Des enfants déplacés à Roe, un site temporaire pour personnes déplacées dans la province de l’Ituri, en RDC. Photo ONU/Eskinder Debebe
La violence contre les enfants dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a atteint des « niveaux sans précédent », a alerté vendredi l’UNICEF, relevant qu’il n’y a guère d’endroit pire, si tant est qu’il y en ait, pour être un enfant.
Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), ce pays des Grands Lacs compte le plus grand nombre de violations graves contre les enfants dans les conflits armés, vérifiées par les Nations Unies.
« Chaque jour, des enfants sont violés et tués. Ils sont enlevés, recrutés et utilisés par des groupes armés – et nous savons que les rapports dont nous disposons ne sont que la partie émergée de l’iceberg », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Grant Leaity, Représentant de l’UNICEF en RDC.
Au cours des trois premiers mois de 2023, dans le seul Nord-Kivu, plus de 38.000 cas de violence sexuelle et sexiste ont été signalés. Cela représente une augmentation de 37% par rapport à la même période en 2022.
En d’autres termes, en un an seulement, 10.000 cas supplémentaires de violence sexuelle et sexiste ont été signalés. « Ce sont les cas signalés. Et ce, rien que dans le Nord-Kivu », a ajouté M. Leaity.
Des jumeaux d’un an attachés à une ceinture d’explosifs
Il a indiqué avoir récemment visité un centre au Nord-Kivu pour les enfants libérés des groupes armés où il a vu des jumeaux âgés d’un an. « Ils avaient été trouvés abandonnés dans leur village, désespérément mal nourris… Et attachés à une ceinture d’explosifs », a détaillé le Représentant de l’UNICEF, relevant que « l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés n’est qu’une des nombreuses tendances récentes à la dépravation ».
Outre les niveaux de » violence sans précédent », la vie des enfants de l’est de la RDC est menacée par les épidémies et la malnutrition. Environ 1,2 million d’enfants de moins de cinq ans dans l’est du pays sont confrontés au risque de malnutrition aiguë.
Dans ce contexte, les épidémies se multiplient. Ce pays d’Afrique centrale a connu sa pire épidémie de choléra en plus de cinq ans. De plus, la rougeole est en augmentation, avec plus de 780.000 cas en août.
Comme pour aggraver une situation humanitaire déjà préoccupante, la RDC fait face à la pire crise de déplacement en Afrique et l’une des pires au monde, avec plus de 6,3 millions de personnes déplacées à travers le pays. Plus de 1,5 million de personnes, dont plus de 800.000 enfants, sont déplacées dans les seules provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri depuis janvier 2023.
Dans ces conditions, plus de 2,8 millions d’enfants subissent de plein fouet les conséquences de la crise dans l’est du pays. « Je suis ici aujourd’hui pour, je l’espère, tirer la sonnette d’alarme. Alors que le monde détourne le regard, nous laissons tomber les enfants de la RDC », a insisté M. Leaity.
Appel de fonds sous-financé
En attendant, les organismes humanitaires tentent de répondre aux besoins des populations vulnérables. Depuis le début de l’année, l’UNICEF a ainsi aidé à libérer plus de 500 enfants des groupes armés et à se réadapter à la vie quotidienne.
Plus de 30.000 enfants et leurs familles ont également obtenu des conseils en matière de santé mentale. Des soins hospitaliers ont été fournis à de milliers d’enfants souffrant de malnutrition. « Et nous avons aidé plus de 800.000 personnes à obtenir suffisamment d’eau propre pour la boisson et les besoins domestiques. Mais il s’agit toujours de soins palliatifs », a souligné le Représentant de l’UNICEF.
Mais pour renforcer son action humanitaire dans l’est de la RDC, l’agence onusienne a besoin de 400 millions de dollars américain. D’autant que cet appel n’a reçu que 1% de financement supplémentaire depuis l’annonce de l’intensification de l’aide d’urgence en juin de cette année.
« Nous avons désespérément besoin de fonds supplémentaires », a fait valoir M. Leaity, exhortant « le gouvernement congolais et la communauté internationale à travailler ensemble pour trouver une solution pacifique à cette crise – une solution qui permettrait à des millions de familles déplacées dans l’est de la RDC de rentrer chez elles ». (Fin)