Madame Mame Safietou
By André Gakwaya
Kigali: Madame Mame Safietou (M.S.) est un Expert de la Banque Mondiale en Afrique de l’Ouest à Dakar en matière de développement social, et elle a participé dans ces jours à Kigali au Forum sur la Diversité et l’Inclusion. Elle donne son avis sur le thème. Lire son interview à ARI recueillie par André Gakwaya.
ARI – Comment voyez-vous l’inclusion et la diversité au Sud du Sahara ?
M.S. – Je m’appelle Safietou, je suis sénégalaise de nationalité. Depuis deux ans je travaille à la Banque Mondiale comme expert principal en développement social. Avec mes fonctions, j’ai l’opportunité de travailler avec les populations dans le cadre de déplacements de populations. Aujourd’hui, la prise en compte de la diversité, de l’inclusion, au niveau de la Banque Mondiale dans les pays africains constitue une étape très importante dans la mesure où nous rencontrons dans les différents projets des groupes vulnérables qui sont considérés d’office comme exclus au niveau de leurs pays, n’ayant aucune voix. Aujourd’hui, dans le cadre des projets, nous avons un projet de prise en compte de la vulnérabilité et de l’accompagnement de ces groupes vulnérables. Donc, il est imposé dans le cadre de chaque projet dès le début qu’on puisse faire tout pour identifier qui sont ces groupes vulnérables et comment faire pour les accompagner. Et dans l’identification de ces groupes vulnérables, nous nous rendons compte que la notion d’exclusion aujourd’hui mériterait d’être revue pour une meilleure prise en charge de ces groupes. D’où aujourd’hui la problématique de la diversité et de l’inclusion. En parlant de diversité, il y a la diversité culturelle, la diversité du genre, la diversité religieuse et la diversité des points de vue et autres. Comment faire, c’est dire créer un espace d’inclusion pour que ces gens qui se sentent exclus compte tenu de leur catégorie de genre, la femme particulièrement, parce que la femme, je suis expert en genre, on se rend compte que ces femmes surtout dans les pays d’Afrique, elles sont limitées au domestique, donc d’office exclues. Nous avons également des personnes handicapées, surtout quand tu es une femme et en plus handicapée, donc il y a une double exclusion.
ARI – Votre expérience au Sénégal…
M.S.-Au Sénégal aujourd’hui, la question de l’inclusion : il y a beaucoup de femmes analphabètes, elles vivent au village dans un ménage polygamique, ont des coépouses, elles ont des difficultés de pouvoir concilier vie professionnelle et vie familiale. Cette problématique fait qu’elles se sentent d’office exclues, elles n’ont aucune marge de manœuvre. Donc, elles se sentent dominées dans un ménage où elles n’ont aucune voix. On constate également qu’il y a des évolutions parce qu’il y a des femmes intellectuelles et des organisations de la société civile qui essayent de prendre en charge ces femmes analphabètes pour leur donner des conditions de vie meilleure. Et dans les projets de la Banque Mondiale, le genre constitue une des préoccupations majeures qui fait que dans tous nos projets, nous prenons en compte la vulnérabilité des femmes, d’où la prise en compte du genre, la violence basée sur le genre, c’est-à-dire des femmes qui subissent les violences, les filles également qui subissent des abus sexuelles. Il y a également la question des personnes handicapées. Au-delà de tout cela, il y a également les personnes de couleur, les albinos et autres qui subissent également de la discrimination. Donc, aujourd’hui, il est plus que temps de mettre en place un système qui permette une meilleure inclusion, qui permette de comprendre que la diversité constitue une richesse. Moi, par ma diversité culturelle, ethnique, ma diversité de langue, ma diversité de sexe en tant qu’une femme, je dois me comporter et avoir de bonnes relations avec un homme. Je sais également accepter la différence sexuelle d’une autre personne. Je sais accepter également la femme qui est voilée. Pour moi aujourd’hui et dans ce que nous véhiculons au niveau de la Banque Mondiale, c’est de considérer l’être humain dans sa globalité en tant que richesse et voir comment promouvoir, utiliser cette richesse de diversité, d’origine culturelle, ethnique, sexuelle pour au moins promouvoir aujourd’hui ce qu’on appelle la richesse culturelle. (Fin)