Le Maroc s’apprête à organiser les troisièmes élections législatives de son histoire depuis la réforme constitutionnelle de 2011. Le 8 septembre prochain près de 18 millions d’électeurs seront appelés à désigner les 395 parlementaires qui devront les représenter à l’Assemblée nationale.
Dans les urnes, le parti de la justice et du développement (PJD) et le parti authenticité et modernité (PAM) devraient être les principales formations politiques à concourir pour obtenir la majorité à la chambre des représentants. Quoi que des surprises peuvent venir du RNI du ministre et homme d’affaires Aziz Akhannouch ou encore du parti historique de l’Istiqlal.
Avec à sa tête l’actuel premier ministre du gouvernement Saad Dine El Othmani, le PJD, d’idéologie islamiste, remettra en jeu sa place de premier parti du pays depuis les premières élections législatives organisées suite à la réforme constitutionnelle de 2011.
Faut-il encore le rappeler, les élections du 8 septembre seront la troisième consécration de la nouvelle démocratie marocaine issue du printemps arabe des années 2010-2011. Tirant parti de cette révolution qui a ébranlé tous les pays maghrébins, le Maroc a entamé une refonte en profondeur de son système de gouvernance, qui a abouti à un relatif rééquilibrage des pouvoirs, en réduisant notamment les prérogatives du roi.
A cet effet, depuis 2011, la constitution marocaine prévoit notamment que le chef du gouvernement soit nommé au sein du parti arrivé en tête aux législatives. De plus, le pouvoir du premier ministre marocain, bien qu’encore limité, s’est renforcé depuis 10 ans, lui conférant une marge de manœuvre de plus en plus importante concernant par exemple la nomination de la plupart des responsables publics.
Dans cette nouvelle configuration politique que les dynamiques sociales appelleront à évoluer, les élections marocaines semblent revêtir un enjeu majeur qui, au-delà du volet politique, touche également les secteurs social et économique.
Un scrutin marqué par la crise sanitaire
Cette élection se tiendra en même temps que celles régionales et communales qui, elles, permettront de désigner les prochains dirigeants des différentes subdivisions territoriales du Maroc. Bien qu’étant déjà le rendez-vous politique le plus important du royaume chérifien, les prochains scrutins devraient être particuliers en raison de la Covid-19.
La pandémie qui affecte également le pays maghrébin a d’ailleurs déjà entraîné une réorganisation du processus de campagne électorale, démarrée depuis le mois d’août. Pour la première fois, celle-ci a essentiellement mis l’accent sur le respect des mesures de distanciation sociale, ainsi que sur l’utilisation des canaux digitaux pour toucher les électeurs. Cependant, malgré ces contraintes, il faut souligner que la tenue à bonne date de ces élections résulte d’une stratégie proactive de gestion de la crise sanitaire.
En effet dès l’apparition du premier cas de coronavirus sur le territoire marocain, les décisions de politique sanitaire adoptées par les autorités ont été très tôt réorientées afin de contenir la propagation de la maladie sur le territoire marocain. Dès le mois de mars 2020, alors que le pays n’était qu’au stade 1 de la pandémie, le gouvernement a donc annoncé l’adoption de mesures de restrictions et de confinement strict, mettant ainsi en place une stratégie qui n’avait été adoptée qu’aux stades 2 et 3 de la maladie dans les pays occidentaux.
« Dans un contexte de crise mondiale causée par la Covid-19, le Royaume du Maroc a démontré une réactivité remarquable aussi bien sur le plan sanitaire que sur les plans économique et financier. Le Royaume a pu réorganiser le tissu productif pour faire barrage aux vagues de contaminations, tout en déployant des mesures importantes destinées à servir d’amortisseur économique au choc social important induit par les mesures de confinement » rappelle ainsi le cabinet Deloitte dans un rapport paru en juillet.
Et à la Banque mondiale d’indiquer : « À ce jour, la réponse du gouvernement a été rapide et décisive. Cette réaction proactive a permis au pays d’éviter une épidémie de plus grande ampleur et donc de sauver des vies. Outre la fermeture rapide des frontières et le renforcement du système de santé, l’Etat a établi un fonds spécial afin d’atténuer les impacts économiques ».
Aujourd’hui, bien que le royaume chérifien ait enregistré 881 042 cas de Covid-19 pour environ 13 000 morts, selon Africa CDC, l’Etat s’est doté d’une stratégie vaccinale qui lui a déjà permis d’immuniser au moins 40% de la population. Et avec le programme de production de vaccin lancé en juillet dernier, ce taux de couverture vaccinal, le plus élevé du continent, devrait encore s’accélérer. (Fin)
Source : Agence Ecofin