L’opposant rwandais Christopher Kayumba a été transféré dans un hôpital après avoir entamé une grève de la faim le lendemain de son incarcération.
Me Ntirenganya Seif Jean Bosco a déclaré que son client a entamé une grève de la faim pour protester contre son arrestation à la suite d’accusations mensongères créées de toutes pièces pour l’empêcher d’exercer ses droits reconnus par la constitution.
Me Ntirenganya Seif Jean Bosco a appris la nouvelle du transfert à l’hôpital du Dr Christopher Kayumba par l’entremise du procureur en charge du dossier de son client. Ce dernier a été admis à l’hôpital du District de Gasabo pour un contrôle médical.
Le Bureau d’Investigation du Rwanda (RIB, Rwanda Investigation Bureau) a arrêté le 09 septembre le Dr Christopher Kayumba, ancien professeur d’université et journaliste devenu politicien qui est récemment sorti de prison, en raison d’accusations d’agression sexuelle.
La nouvelle de l’agression sexuelle présumée est devenue virale sur les réseaux sociaux le 17 mars 2021 lorsqu’un utilisateur de Twitter identifié comme Kamaraba Salva a raconté une histoire de tentative d’agression sexuelle au nom de son amie dont les noms n’ont pas été mentionnés.
Kamaraba Salva a écrit que l’agression sexuelle avait eu lieu il y a quelques années en 2017. Quelques jours plus tard, la journaliste de CNBC Fiona Muthoni Ntarindwa, ancienne étudiante de l’Université du Rwanda, a fait une sortie pour affirmer que son professeur d’alors, le Dr Christopher Kayumba, l’avait agressée et avait tenté de la forcer à avoir une relation sexuelle dans sa maison.
«Il m’a tirée et poussée sur le canapé en essayant de me forcer à coucher avec lui », a raconté l’amie de l’étudiante sur Twitter. Apparemment, la dame a réussi à échapper à l’agression de Kayumba, mais a ajouté c’était « une éternité de torture émotionnelle et psychologique ».
Le Dr Kayumba nie ces allégations. «Ce n’est pas vrai, et cette dame qui a tweeté de telles allégations est payée pour faire de la propagande, rien d’autre ». L’universitaire devenu opposant a déclaré que Fiona Muthoni Ntarindwa est une menteuse qui veut ternir sa réputation.
Le 23 mars 2021, RIB a déclaré avoir convoqué le Dr Christopher Kayumba pour un interrogatoire sur l’affaire d’agression sexuelle déposée début mars. Un jour avant d’annoncer son arrestation, le Dr Kayumba a de nouveau été convoqué au siège du RIB à Kimihurura, District de Gasabo, le 8 septembre 2021 à 11h.
Pour rappel, Christopher Kayumba avait été condamné à un an de prison, suite à des événements survenus en décembre 2019. Il avait été accusé d’avoir causé des troubles à l’aéroport de Kigali. A l’époque, ses proches avaient crié à la campagne de dénigrement.
Après sa libération, il a publié en février 2021 une lettre ouverte adressée au Président rwandais Paul Kagame dans laquelle il critique la gestion de la crise de Covid-19, dénonce des problèmes dans le système judiciaire, fait allusion à des cas de torture et des centres de détention illégaux.
Le Dr Kayumba est fondateur du journal The Chronicles, un media en ligne critique de la politique du gouvernement. Tout juste sorti de prison, l’universitaire spécialiste des médias a choisi de laisser tomber le crayon pour se lancer dans la politique rwandaise. Il annonce la création d’un parti politique dénommé Plateforme Rwandaise pour la Démocratie (RPD, Rwanda Platform for Democracy).
Analyste politique et Professeur à l’Ecole de Journalisme et de Communication de l’Université du Rwanda pendant 15 ans, le Dr Kayumba assure que son parti qui n’est pas encore agréé a pour ambition de créer un Rwanda « plus développé, plus libre et plus démocratique».
Juste après le lancement du nouveau parti politique par l’ancien rédacteur en chef, les Rwandais ont appris que RIB a ouvert une enquête sur les allégations d’une jeune journaliste selon laquelle le Dr Kayumba l’aurait agressée en vue de la violer en 2017. D’aucuns se demandent pourquoi a-t-elle attendu tant d’années, 4 ans, pour accuser son ancien professeur ? Le Dr Kayumba risque 25 ans de prison s’il est reconnu coupable. (Fin)