«L’insuffisance de l’eau ne doit pas être un motif pour ne pas combattre l’absence d’hygiène» -Maire Mutabazi

Bidons attendant l’eau

Bugesera: Il est 16 h de l’après-midi en ce village de Kamabuye, cellule Rweru secteur Gashora, district de Bugesera. Crescence Nyaranzabino, enfant au dos, mère de sept enfants aussi, est debout avec d’autres puiseuses du village. Elle a aligné son bidon comme d’autres à 3 h du matin pour attendre que l’eau du robinet arrive. Mais l’eau ne vient pas depuis deux jours.

« Nous n’avons pas d’eau pour boire ni pour cuire des aliments pour les enfants. On ne se lave pas les mains en cette période de Covid-19. Je suis âgée. Je n’ai pas la force de descendre au lac pour puiser. Car, c’est loin. Il faut que l’Etat trouve une réponse à notre problème », confie Crescence au journaliste en visite sur le site en ce début de saison sèche.

Les soucis de Crescence sont ceux de tour le monde autour de ce puits, hommes et femmes, enfants et vieux. Tous portent des masques pour se protéger contre le Covid-19. Mais ce sont des masques à laver.

Mme Crescence Nyaranzabino

«Quand vous n’avez pas d’eau pour vous laver les mains et le corps, les stratégies de lutte contre la pandémie ne sont pas mises en œuvre. Nous essayons d’utiliser avec parcimonie chaque jerricane d’eau puisée. Nous passons à divers puits pour essayer d’obtenir l’eau. Mais la pénurie est généralisée en cette période d’été », renchérit le vieux Emile Ugirashebuja, 68 ans.

Contacté le lendemain lors d’un point de presse, le Maire de Bugesera, Richard Mutabizi, reconnaît une absence généralisée d’eau dans diverses parties de son district.

« Le district de Bugesera est confronté à l’insuffisance de bonnes routes, d’écoles, de dispensaires et centres de  santé et de diverses infrastructures qui n’ont pas encore couvert toute la zone. Mais à mesure que le budget se disponibise, ces infrastructures sont progressivement mises en place. Au niveau de l’eau, deux projets de Kanyonyomba et Gashora sont entrain d’être exécutés pour fournir de l’eau au district. Cela augmentera la quantité d’eau de 15000 mètres cubes par jour », a répondu le Maire Mutabazi.

Il ajoute : «L’insuffisance d’eau ne doit pas être un motif pour ne pas combattre le manque d’hygiène. Certes, l’absence d’eau est un défi. Mais les gens doivent bouger pour cherche l’eau là où elle est afin de se laver les mains. De même, pour les masques à porter, chaque cellule dispose d’un point de vente pour les masques. Les gens doivent se déplacer pour l’acheter. Les gens doivent comprendre l’importance de porter le masque et son utilité. Dès l’apparition du Covid-19, nous menons une campagne de sensibilisation pour mettre en œuvre les stratégies de lutte qui exigent de changer nos habitudes de se saluer, de se rapprocher, etc. Nous faisons le contrôle pour le respect rigoureux des stratégies de lutte. Nous sanctionnons les contrevenants. Déjà, onze millions Frw ont collectés comme amendes infligées aux contrevenants en trois mois, notamment aux commerçants sans eaux et sinitisers devant leurs magasins ou cabarets vendant encore de la bière. Et nous continuons toujours à sensibiliser pour le respect rigoureux des mesures de lutte contre la pandémie. Les organes de sécurité et les autorités locales, les soldats démobilisés et les populations, tous travaillent jour et jour pour surveiller notre frontière avec le Burundi voisin sur cinq secteurs afin d’empêcher que des cas suspects entrent au Rwanda. Quand ils entrent, nous les soumettons à des tests et des mises en quarantaine. Jusqu’à présent. Le district de Bugesera n’a enregistré aucun cas positif de Covid-19, sauf un cas de quelqu’un qui travaille à Kigali, mais qui habite le district », a encore expliqué le Maire Mutabazi.

Il a informé que le district dispose de deux sites d’isolement des cas suspects à Mayange (Groupe Scolaire de Kamabuye) et à Ruhuha (Lycée Sainte Trinité). L’hôpital de Nyamata s’est doté aussi de quatre chambres pour accueillir des cas aspects. Le district est prêt à créer un 3ème  site de quarantaine en cas de nécessité, toujours selon le maire Mutabazi. (Fin)