Pesée du retard de croissance
Kibirizi (Nyamagabe): Espérance Niyonsaba habite le village de Gasharu, cellule Gishiha, Secteur de Kibirizi, District de Nyamagabe. Elle est grand-mère d’un enfant qui a souffert d’une malnutrition aiguë. L’enfant a suivi pendant trois mois un régime alimentaire enrichi qui l’a guéri.
« Ma fille était partie à Kigali. Elle est revenue enceinte. Ensuite, elle a mis au monde. Mais mes conditions de ménage vulnérable ne m’ont pas permis d’avoir des aliments suffisants et complets pour nourrir l’enfant. Lors d’un contrôle au village, l’enfant a été testé frappé d’une malnutrition aiguë (dans le rouge). Sa mère était repartie dans la capitale. J’ai dû être formée pour apprendre à préparer des aliments riches pour un enfant malnutri. Je lui donnais de la bouillie enrichie, de la farine de petit poisson et de soja, des légumes et des fruits, de la patte de sorgho, des pommes de terre. Les voisins me donnaient du lait et des œufs pour compléter le régime. Au bout de trois mois, mon petit-enfant était réparé. Je respecte le régime indiqué pour que sa santé s’améliore toujours », témoigne la grand-mère Niyonaba.
Elle souligne qu’une fois le mois, leurs enfants de moins de cinq ans sont soumis à un test pour évaluer leur état nutritionnel, mesurer la taille, le tour du bras et le poids.
Les femmes de Gasharu dont les enfants sont sortis de la malnutrition aiguë se sont regroupées en une association dénommée « Igisubizo » ou « Réponse ». Elles ont créé diverses activités à revenu : tissage de tricots, fabrication et coloration de tissus. Elles épargnent et contactent des crédits issus de l’association « Igisubizo ».
Séraphine Nyirankundwa est la porte-parole du groupe et se félicite des progrès enregistrés dans l’amélioration des conditions de vie des 25 membres de l’Association.
Fruits et aliments riches.
« Notre compte affiche 54 mille Frw d’épargne. Nous payons la mutuelle de santé à temps grâce à notre épargne. Le crédit en circulation chez les membres atteinte 389 mille Frw. On peut épargner de 100 à 500 Frw par semaine. Le membre qui désire un crédit peut aller jusqu’à 50 % de ce qu’il a épargné. Notre groupe existe depuis un an et il est très dynamique », dit-elle.
Pour ses progrès personnels, Nyirankundwa, rappelle qu’elle a déjà contracté un crédit de 190 mille Frw auprès de son groupe. Son mari a ajouté de l’argent, et le ménage a acheté une vache qui mettra bas prochainement et qui vaut actuellement 350.000 Frw.
« Chaque ménage du village Gasharu a aménagé un jardin potager avec différentes sortes de légumes pour lutter contre la malnutrition. Aucun enfant n’est dans la catégorie des enfants malnutris actuellement », se félicite la porte-parole d’Igisubizo.
A quelque cent mètres du site ou le groupe Igisubizo a exposé ses réalisations qui comprennent des produits agricoles de lutte contre la malnutrition, le conseiller en santé en chef, Daniel Rudahindagara, montre le modèle d’un jardin potager que reproduit chez lui chaque ménage du village.
« L’idée de mettre sur place ce jardin potager résulte de notre engagement pour lutter contre la malnutrition dans notre village. Pour aménager un jardin potager, nous recourons aux sacs, à des planches, à des tiges, au fumier organique et à la terre. Nous enseignons qu’un tel jardin intègre cinq sortes de légumes au moins : légumes dodo, carottes, betterave, poireaux, poivron, choux. Il y a aussi des arbres fruitiers comme des prunes du Japon, les fruits de la passion. Nous avons des fruits comme des prunes du Japon, les fruits de la passion. Nous avons été formées par divers projets dont World Relief. Des groupes de jeunes volontaires aident parfois les habitants à créer ces jardins potagers qui arrivent à 110 dans le village. Actuellement, notre village n’enregistre aucun cas de malnutrition. Mais auparavant nous comptions trois cas. Les homes adultes et les maris participent à la création de jardins potagers. C’est un terrassement exigeant une force physique qui n’est pas à la hauteur des femmes », fait remarquer Rudahindagara.
« Le District de Nyamagabe a réduit en cinq ans la malnutrition aiguë de 51,8% à 36%”, selon la Vice-Maire des Affaires Sociales, Mme Prisca Mujawamariya.
Avec un fonds de l’Etat de plus de 1,2 milliards Frw pour cette année et avec l’appui des divers partenaires engagés dans le renforcement de la nutrition, le District de Nyamagabe a pu réduire en cinq ans la malnutrition aiguë de 51,8% à 36%”, selon la Vice-Maire des Affaires Sociales, Mme Prisca Mujawamariya.
La Vice-Maire des Affaires Sociales, Mme Prisca Mujawamariya, donne une alimentation enrichie aux enfants de Kibirizi.
« Ici dans le District de Nyamagabe depuis cinq ans, nous luttons contre la malnutrition et le retard de croissance chez les jeunes enfants. Je dirais que ces jours-ci, les résultats sont intéressants, car quand j’ai commencé à travailler ici, nous avions environ un enfant sur deux de moins de cinq ans qui avait une malnutrition aiguë, et la moyenne dans le District de Nyamagabe était de 51,8 %. Dans une étude menée en 2018, cette malnutrition aiguë avait été réduite à 42, 8 % en raison des mesures mises en place. Nous avons poursuivi beaucoup de stratégies visant à prendre soin de l’enfant et même des adultes menacés de malnutrition aiguë. Ceux-ci sont maintenant aussi sont traitées », annonce-t-elle.
