de g. a d: Dr Morsy, Min Nijimbere, Min Ngabitsinze
L’Afrique se lance dans la mise en œuvre de la Zone de Libre Échange Continentale(ZLECAF/CFTA) tout en gardant à l’esprit l’obligation de renforcer la productivité afin d’assurer une sécurité alimentaire qui demeure cruciale, selon la Ministre burundaise du Commerce, Transport et Tourisme Marie-Chantal Nijimbere.
« Comment augmenter le commerce des produits alimentaires et booster le commerce entre pays ? Cela suppose de mettre en place de bonnes politiques, disponibilser les semences et les intrants, recourir à des technologies agricoles, harmoniser les normes, avoir un transport adapté et moins coûteux pour atteindre les marchés, avoir une plus grande partie de la logistique qui est africaine, acheter le maïs en Zambie et le transporter par d’autres sociétés non africaines rechaussera les coûts et causera des pertes », a-t-elle indiqué.
Elle ajoute que le Burundi s’est lancé dans le renforcement de l’agri-élevage pour avoir des produits à échanger. Le pays a créé des mesures incitatives au niveau des taxes, ainsi qu’une politique de villagisation ou habitats regroupés afin de disponibiliser plus de terres cultivables.
L’autre effort a été le mécanisme de facilitation des PME. Le pays a créé des banques de crédit agricole pour les jeunes, ainsi qu’une banque d’investissement et de développement pour les femmes. Ceci a été fait parce que les agriculteurs représentent plus de 90 % de la main d’œuvre. Le recensement prochain prévu en 2025 fournira des données actualisées sur l’agri-élevage. Le pays a aussi modernisé le port de Bujumbura et a créé un terminal frigorifique à l’aéroport de Bujumbura pour la conservation des produits périssables à exporter.
Le Ministre rwandais du Commerce et de l’Industrie, Dr Jean-Chrysostome Ngabitsinze, commence par rappeler la nécessité de réduire les barrières non tarifaires. « Comment utiliser les terres et ce qu’on cultive de manière judicieuse ? En 2050, l’Afrique aura une population de 2,5 milliards d’habitants à nourrir. Et nous voilà inefficaces pour produire plus. On n’utilise pas correctement les fertilisants. Il est important de repenser à la main-d’œuvre et à sa productivité. Il est impérieux de produire de façon spectaculaire. A savoir que 6 % de notre population peut travailler du matin au soir. Il est important de former et de motiver les jeunes en leur inculquant le savoir-faire technologique. Le constat est un échec car nous n’avons pu motiver nos jeunes », souligne-t-il.
Il ajoute que les fertilisants utilisés dégradent le sol et ne sont pas de qualité. La malnutrition des enfants débouche sur des adultes frappés de crétinisme, et qui ne se développent pas.
Puis le Ministre Ngabitsinze rappelle que son pays est performant sur certains points, en reconnaissant que d’autres points ont subi des chocs. « Le pays s’est lancé dans l’intensification des cultures. Il a pris les marais pour augmenter la production du maïs. Nous recourons à des outils numériques pour nous assurer que toutes les terres cultivables et les intrants ont été utilisés. L’Etat apporte beaucoup de subventions pour les produits de base, notamment les produits pétroliers et les intrants. Il a créé des politiques et une planification pour la transformation de l’agriculture. », a-t-il noté.
Il précise que l’Etat doit soutenir les petits exploitants, les accompagner, les former, créer de bonnes politiques. Et c’est cela qui transforme l’agriculture. Mais aussi il faut alimenter les marchés, les récoltes, les problèmes de post récolte (séchage et conservation), créer de compétences des fermiers. Ce sont des facteurs importants qui influent sur la production. L’on utilisera aussi la mécanisme en innovant à tous les niveaux et en investissant sur la chaîne de valeur. « Le gouvernement doit soutenir les agriculteurs. Et c’est ce qui manque en Afrique. Grâce à la collaboration, on peut réaliser des changements. », poursuit-il.
La Secrétaire exécutive adjointe en charge du programme et Économiste en chef à la Commission économique pour l’Afrique, Dr Mme Hanan Morsy, abonde dans le même sens en exhortant de relever le paysan grâce au recours aux technologies et à l’exploitation des ressources en eau pour l’irrigation. « Il faut s’assurer que les intrants répondent aux normes de qualité et ne détruisent pas notre sol. Nous devons harmoniser les diverses normes, pour accélérer l’intégration régionale. Nous devons utiliser nos propres devises, créer des mécanismes de financement appropriés, réduire les risques, supprimer les pertes liées au changement climatique, avoir des avions pour exporter, avoir des infrastructures de conservation appropriées, créer des entrepôts », a-t-elle dit.
Maintenant, l’on doit reconnaître que l’Afrique compte 1,2 milliards d’habitants dont 68 % de malnutris sont en Afrique Centrale et de l’Est. Il y a risque que ça soit pire si des mesures ne sont pas prises. Les pays les plus touchés par cette insécurité alimentaire en Afrique de l’Est et Centrale sont la Somalie à 93 %, le Tchad à 55 %, la RDC à 41 %, le Cameroun à 40 %, le Burundi à 30 % et l’Ouganda à 19 %.
En matière de sécurité alimentaire, l’on doit considérer la qualité nutritionnelle qui assure une bonne santé. Les piliers de cette santé sont la disponibilité des aliments, leur accès, leur utilité et leur stabilité. Les céréales constituent la base alimentaire du continent. Mais la productivité africaine par rapport à la moyenne mondiale est faible.
En Afrique, on a l’agriculture de subsistance, de consommation. Les ménages n’ont pas les moyens de produire de façon optimale. Ils n’ont pas accès aux meilleures semences plus résilientes aux chocs. Ils dépendent de l’extérieur pour la nourriture. Pour sortir de l’engrenage, il faut de bonnes politiques et opérationnaliser la ZLECAF afin de s’auto-nourrir. (Fin)