Les renseignements burundais ont enlevé un ancien réfugié rentré du Rwanda

Une partie de la réserve naturelle de la Ruvubu, côté Muyinga où les renseignements sont soupçonnés d’enterrer les corps de victimes de la région.  Photo : SOS Médias Burundi 

Karangwa, la quarantaine, est introuvable depuis le 20 septembre dernier. Il a été enlevé chez lui dans la localité de Kijumbura en commune de Giteranyi dans la province de Muyinga ( nord-est du Burundi). 

Les Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD) qui l’ont kidnappé, l’ont remis au représentant du Service national des renseignements ( SNR) dans la province.

D’après le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, le concerné est un ancien réfugié du camp de Mahama au Rwanda. Il y a un peu plus de deux ans qu’il était revenu au Burundi. 

Le soir du 20 septembre, disent des témoins, des Imbonerakure de la localité de Kijumbura en zone de Masaka l’ont intercepté vers 19h 30 alors qu’il rentrait à la maison.

« Ils l’ont vite remis à Wilson Nzisabira », disent-ils. Wilson Nzisabira est le responsable du SNR en province de Muyinga. Il est souvent cité dans des exactions commises contre les membres des partis politiques d’opposition et les supposés opposants. Ce dernier s’était déplacé à Giteranyi à bord d’un véhicule aux vitres teintées qu’il a utilisé pour transporter l’ancien réfugié.

Le véhicule a pris la direction du chef-lieu de province, selon des témoins de la scène d’enlèvement. Depuis, sa famille dit l’avoir cherché dans tous les cachots officiels, en vain.

Des habitants disent qu’ils ignorent jusqu’à présent le motif de son enlèvement. Mais selon un proche de M. Karangwa, il lui est reproché d’être en contact avec des Burundais qui sont restés en exil au Rwanda.

« Les Imbonerakure et les autorités ici ont toujours soupçonné Karangwa d’avoir gardé des liens avec les Burundais qui sont restés au Rwanda. Seulement on n’imaginait pas que ces soupçons conduiraient un jour à son kidnapping », déplore un membre de sa famille.

Karangwa ne milite pour aucun parti politique, selon les sources contactées par SOS Médias Burundi.

Les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD de Kijumbura l’auraient approché à maintes reprises pour le recruter, en vain. Des proches pensent que c’est aussi l’une des raisons qui ont conduit à son enlèvement.

Sa famille exige sa libération.  «Que l’on nous dise au moins le lieu de sa détention ». Karangwa porte à deux le nombre de personnes kidnappées à Muyinga, en moins d’un mois. 

Dans la nuit du 31 août dernier, un retraité de la Police nationale du Burundi ( PNB) a été enlevé par des hommes armés en tenue de la police burundaise dans le chef-lieu de province. Gratien Macumi reste introuvable. (Fin)

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