L’universitaire Munyamulenge Dr Sebitetereko libéré après plus d’un an de détention à Kinshasa

L’universitaire Munyamulenge Dr Lazare Sebitetereko a été libéré dans le cadre d’une initiative des autorités congolaises visant à réduire la surpopulation carcérale. Le dimanche 22 septembre et ce lundi, 1685 prisonniers ont été libérés.

Un membre de la famille du Dr Lazare Sebitetereko a confirmé sa libération au Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information. L’universitaire est membre de la communauté Banyamulenge, – des Tutsi congolais de la province du Sud-Kivu – dans l’Est de la RDC.   

Arrêté en juin 2023 par les renseignements militaires congolais avant d’être envoyé à la très surpeuplée prison de Makala dans la capitale Kinshasa, le Dr Lazare Sebitetereko était soupçonné de collaborer avec le groupe armé Twirwaneho composé par des membres de la communauté Banyamulenge dont il est issu et avec le M23, la principale rébellion qui occupe une grande partie de la province du Nord-Kivu dans l’Est du Congo. Dans une lettre qu’il avait écrite depuis la prison en avril dernier, il expliquait qu’il est « prisonnier politique, injustement en détention ».

Plusieurs organisations de défense des droits humains au niveau national, continental et mondial n’ont cessé d’exiger la libération du Dr Sebitereko, parlant d’une nécessité urgente pour rétablir la justice et restaurer la confiance dans la région du Sud-Kivu.

Le Dr Sebitetereko est connu dans cette région surtout à Minembwe pour ses projets de développement non seulement pour sa communauté mais également pour les autres tribus dont les Banyindu, Bafulero et Babembe. Il s’agit notamment de la construction des universités, des hôpitaux sans oublier des projets de l’agriculture et de l’élevage. Jusqu’à son arrestation alors qu’il se rendait au Burundi, il était souvent sollicité dans des séances de réconciliation entre communautés.

Récemment, en marge de la commémoration du 20ème anniversaire du génocide de Gatumba dans l’ouest du Burundi qui ont emporté la vie de plus de 160 réfugiés congolais banyamulenge, Azarias Ruberwa, ancien vice-président du Congo (2003-2006) a rappelé à Phoenix dans l’Etat de l’Arizona dans le sud-ouest des États-Unis que «les Banyamulenge sont visés par un génocide et une épuration ethnique », citant des rapports des conseillers du secrétaire général des Nations-Unies.

Revenant sur l’emprisonnement du Dr Sebitetereko et plusieurs autres membres de la communauté Banyamulenge dont des jeunes gens «arrêtés injustement », l’ancien vice-président de la RDC a appelé les Banyamulenge à «lutter pour notre survie car le monde n’a pas pitié ». M. Ruberwa a déploré les emprisonnements illégaux dont sont victimes les membres de la communauté Banyamulenge qui s’accompagnent des fois des morts de prisonniers, rappelant le cas emblématique du Dr Lazare Sebitetereko.

Recteur de l’Université Ebenezer de Minembwe, l’ancien prisonnier n’avait jamais été présenté à un juge depuis son arrestation, il y a plus d’une année.

Les prisons congolaises sont très surpeuplées. Celle de Makala où Sebitetereko était détenu a une capacité d’accueil de 1500 détenus. Construite en 1957 durant la période coloniale, elle en hébergeait plus de 15.000 fin juillet quand le ministre congolais en charge de la justice Constant Mutamba a lancé l’opération de désengorger les maisons pénitentiaires.

De nombreux détenus dans un état de délabrement physique avancé ont été relâchés. Malgré cette opération, plusieurs organisations indépendantes parlent d’une mesure « moins efficace » du fait que beaucoup d’autres arrestations suivies de détentions sans cesse continuent d’être répertoriées. Le ministre Mutamba a interdit tout transfèrement de détenus non-condamnés vers les prisons de Makala et Ndolo surtout dans la capitale Kinshasa, sauf dérogation spéciale de sa part, pour essayer d’y remédier. 

Selon des représentants de la communauté Banyamulenge, plus de 200 membres de cette communauté sont en détention dans les provinces du Sud-Kivu et Nord-Kivu ainsi que dans la capitale Kinshasa depuis la résurgence du M23. Ils sont soupçonnés de soutenir les rebelles.

Des personnes d’origine ethnique tutsi ou simplement perçues comme tutsi ou rwandaises ont fait l’objet d’hostilité, de viols et de violences de la part de miliciens gouvernementales « Wazalendo » et des forces gouvernementales de la RDC, sous prétexte que ces populations feraient partie du mouvement M23. 

Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021 reprochant au gouvernement congolais de n’avoir pas respecté ses engagements sur la réinsertion de ses combattants. Depuis, les Tutsi du Sud-Kivu «Banyamulenge », ceux du Nord-Kivu et les Hema en Ituri assimilés aux Tutsi sont traqués parce qu’ils sont accusés d’être sympathisants du M23. (Fin)

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