Abdoul Aziz Thioye, Directeur du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme en RDC
Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) s’inquiète du regain de discours et messages incitatifs à la haine, dans un rapport publié ce 1er mars,
Abdoul Aziz Thioye, directeur du BCNUDH et représentant de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme en RDC, souligne que « les discours incitatifs à la haine sont non seulement une infraction à la législation nationale mais sont aussi contraires aux droits de l’homme et constituent une menace réelle à la cohésion nationale, à une paix et une sécurité durables et à la protection des civils dans le pays ».
Le rapport du BCNUDH préconise une implication accrue des acteurs politiques, leaders communautaires, acteurs de la société civile et autorités nationales pour les prévenir et y mettre fin, et formule des recommandations à leur endroit.
Le rapport note que la République démocratique du Congo a connu, depuis les élections présidentielles et législatives de 2018, un regain de discours et messages incitatifs à la haine qui, compte tenu du contexte historique et politique du pays, est préoccupant.
A travers ce rapport, le BCNUDH, dans le cadre de son mandat de promotion et protection des droits de l’homme, attire l’attention des parties prenantes –autorités nationales, organisations de la société civile, partis politiques et organisations internationales présentes en République démocratique du Congo –sur la gravité de la situation et les risques potentiels d’escalade.
En particulier, le rapport appelle entre autres à veiller au respect des dispositions normatives sur les discours et messages incitatifs à la haine tout en garantissant le droit à un procès équitable et le droit à la liberté d’expression, à poursuivre les efforts de lutte contre l’impunité pour des violations et atteintes aux droits de l’homme, ainsi qu’à renforcer le cadre légal et les organes et institutions visant à assurer l’égalité et la non-discrimination.
Entre le 1er mai et le 31 décembre 2020, le BCNUDH a reçu 30 cas probables de discours et messages incitatifs à la haine qui ont été analysées sur la base des six critères établis par le Plan d’action de Rabat du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur l’interdiction de tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence.
Prenant la forme d’attaques tribalistes, sexistes et misogynes, ces messages provenant de personnalités et militants de partis politiques, de leaders communautaires, d’acteurs de la société civile et de membres de la diaspora congolaise ont été diffusés pour la plupart dans le cadre d’activités politiques ou partisanes et des conflits armés.
Ces discours sont non seulement une infraction à la législation nationale mais sont aussi contraires aux droits de l’homme, notamment à l’article 20-2 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Ils constituent une menace réelle à la cohésion nationale, à une paix et une sécurité durables et à la protection des civils en République démocratique du Congo. (Fin)