Hissène Habré n’est plus
L’ancien président tchadien Hissène Habré, condamné pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, est mort ce mardi 24 août au Sénégal à l’âge de 79 ans.
Cette annonce a été faite par le ministre sénégalais de la Justice Malick Sall. «Habré a été remis entre les mains de son Seigneur», a ainsi déclaré l’homme d’Etat sénégalais sur la chaîne TFM.
« Nous devons tous être fiers de la façon dont nous avons accueilli Habré. Malgré les pressions internationales, le Sénégal a tenu bon (…) Tout ce qu’on peut faire, c’est prier pour le repos de l’âme de Habré », a ajouté le ministre sénégalais de la Justice.
Hissène Habré avait dirigé le Tchad d’une main de fer de 1982 à 1990 à la suite d’un putsch contre son prédécesseur Goukouni Oueddei. Il a lui-même été renversé par un coup d’Etat en 1990 qui avait permis à Idriss Déby, décédé en avril dernier, de prendre la présidence du Tchad.
Hissène Habré s’était alors réfugié au Sénégal. Il avait par la suite été condamné en 2016 à la prison à vie, notamment pour avoir ordonné le meurtre et la torture de milliers d’opposants politiques au cours de ses huit années de pouvoir.
L’ancien dictateur tchadien avait été condamné à l’issue d’un procès inédit à Dakar – par les Chambres africaines extraordinaires, créées en vertu d’un accord entre l’Union africaine et le Sénégal.
Une commission d’enquête tchadienne a ainsi estimé à 40.000 le nombre d’assassinats politiques perpétrés par le régime de Hissène Habré. Ce dernier avait commis ces exactions par le truchement de sa police politique, la redoutable DDS, la direction de la documentation et de la sécurité.
“Hissène Habré restera dans l’Histoire comme l’un des dictateurs les plus impitoyables au monde, un homme qui a massacré son propre peuple, incendié des villages entiers, réduit des femmes en esclaves sexuelles pour ses troupes et construit des cachots clandestins destinés à des tortures médiévales pour ses ennemis”, a déclaré Reed Brody, membre du Comité international de justice qui assiste les victimes du régime Habré depuis 1999 et responsable à la Commission internationale de juristes.
Emprisonné et malade, Hissène Habré a été conduit il y a environ une semaine dans une clinique de Dakar avant d’être transféré dans le principal hôpital de la capitale sénégalaise. Hissène Habré aurait succombé au coronavirus à l’hôpital principal de Dakar, selon le consulat du Tchad. (Fin)