Vincent Biruta qui dirige la diplomatie rwandaise
Kigali: 176 Rwandais actuellement détenus en Ouganda devraient être libérés dans les prochaines semaines pour apaiser la tension entre les deux pays voisins.
Cette indication a été faite ce vendredi 15 Mai par le chef de la diplomatie rwandaise, Vincent Biruta, dans un point de presse tenu virtuellement à cause des mesures en cours pour lutter contre la pandémie du coronavirus.
Vincent Biruta était flanqué du Professeur Nshuti Manasseh fraichement nommé Secrétaire d’Etat chargé de la Communauté d’Afrique de l’Est en remplacement d’Olivier Nduhungirehe limogé pour avoir ignoré la politique gouvernementale.
Vincent Biruta a dit que le Rwanda, l’Ouganda et leurs facilitateurs ont eu des discussions régulières ces dernières semaines pour évaluer les progrès accomplis depuis le dernier sommet quadripartite des Chefs d’État.
Le dernier et 4ième sommet quadripartite s’était tenu le 21 février à la frontière commune de Gatuna / Katuna entre le Rwanda et l’Ouganda. Il avait réuni les Présidents rwandais Paul Kagame et ougandais Yoweri Museveni, ainsi que les Présidents João Lourenço de l’Angola et Félix Tshisekedi de la RDC qui facilitent les pourparlers.
Le Rwanda a depuis reçu une liste de 176 Rwandais que son Ministère des Affaires étrangères examine et vérifie par rapport à sa base de données. Vincent Biruta a déclaré qu’il était encore trop tôt pour établir le pourcentage que représentaient les 176 par rapport au nombre total de Rwandais détenus en Ouganda. Il a dit que le nombre total n’est pas officiellement connu. Mais il a ajouté que la relaxation annoncée de ces 176 Rwandais qui s’ajoutent à d’autres libérés précédemment est un pas dans la bonne direction.
Dans un avenir proche, les deux pays envisagent également la possibilité de tenir virtuellement une réunion de la Commission ad hoc pour la mise en œuvre du Mémorandum d’accord de Luanda entre l’Ouganda et le Rwanda pour examiner les progrès.
«Nous discutons et explorons les voies et moyens de tenir une vidéoconférence sur la Commission ad hoc et, plus tard, un Sommet des Chefs d’Etat. Mais avant cela, de nombreuses mesures peuvent être prises dans l’esprit du dernier Sommet », a-t-il déclaré.
La commission ad hoc pour la mise en œuvre de ce mémorandum d’entente signé le 21 août 2019 à Luanda en Angola est dirigée des deux côtés par les ministres des affaires étrangères en présence des représentants des médiateurs angolais et congolais.
À la suite du 4ième sommet quadripartite tenu le 21 février à la frontière commune, il avait été convenu que Kampala enquêterait, dans un délai d’un mois, les allégations sur les actions menées depuis son territoire par des forces hostiles au Rwanda et fournirait un rapport.
Si ces allégations sont prouvées, l’Ouganda prendra toutes les mesures pour y mettre fin et empêcher que cela se reproduise. Cette action doit être vérifiée et confirmée par la Commission ministérielle ad hoc pour la mise en œuvre du protocole d’accord de Luanda. Dans 15 jours, le sommet des Chefs d’Etat se réunirait à nouveau au même endroit, dans le but, entre autres, de rendre pleinement opérationnel le poste frontière.
Mais avec l’épidémie du nouveau coronavirus, les deux pays ont concentré leurs efforts pour lutter contre la pandémie et la contenir. Les 30 jours se sont écoulés le 22 mars. Le cinquième sommet quadripartite sur la crise entre le Rwanda et l’Ouganda, initialement prévu pour fin mars de cette année, a été par conséquent reporté à une date ultérieure.
Autrefois alliés mais en froid depuis quelque temps, les deux pays voisins s’accusent mutuellement d’espionnage, d’assassinat politique et d’ingérence. Le Rwanda avait publiquement accusé l’Ouganda d’avoir enlevé des Rwandais et de soutenir des rebelles voulant renverser son gouvernement alors que l’Ouganda assure ne pas soutenir les rebelles hostiles à Kigali. Ses services ont accusé des Rwandais d’Ouganda d’espionnage et certains d’entre eux ont été arrêtés ou expulsés.
Les tensions entre le Rwanda et l’Ouganda ont provoqué la fermeture de la frontière entre les deux pays, un point de passage essentiel au commerce dans la région. Dans la foulée, le Rwanda a brusquement interdit à ses ressortissants de traverser la frontière commune, frontière également fermée aux Ougandais souhaitant exporter au Rwanda. (Fin)