Kigali: La deuxième édition de l’Indice d’intégration régionale en Afrique (ARII 2019) a été lancée hier par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), la Banque africaine de développement et la Commission de l’Union africaine (CUA), avec un appel à l’action pour les pays africains d’approfondir leur intégration.
L’Indice 2019, qui s’appuie sur la première édition publiée en 2016, fournit des données actualisées sur l’état et les progrès de l’intégration régionale en Afrique. Il permet également d’évaluer le niveau d’intégration de chaque Communauté économique régionale (CER) et de leurs pays membres.
Le rapport constate que davantage doit être fait pour intégrer les économies régionales afin de les rendre plus résistantes aux chocs tels que la pandémie actuelle de COVID-19. Dans l’ensemble, l’Indice montre que les niveaux d’intégration sur le continent sont relativement faibles avec un score moyen de 0,327 sur 1.
« Alors que l’édition de l’Indice que nous publions aujourd’hui contient des points de coupure en 2019, la pandémie actuelle de COVID-19 a rouvert la question de savoir si suffisamment d’efforts sont faits pour faire avancer l’intégration régionale comme un moyen d’aider l’Afrique à résister à des chocs systématiques tels que celui aujourd’hui », déclare Stephen Karingi, Directeur de la Division de l’intégration régionale, à la CEA.
« Cet indice est à la fois un exercice de mesure et un appel à l’action ; pour construire des économies résilientes grâce à l’intégration », ajoute-t-il. « Il identifiera les solutions nécessaires visant réellement à construire une Afrique intégrée ».
Jean-Denis Gabikini, Directeur par intérim du Département des affaires économiques, de la CUA, salue la collaboration dans la production de l’Indice qui vise à renforcer l’intégration régionale par la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).
M. Gabikini a noté que «les dirigeants africains doivent utiliser l’urgence créée par la pandémie de COVID19 pour accélérer l’intégration régionale, approfondir les marchés financiers locaux et renforcer le secteur privé pour résister aux chocs futurs comme prévu dans l’Accord sur la zone de libre-échange continentale africaine».
Ainsi, le rapport ARII complète l’indice africain d’intégration régionale multidimensionnelle, qui a été développé au cours des deux dernières années par la CUA, les CERs, les bureaux nationaux de statistique, les banques centrales africaines et la CUA.
Avec la création des CER et de la ZLECA, l’Afrique renforce l’intégration régionale en tant que priorité de développement majeure pour le continent dans le cadre du Plan d’action sur la Stimulation du commerce intra-africain (BIAT) de 2012.
L’indice classe l’intégration des pays africains au sein de leurs CER respectives et également avec le reste du continent. Il compare cinq dimensions clés à savoir, le commerce, la capacité de production, la politique macroéconomique, les infrastructures et la libre circulation des personnes.
Le Directeur de la Banque africaine de développement pour le développement régional et l’intégration régionale, Moono Mupotola, indique que l’indice est un outil utile visant à faire le suivi des progrès sur le front de l’intégration régionale et aider les pays à identifier les priorités pour améliorer l’intégration.
« Les effets paralysants de la pandémie de COVID-19 illustrent la nécessité d’une production accrue de produits finis et de services africains qui peuvent être facilement échangés à travers le continent », dit Mupotola.
David Luke, Coordinateur du Centre africain pour la politique commerciale (ATPC), à la CEA, souligne que les dimensions productives et infrastructurelle de l’intégration régionale sont étroitement liées. S’attaquer à ces deux dimensions ainsi qu’à la mise en œuvre de la ZLECA stimulerait de façon considérable le commerce, déclare-t-il.
Pour que l’Afrique concrétise ses efforts de longue date d’une intégration économique plus étroite, ARII 2019 a formulé les recommandations suivantes :
– Améliorer les réseaux régionaux de production et de commerce en renforçant les capacités de production, de distribution et de commercialisation des pays ;
– Développer des cadres de chaînes de valeur régionaux innovants dans différents secteurs en utilisant une technologie améliorée, des intrants de meilleure qualité et des techniques de commercialisation actualisées ;
– Mettre pleinement en œuvre la ZLECA pour supprimer les barrières non tarifaires, ce qui reste un défi majeur pour l’intégration régionale ;
– Améliorer les compétences des travailleurs africains pour les adapter à la technologie et aux capacités de production d’aujourd’hui et de demain pour garantir la prospérité dans l’économie mondiale ;
– Améliorer les infrastructures en renforçant les Partenariats public-privé, en puisant dans les ressources nationales et en utilisant les fonds de développement des infrastructures régionales et mondiales et d’autres outils de financement innovants, accompagnés par une concurrence rigoureuse et la transparence dans les processus d’approvisionnement et de construction ; et
– Mettre en œuvre le Protocole sur la libre circulation des personnes, qui renforcera la croissance économique grâce à des opportunités accrues de tourisme, de commerce et d’investissement, de mobilité du capital humain et permettra aux entreprises de trouver plus facilement des compétences, ce qui stimulera aussi la productivité. (Fin)