Le nouvel Ambassadeur de la France au Rwanda (photo) s’est entretenu aujourd’hui avec la presse et il a dévoilé les priorités de sa mission qui seront axées sur la mise en œuvre de la Feuille de route annoncée par les deux Présidents Kagame et Macron récemment à Kigali, lors de visite du Président Macron.
«Ma mission je dirai débute sous les meilleures auspices puisqu’elle a été préparée par la visite du Président Macron ici en Mai dernier. C’est vrai que cette visite a été extrêmement importante. Les relations franco-rwandaises ont été extrêmement difficiles compte tenu de ce qui s’est passé dans les années 1990. Il y a eu aussi beaucoup d’incompréhensions dans les années 2000 et on a aussi ressenti le besoin à Paris, – surtout depuis que le Président Macron est devenu Président de la République-, on a ressenti le besoin de clarifier les choses. Notamment d’être au clair, nous Français, avec notre passé vis-à-vis du Rwanda. Et l’instrument pour faire la clarté sur ce passé-là a été la Commission Duclert », a-t-il indiqué.
Il a rappelé que le Professeur Duclert qui est venu au Rwanda pour remettre son rapport au Président Kagame. Duclert été à la tête d’une petite commission d’une quinzaine d’historiens et d’archivistes qui, pendant deux ans, ont travaillé sur les archives du ministère des affaires étrangères, du ministère de la défense, de la coopération, de la Présidence de la République pour savoir vraiment ce qui a été fait depuis 1990 jusque fin 1994 vis-à-vis du Rwanda. Et ce travail avait déjà été fait en partie par des universitaires. En revanche, il n’avait pas encore été véritablement fait par des officiels. Et là, il est fait par une commission directement mise en place par le Président de la République qui a permis d’avoir un narratif commun franco-rwandais sur la responsabilité de la France dans la dérive de sa politique rwandaise à partir d’octobre 1990, toujours selon l’Ambassadeur Anfré.
« Malheureusement, cette dérive a abouti à un résultat catastrophique. Ça c’est quelque chose que nous étions déjà un certain nombre à dire en France, mais qui n’était forcément passé dans le discours officiel. Maintenant, ça fait partie du discours officiel. C’était le sens du discours d’Emmanuel Macron au mémorial de Gisozi quand il a parlé des responsabilités accablantes de la France et qu’il a demandé aux Rwandais de leur faire don du pardon. Et je crois que ce discours de Macron est essentiel pour qu’on puisse maintenant travailler sur le présent et aussi envisager l’avenir. Lors cette visite, il y a eu cet aspect mémoriel qui est capital parce que le passé conditionne le présent et le futur. C’est une vérité universelle », a poursuivi le diplomate français.
Pendant cette visite, il y a eu aussi signature de différents accords nqui ont été mis en place comme outils en termes de coopération. Il y a eu le Centre Culturel Francophone du Rwanda (CCFR) inauguré par Macron. Il y a l’Agence Française de Développement (AFD) qui va ouvrir une agence à part entière à Kigali (il faut savoir que ces dernières années il y avait un petit bureau, mais qui dépendait de l’Agence de Nairobi. D’ici la fin de l’année, il y aura un bureau indépendant qui sera rattaché un peu au bureau régional de Nairobi, mais qui aura un directeur à sa tête qui sera évidemment lié à l’Ambassade, et qui sera là pour mettre en œuvre les projets contenus dans le MOU qui a été signé lors de la visite présentielle.
« A côté de cela, on conserve évidement le service de coopération de l’Ambassade, il y a une consœur de la coopération culturelle que vous connaissez sans doute, Juliette Bigot, mais qui n’est pas là aujourd’hui parce que beaucoup de gens sont en vacances, qui met en œuvre ce qu’on appelle de FSP pays, qui est la conseillère pour la coopération de l’Ambassadeur, qui est là aussi pour faire la coordination avec les autres partenaires techniques et financiers et faire en sorte aussi que le FSP, l’AFD, le crédit mis en place par le ministère des affaires étrangères et de coopération, pour que tout cela fonctionne ensemble. Qu’il y ait des synergies et dans les domaines prioritaires la Francophonie. Vous l’avez signalé, l’enseignement du français à tous les niveaux, ça c’est un aspect, il y a aussi la santé. On va faire pas mal des choses dans le domaine de la santé, on a commencé. Mais on va développer ça, il y a également le sport. La France, localement, je crois qu’elle est leader des partenaires techniques et financiers, vous savez qu’il y a des groupes de travail qui sont mis en place et je crois que c’est la France qui anime le groupe de travail sur le sport. Il y a aussi le domaine de l’agriculture où on souhaite faire des choses : le Rwanda a un potentiel agricole important, des produits de qualité, il y a le café, l’arabica, les produits laitiers, il y a une industrie agroalimentaire ici qui existe. C’est des choses sur lesquelles on veut travailler », a noté l’Ambassadeur Anfré, qui a poursuivi :
« A côté de cette sphère, donc coopération avec la mise en œuvre des crédits publics, alors ça peut être des dons, ça peut aussi des prêts. L’AFD, c’est beaucoup de prêts concessionnels puisque le Rwanda est maintenant considéré comme un pays à revenu intermédiaire, c.-à-d. que la coopération française ici intervient avec des dons mais, intervient beaucoup avec des prêts. On considère que le Rwanda a la capacité de rembourser ces prêts le tout c’est d’aller dans les secteurs qui soient porteurs ».
Il a ajouté : « A côté de ces outils de coopération, la mission qui m’a été donnée, c’est d’essayer de développer des liens économiques et commerciales entre le Rwanda et la France. Evidement de l’investissement direct Français, des partenariats, il y a quelques-uns, il y a Vivendi qui est active ici ; il y a aussi le Golf de Kigali qui est stratégique dans la mise en œuvre d’un tourisme sportif qui sera géré par une entreprise française en partenariat avec les rwandais ; il y a Canal Olympia à Rebero pour des activités culturelles. Le Rwanda reste un marché relativement étroit, ce n’est pas le Nigeria, ce n’est pas le Kenya non plus. Il y a une population dense sur un pays moins vaste. Ce qui peut intéresser les entreprises françaises ici, c’est aussi le côté vitrine du Rwanda. Si on fait quelque chose qui marche à Kigali, c’est un modèle qui peut inspirer des pays plus importants en Afrique, voire au-delà. Je pense pour qu’il y ait un flux significatif d’affaires, de contacts, de visites, mais tout cela ira mieux quand sur le front de l’épidémie Covid-19, ça va s’améliorer. Je suis persuadé qu’il y aura un flux d’échanges à la fois matériel qu’humain plus dense que ce qu’on a pu constater jusqu’à présent ».
L’Ambassadeur Anfré réaffirme qu’il est un facilitateur pour des liens mutuellement bénéfiques dans cette mise en œuvre de la Feuille de route annoncée par les Présidents Kagame et Macron. (A suivre …)