By RNA Reporter;
Kigali: L’héritage des 60 journalistes rwandais tués pendant le Génocide des Tutsi demeurera intact et continuera de servir de modèle de courage pour les autres professionnels des médias, selon le Ministre de l’Administration Locale, le Prof. Anastase Shyaka.
«Les journalistes ont soutenu les politiciens à parachever le projet de Génocide des Tutsi du Rwanda. L’on est en face d’un Génocide populaire réussi parce que les formulateurs des opinions y ont participé. Aujourd’hui nous célébrons la mémoire des journalistes qui ont refusé de répandre l’idéologie de la haine et de la division. Raison pour laquelle ils ont été malheureusement tués », a-t-il indiqué.
Puis il a cité des médias qui en 1994, maintenaient toujours la ligne de préservation des valeurs de cohésion sociale et d’unité des Rwandais. Ces meédias sont : Radio Muhabura, les journaux Rushyashya, Kanguka, le Soleil, le Flambeau, le Tribun du Peuple, Kiberinka, etc.
Le Ministre Syaka a tenu ces propos en clôturant la cérémonie de commémoration en l’honneur des 60 journalistes tués pendant le Génocide et qui a été organisée au camp Kigali.
Auparavant, dans la soirée, les participants à cet événement se sont réunis à l’actuel site «car free zone», a côté de la Banque de Kigali. Ce choix est symbolique. Car, c’est devant ce site que se trouvait l’ancien bureau du président Habyarimana, le très sinistre service de renseignement du fameux capitaine Simbikangwa, cruel bureau qui torturait et assassinait des Tutsi. C’est aussi devant ce même site que se dressaient le bureau et l’antenne de la Radiotélévision des milles collines (RTLM), véritable outil funeste du Génocide. Les participants ont ainsi effectué une marche de 1,6 Km jusqu’au camp Kigali où un panel sur le rôle des médias dans le Génocide a été suivi.
Pour le journaliste écrivain François du Paquier, auteur de l’ouvrage “Les médias de la haine», rédigé en collaboration avec les chercheurs Jean-Pierre Chrétien et Marcel Kabanda, les médias doivent demeurer respectueux de l’unité et de la cohésion sociale de la communauté.
«Après la publication des dix commandements des Bahutu au Rwanda, j’ai interviewé le président Habyarimana de passage à Paris. Je lui ai fait remarquer qu’une personne qui oserait publier ces dix commandements des Bahutu en Europe devrait écoper immédiatement une peine de prison. Et le président de rétorquer :«Une telle publication an Rwanda signifie maintenant liberté d’expression ».
Le constat est qu’à cette époque au Rwanda, le pouvoir avait planifié et exécutait un ignoble projet d’extermination collective des Tutsi. Rien ne semblait arrêter un tel funeste projet de génocide. La réalité actuelle montre que le service des médias peut se tenir debout et s’autoréguler.
«Une étude réalisée sur les quatre dernières années révèle que 88 % des Rwandais affirment qu’ils sont satisfaits du bon travail effectué par les médias du Rwanda. Les professionnels des médias servent ainsi mieux la population. Cependant, nous reconnaissons qu’il y a toujours des défis à relevé. Les divers partenaires peuvent tenir ferme et réaliser des réformes nécessaires supplémentaires afin d’assainir encore mieux le travail des médias», a poursuivi le Ministre Shyaka.
Il a promis que le Gouvernement rwandais apportera toujours son appui pour que les médias rwandais soient dotés de capacités nécessaires pour participer au développement collectif et inclusif des Rwandais.
«Le journaliste ne travaille pas de façon isolée surtout quand il couvre des événements en temps de conflit armé comme au Rwanda dans les années 1990. Le journaliste ne diffuse pas n’importe quoi. Il fait partie d’une société dont il doit préserver la vie et la sécurité. Il travaille en équipe dans une salle de rédaction. Il doit trier l’information qu’il livre au public. Son esprit critique et responsable contribue à éviter des dérapages et des excès», a noté Christophe Mfizi qui était directeur de la Radio Rwanda en pleine guerre.
Mfizi ajoute que le génocidaire détruit les valeurs qui sont les principes qui limitent les dégâts. L’éducation reçue et l’humanité qui nous habitent nous orientent vers un choix judicieux de ce qui est bénéfique pour la communauté.
Pour ce qui est des « fake news » ou fausses informations, brumeuses, souvent publiées pour discréditer, le journaliste Phil Queen de Nouvelle Zélande estime qu’il faut les réduire. Certains pays tentent même de les contrôler pour éviter des dérapages dans la société.
Pour ce qui est des blogueurs en kinyarwanda, le contenu n’a jamais été aussi valable qu’aujourd’hui. Ce qui est différent de 1994 où l’on avait une situation atypique de convergence des divers acteurs dont des créateurs d’opinions, des politiciens et des divers exécutants, tous orientés vers la perpétration du Génocide.
«Pourtant le contenu d’un bon journalisme doit tenir compte de nitre histoire, éviter des dérapages», ajoute une autre paneliste Jeanine. (Fin)