Un ultimatum a été lancé par le commissaire de police au camp de Mahama il y a quelques jours. Les détenteurs des permis de conduire burundais ont jusqu’au 1er octobre pour s’en débarrasser définitivement. La mise en garde ne satisfait pas les réfugiés -conducteurs de moto.
Selon le collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, c’est dans une réunion à laquelle étaient conviés tous les conducteurs de moto au camp de réfugiés de Mahama à l’est du Rwanda que la mesure a été annoncée. Un seul point était à l’ordre du jour : l’interdiction du permis de conduire burundais.
« Vous avez un mois et demie jusqu’au 1er octobre prochain pour circuler avec ce permis de conduire ‘en carton’, dont les données ne sont pas lisibles électroniquement par nos machines », a indiqué le commissaire de police avant de souligner que « des manœuvres dilatoires et frauduleuses que vous utilisez pour avoir ces documents en carton sont déjà connues ».
Ceux qui font le transport public sur moto ont été invités à s’inscrire à la police de roulage au Rwanda pour passer le test et recevoir des permis de conduire biométriques rwandais.
Au camp de Mahama, le transport sur moto entre le centre du district de Kirehe et ce camp fait vivre beaucoup de familles. D’autres relient Kirehe et la frontière tanzanienne de Rusumo située à près de 30 km.
« Pas moins de 100 motos rentrent chaque soir ici au camp. Beaucoup de gens vivent de ce business », affirme un réfugié conducteur de moto à Mahama.
Les concernés demandent à la police de revoir la mesure et de leur accorder une autorisation exceptionnelle pour continuer à utiliser ces permis de conduire burundais car étant des réfugiés.
« Nous nous demandons ce qui a changé parce que nous utilisons ces documents depuis 2015. Et nous sommes toujours sous le statut de réfugié. Nous sommes venus avec ces documents et nous devrions continuer sur le même traitement », estiment-ils.
Un document inabordable
D’autres avancent que le permis de conduire rwandais n’est pas abordable pour eux.
« Faire le test de conduite suppose avoir suivi des cours théoriques dans une auto-école. Et puis, l’on devra se déplacer soit vers Kigali ou aux environs. Alors, tout cela exige un budget que nous n’avons pas car le peu que nous gagnons n’est même pas suffisant pour nous faire vivre », plaident les motards.
De son côté, la police les sensibilise plutôt à chercher des permis biométriques rwandais car, conseille-t-elle, ces Burundais peuvent aller conduire des motos dans d’autres parties du pays. Elle explique qu’elle veut réduire le taux d’accidents routiers causés par des motos, car il s’est remarqué que « la plupart d’entre eux ne savent pas bien conduire et ignorent le code de la route ».
La police affirme qu’elle va faire des rafles après ce délai pour voir si la mesure a été mise en application. « Une amende de 50.000 francs rwandais sera appliquée pour chaque contrevenant », a-t-elle prévenu.
Le camp de Mahama compte plus de 55.000 réfugiés dont la majorité est constituée de Burundais qui ont fui la crise de 2015, déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza la même année. (Fin)