De nombreuses familles se sont réfugiées sur le site de Kanyaruchinya pour personnes déplacées dans la province du Nord-Kivu suite aux combats dans l’est de la RDC. © UNICEF/Jospin Benekire
Les Nations Unies ont lancé un appel de fonds de 2,25 milliards de dollars pour l’aide humanitaire en faveur de la République démocratique du Congo (RDC), qui doit faire face à des déplacements massifs de population dans l’Est du pays, suite à une offensive des rebelles du M23 l’année dernière.
Selon l’ONU, la grande majorité des besoins humanitaires ciblés se situe dans quatre provinces orientales du pays, notamment en Ituri, au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et au Kasaï. Mais en règle générale, la stratégie de réponse onusienne continuera à se concentrer cette année sur les conséquences des cinq impacts humanitaires pris en compte dans l’analyse de sévérité intersectorielle : mouvements de population, insécurité alimentaire, malnutrition, épidémies et incidents de protection.
Les fonds sont nécessaires pour venir en aide à plus de 26 millions de Congolais, et leur fournir notamment nourriture, eau, abris et médicaments.
« Au nom des millions de Congolais, hommes, femmes et enfants contraints de vivre dans des conditions difficiles en raison de l’insécurité et de ses conséquences humanitaires, je voudrais remercier les bailleurs des fonds pour leur générosité, et les exhorter à continuer à prêter une attention particulière à ce pays », a déclaré Bruno Lemarquis, le Coordinateur humanitaire de l’ONU en RDC dans une note à la presse.
Plus de 5,8 millions de déplacés internes
Sur le terrain, la situation humanitaire ne s’est guère améliorée, en raison d’une situation sécuritaire – vecteur principal de la crise – qui s’est détériorée avec la résurgence des violences armées à l’Est, alors que de nouvelles crises surgissent dans des zones généralement épargnées par la violence, notamment dans les provinces du Maï-Ndombe et du Kwilu.
Selon l’ONU, la résurgence du M23 l’an dernier a eu des conséquences humanitaires sévères, occasionnant des déplacements de population supplémentaires dans le Nord-Kivu, et des effets indirects sur d’autres provinces du pays, particulièrement en Ituri. Les dernières estimations de l’ONU indiquent que plus 600.000 personnes sont en situation de déplacement dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi, Walikale, Lubero et la ville de Goma, à la suite des affrontements armés depuis mars 2022.
Plus largement, les conflits armés et les violations flagrantes des droits humains, notamment les violences sexuelles et les violations graves à l’encontre des enfants, continuent de pousser des millions de personnes à rechercher la sécurité loin de chez elles. Alors que la RDC héberge actuellement plus de 500.000 réfugiés en provenance des pays voisins, plus de 5,8 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur pays, soit le nombre le plus élevé sur le continent africain.
Un Congolais sur quatre en situation d’insécurité alimentaire aiguë
Dans l’ensemble du pays, plus de 26 millions de personnes- soit un Congolais sur quatre – sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, « malgré l’impressionnant potentiel agricole du pays ». « La malnutrition aiguë touche 6,4 millions de personnes, principalement des enfants de moins de 5 ans », a détaillé M. Lemarquis.
De plus, des épidémies évitables de rougeole, de fièvre jaune, de choléra et de paludisme continuent de faire des ravages considérables. « Chaque heure en RDC, quatre femmes meurent pendant l’accouchement ou des suites d’une grossesse », a-t-il ajouté, relevant que la RDC se classe parmi ceux ayant le taux de mortalité infantile le plus élevé au monde, soit 70 sur 1.000 naissances vivantes.
L’an dernier, l’ONU n’a reçu que 48% de son appel de fonds de 1,88 milliard de dollars, venant ainsi en aide à 5 millions de personnes sur les 8 millions de personnes ciblées. (Fin)