En cette année 2021, en février et mars, en collaboration avec l’Office de Développement de la Petite Enfance (NCDA) et le Ministère de la Santé, le Centre Biomédical du Rwanda (RBC) a mené une enquête auprès des villages pour tous les enfants de moins de cinq ans, en particulier ceux de moins de deux ans, car ils sont les plus ciblés.
Les résultats montrent également qu’ici dans le district de Nyamagabe, le taux d’incidence est de 11,6 % pour les enfants de moins de deux ans.
« Nous avons beaucoup de programmes qui empêchent les enfants de moins de deux ans d’être frappés par le retard de croissance. Nous avons 63 enfants souffrant de malnutrition dans le District de Nyamagabe : 60 enfants qui sont dans le jaune et 3 autres dans le rouge (malnutrition aiguë), mais ceux dans le rouge sont des enfants qui ont été mal nourris suite à d’autres maladies chroniques et autres infirmités. La question de malnutrition entre dans nos priorités et nos conseillers en santé s’attèlent à l’œuvre pour l’éradiquer. Le District de Nyamagabe est à 36,5% dans ce combat. Au niveau national, le pays est à 33% », note Mujawamariya.
Les programmes nationaux ont apporté une contribution précieuse dans la lutte contre la malnutrition
Toujours selon la Vice-Maire en charge des Affaires Sociales, l’aménagement des jardins potagers pour fournir des légumes et la formation aux mamans pour la préparation d’une alimentation complète ont été d’un grand support pour combattre la malnutrition. Les partenaires de la Société civile et des confessions religieuses ont travaillé avec le secteur de la santé au niveau des villages. Ils ont abouti à de solides et palpables résultats qui ont fait reculer la malnutrition.
Une enquête est menée dans chaque village chaque mois pour faire le suivi des stratégies en vigueur et détecter des cas éventuels de la résurgence de la malnutrition. Les enfants et les personnes identifiées en-dessous des normes de bonne santé sont envoyés dans des centres de santé pour y suivre un traitement de lutte contre la malnutrition aiguë.
« Nous avons maintenant des jardins potagers modèles pour former les parents a préparer une alimentation riche et complète dans des cuisines organisées au niveau des villages même. Les légumes sont cultivées chez eux par des parents eux qui se sont procuré des plants au niveau des jardins potagers de référence aménagés sur des sites choisis du village. Ce programme a bénéficié de l’appui du partenaire World Relief », poursuit la Vice-Maire des Affaires Sociales.
Au cours de la saison sèche, les jardins potagers se réduisent faute d’eau sur les hautes collines caractéristiques des zones montagneuses comme Nyamagabe. Le peu de légumes que l’on peut produire sont alors cultivées dans les marais. Raison pour laquelle la population de Kibirizi sollicite aux autorités d’accélérer le programme de fourniture d’eau afin que l’on puisse irriguer les jardins potagers sur les collines.
Le District de Nyamagabe compte 1130 ECDs
Interrogée sur le nombre des crèches nutritionnelles (ECD) au niveau de chaque village du District de Nyamagabe, la Vice-Maire Mujawamariya rétorque que Nyamagabe est doté de trois ECD par village, soit 1130 ECDs dans tout le district. Elle précise que les ECDs sont en augmentation.
Un jardin potager modèle à Kibirizi
« Les ECDs travaillent avec les programmes de NCDA, SPRP, l’Eglise EAR et la Caritas Rwanda pour les enfants nourris au sein et les enfants fréquentant les ECDs. Ces institutions fournissent de la bouillie, du lait, des biscuits enrichis aux enfants et aux mères enceintes ou allaitantes de la première et deuxième d’Ubudehe, communément appelées catégories des vulnérables. Chaque ménage transformé en ECD reçoit 200 millions de Frw pour améliorer les conditions sanitaires et acquérir les équipements essentiels destinés aux enfants du villages accueillis », informe la Vice-Maire Mujawamariya.
En plus de l’appui des divers autres partenaires, le District de Nyamagabe a reçu au cours de l’année 2020-2021un budget de plus de 1,2 milliards Frw pour lutter contre la malnutrition aiguë et le retard de croissance.
Les statistiques de la récente enquête sur la vie des ménages dans le Distrikct de Nyamagabe montre que la population vivant dans l’extrême pauvreté est de 17,7%, soit 16 146 habitants.
Tandis que la population vivant sous le seuil de la pauvreté, avec $1 par jour, est de 48,6%, soit la moitié des 91 mille ménages du district de Nyamagabe.
Pour ce qui est du financement contre la malnutrition dans le district, la Vice-Maire Mujawamariya livre les chiffres :
« Un total de 43 millions est fourni pour donner du lait aux ECDs. Le projet de prévention contre le retard de croissance (SPRP) octroie plus de 86 millions Frw. L’appui pour l’achat du petit bétail (poules, porcs, chèvres) aux ménages vulnérables frappés de malnutrition est de plus de 169 millions Frw. Le budget pour le Programme Girinka atteint plus de 144 millions Frw. Les fonds pour les enfants des 1ere et 2eme catégories d’Ubudehe et les mères enceintes tous de catégorie des vulnérables (NSDS) arrive à plus de 677 millions Frw. Ce qui fait un montant total de 1 120 855 771 Frw consacré à la lutte contre la malnutrition aiguë et le retard de croissance ». (Fin)