pas nouvelle. Depuis des années, les Banyamulenge, communauté congolaise d’origine tutsie, sont la cible de violences dans les Hauts Plateaux. Leurs villages sont attaqués, leur bétail volé, leurs leaders tués. Le discours les assimilant à des « étrangers rwandais » renforce leur marginalisation, malgré leur citoyenneté congolaise.
Des rapports font état de crimes pouvant relever d’une tentative d’épuration ethnique. Et pourtant, les autorités restent inactives.
Un appel ignoré
Aujourd’hui, à Mulongwe comme à Lusenda, les réfugiés tutsis burundais lancent un appel pressant à la protection. Mais ce cri reste sans écho. Ils vivent dans la peur, oubliés de tous.
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), la République démocratique du Congo abrite environ 47.000 réfugiés burundais, principalement dans les camps de Lusenda et Mulongwe, au Sud-Kivu. (Fin)