Kigali: Le Secrétaire d’État adjoint des Etats-Unis en charge de l’Afrique, Tibor Nagy, s’inquiète de la rapidité avec laquelle le Rwanda a qualifié de «suicide» la mort en prison du chanteur Kizito Mihigo avant même l’autopsie ou l’ouverture d’une enquête.
«Je note avec préoccupation la mort de Kizito Mihigo pendant sa garde à vue et les références au suicide avant qu’une enquête ou une autopsie ne soit ouverte par les autorités rwandaises », a indiqué Tibor Nagy sur le réseau social tweeter.
L’homme d’Etat américain soutient néanmoins l’enquête qui doit permettre de clarifier les circonstances de la mort de Kizito Mihigo ouverte par l’Office Rwandais d’Investigation (Rwanda Investigation Bureau), organe en charge des investigations criminelles.
La réaction du Rwanda ne s’est pas fait attendre. «Lorsqu’un corps est retrouvé allongé dans une rue de New York avec une balle dans la tête, il n’est pas inhabituel que le NYPD [Police du Département de la ville de New York, ndlr] rende une décision préliminaire de meurtre, en attendant une enquête plus approfondie. Même chose pour un détenu enfermé seul dans une cellule rwandaise et retrouvé suspendu à une corde de drap », a réagi Olivier Nduhungirehe, le No 2 de la diplomatie rwandaise.
Chanteur populaire de gospel, Kizito Mihigo est mort dans sa cellule de prison du poste de police de Ramena à Kigali lundi 17 février, soit trois jours après son arrestation dans le district de Nyaruguru, près de la frontière avec le Burundi. Vendredi 14 février 2020, le RIB a confirmé que Kizito Mihigo était soupçonné d’avoir voulu traverser illégalement la frontière burundaise pour rejoindre des groupes rebelles.
En attendant les résultats de l’enquête sur les circonstances de la mort du célèbre chanteur gospel promises par la police, cette dernière a d’ores et déjà indiqué que le musicien s’est suicidé avec « des draps de lit ».
Les principales organisations internationales de défense des droits de l’homme rejettent la thèse du suicide avancée par la Police et réclament une enquête exhaustive, indépendante et transparente sur la mort en détention de l’artiste.
Human Rights Watch demande aux partenaires internationaux du Rwanda de demander des comptes sur la mort de Mihigo avant et pendant la réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth prévue à Kigali en juin 2020. (Fin)