Dr Alexis Ndakize, détenu par les renseignements militaires congolais
Dr Alexis Ndakize est détenu dans le cachot des renseignements militaires à Uvira (province du Sud-Kivu à l’est de la RDC) depuis dimanche 25 août 2024.
Ce médecin Munyamulenge est poursuivi pour avoir transporté des médicaments vers les villages habités pour la plupart par les membres de la communauté Banyamulenge. Certaines sources locales parlent de « complot ».
Le docteur Alexis Ndakize est directeur de l’hôpital Nyakirango dans le groupement de Bijombo sur le territoire d’Uvira en province du Sud-Kivu (est de la République démocratique du Congo). Il a été interpellé dimanche dernier par les renseignements militaires.
D’après le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, des témoins indiquent qu’il a été appréhendé au niveau du poste de contrôle de Kijaga.
« Il a été injustement accusé de ravitailler les rebelles de Gumino et Twirwaneho alors qu’il transportait des médicaments pour les malades. Il avait sur lui des médicaments pour femmes, des médicaments pour enfants et des vaccins », disent des habitants qui étaient sur le lieu de son interpellation et qui ont vu les produits que ce docteur déplaçait.
Twirwaneho et Gumino sont des groupes armés composés par les membres de la communauté Banyamulenge, – des Tutsi congolais de la province du Sud-Kivu, dans l’est de la RD Congo.
Discrimination
Des habitants parlent de discrimination.
« Nous avons un problème de discrimination. Ils veulent que nos femmes soient mortes pendant l’accouchement. Quitter Nyakirango vers Uvira ça fait 60 km à pieds, qui va sauver nos femmes en cas d’urgence ?», se désole un habitant de Nyakirango.
Les Banyamulenge disent être malmenés depuis un certain temps.
« Sur les barrières des militaires congolais, nous payons plus 25000 francs congolais et cela concerne les Banyamulenge seulement. Les autres tribus ne sont pas malmenées », accusent des hommes de la communauté Banyamulenge qui se rendent souvent à Uvira en provenance de différents villages des territoires de Fizi et Uvira surtout.
Selon des sources que SOS Médias Burundi n’a pas pu vérifier, Dr Alexis Ndakize a été arrêté après avoir été dénoncé par des médecins de la tribu Bafulero de la zone de santé de Katanga « qui ne veulent pas voir des médecins Banyamulenge dans la région ».
En 2023, Dr Merci Kimararungu qui prestait également à l’hôpital Nyakirango a été tué alors qu’il quittait Uvira pour Bijombo.
Cette structure sanitaire est soutenue par l’église Zion Temple à travers la division provinciale de la santé du Sud-Kivu. Le fondateur de la dénomination est un membre de la communauté Banyamulenge originaire de Minembwe dans le Sud-Kivu.
Plusieurs hommes issus de la communauté Banyamulenge sont détenus dans différentes prisons du pays dont celle de Makala dans la capitale Kinshasa, soupçonnés de soutenir notamment le groupe armé Twirwaneho.
Récemment en marge de la commémoration du 20ème anniversaire des massacres de Gatumba dans l’ouest du Burundi qui ont emporté la vie de plus de 160 réfugiés congolais Banyamulenge, Azarias Ruberwa, ancien vice-président du Congo (2003-2006), a rappelé à Phoenix dans l’Etat de l’Arizona dans le sud-ouest des États-Unis que « les Banyamulenge sont visés par un génocide et une épuration ethnique », citant des rapports des conseillers du secrétaire général des Nations-Unies.
L’ancien vice-président de la RDC a appelé les Banyamulenge à « lutter pour notre survie car le monde n’a pas pitié ».
M. Ruberwa a déploré les emprisonnements illégaux dont sont victimes les membres de la communauté Banyamulenge qui s’accompagnent des fois des morts de prisonniers, rappelant le cas emblématique du Dr Lazare Sebitetereko en détention depuis bientôt 15 mois. Ce recteur de l’université Ebenezer de Minembwe dans le Sud-Kivu n’a jamais été présenté à un juge depuis son arrestation début juillet 2023.
Dans une lettre qu’il a écrite depuis la prison, Dr Sebitetereko a nié les allégations selon lesquelles il a appelé les jeunes de la commune Banyamulenge à « rejoindre le groupe armé Twirwaneho » et fait campagne de « financer ce groupe armé ». (Fin)