Un public attentif aux messages de RBC.
Secteur Rukara, Kayonza: «Mon partenaire qui est un homme marié a retiré le condom durant nos rapports sexuels. Quand il a atteint son orgasme, il s’est écarté de moi. J’ai réalisé qu’il a retiré le condom que j’avais retiré de l’emballage et que je lui avais présenté afin d’avoir avec lui des rapports projetés », affirme la jeune commerçante Fifi (pseudonyme attribué pour préserver l’anonymat) du marché de Karubamba, secteur Rukara, district de Kayonza, en Province de l’Est.
Elle poursuit : « Quelques jours après, j’ai constaté un malaise au niveau de mon sexe. Le Centre de Santé a diagnostiqué des trichomonas. Trois mois après, un test de dépistage a confirmé que je portais le virus du VIH/SIDA. Et pourtant, avant ma rencontre avec l’homme, j’étais saine et je m’étais faite tester négative six mois avant. Et dans la suite de mon aventure, je n’ai pas connu un autre homme. J’ai décidé d’en parler à l’homme qui m’a infecté. Il m’a répondu que ce n’est pas lui l’origine du mal. J’ai pensé en parler à sa femme. Mais je n’ai pu oser le faire pour ne pas déclencher des foudres pouvant faire voler en éclats le ménage de l’homme qui m’a infecté. Je vis maintenant sous le régime des ARV ».
La jolie demoiselle Fifi est assise en plein marché de Karubamba au milieu de quelques amies du métier. RBC (Centre Biomédical du Rwanda) y est venu mobiliser les jeunes à relever leurs connaissances dans la lutte contre le VIH/SIDA. Fifi est commerçante depuis trois ans qu’elle a terminé son école secondaire. Elle vend des habits et des souliers.
« Mon vœu est que l’on mette en circulation le condom pour femmes. Là au moins je vais bien le tenir pendant l’acte sexuel et mon partenaire ne me trompera pas», affirme Fifi.
Ses collègues à côté d’elle sont du même avis. Car, le problème qui se pose, c’est que certains garçons, quand ils sont en érection, ils oublient de pratiquer des rapports sexuels protégés.
« En témoigne le cas mon copain fiancé qui tient à m’épouser », confie Fifi :
La jeune commerçante Shakila Umutesi.
« Même si je suis sous ARV, j’ai rencontré un garçon qui est tombé fou amoureux de moi. Je lui ai révélé ma séropositivité. Normalement, nos relations sexuelles se font avec le condom. Des fois, il refuse et se précipite sur moi et fait l’amour sans protection. Je ne peux pas le repousser. Car, je n’ai pas la force de l’écarter », précise-t-elle.
Et de nombreuses personnes dans le secteur de Rukara tombent dans ce piège. Cette réalité a été vite notée par RBC durant ses échanges avec le public en plein show et jeu de théâtre. L’important dans cette situation est de renforcer la diffusion de l’information de lutte contre le VIH/SIDA à Rukara et ailleurs.
La jeune commerçante Shakila Umutesi qui vend des habits pour hommes et femmes au marché de Karubamba affirme qu’elle a des connaissances générales sur la lutte contre le VIH/SIDA. Mais elle avoue qu’elle ignorait ce qu’on doit faire en cas d’exposition à des rapports sexuels non protégés ou en cas de viol. Elle ne sait pas que l’on doit se présenter au Centre de Santé pour y recevoir un traitement de protection. Elle ne savait pas non plus que la circoncision réduit de 60 % les risques de l’infection au VIH/SIDA. C’est sans doute aussi pour cela que les nouvelles infections ont connu un regain dans la Province de l’Est.
Le chargé du changement de comportement au sien de RBC, Aimé Ernest Nyilikindi, a constaté cette lacune dans les connaissances en matière de lutte contre le VIH/SIDA. Au marché de Karubamba, en effet, Nyilinkindi a effectué des tests en posant des questions au public sur le VIH/SIDA. Il récompensait les gagnants en leur donnant des t-shirts, des chapeaux, des bics et des carnets.
Cette séance animée par un jeu de théâtre a été suivie par un large public et a permis de renforcer les connaissances des populations de Rukara. Il suffira que les autorités locales poursuivent l’initiative en collaboration avec les conseillers en santé.
L’important est de changer le comportement des jeunes infectés qui répandent le SIDA par des rapports non protégés en toute conscience, comme le confirme le jeune commerçant des souliers, Eric Ndayishimiye, 17 ans, et qui a fini la 6ème année du secondaire au Groupe Scolaire de Kiziguro.
« Nous avons décidé de placer dans l’isolement social « akato » les gens infectés et sous ARV, qui contaminent des personnes saines. Nous faisons circuler l’information sur leurs mauvais agissements afin qu’on évite des contacts avec de tels individus. Les conseillers en santé et les autorités locales devraient s’impliquer pour aboutir à de meilleurs résultats dans cette approche », ajoute Ndayishimiye.
Pour le condom des femmes qui n’est pas certes répandu, mais que réclame le public féminin, RBC promet qu’il le diffusera davantage. Tandis que le condom des hommes, lui, demeure plus pratique, plus facile à manier et plus disponible. (Fin)