Le Président congolais Félix Tshisekedi
By Manzi Bakuramutsa*
Depuis sa création en 1993, c’est la première fois qu’un chef d’Etat participe comme chef de délégation aux travaux de cet organe des Nations Unies.
Le président Tshisekedi s’est invité au conseil des ministres de la 52e session de l’organe du système de l’ONU chargé de la protection des droits de l’homme avec le seul but de faire la énième fausse déclaration pour salir le Rwanda et camoufler la mauvaise gouvernance de son régime.
Sans aucun gène, à la conférence sur les droits de l’homme, le protocole donne la parole au ministre de la RDC chargé des droits de l’homme, et surprise, surprise, c’est Tshisekedi qui se met débout pour prendre la parole. Sans sourciller, il a menti à l’audience du début jusqu’à la fin de son discours.
Jusque-là on aurait pu accepter la parodie, si le contenu de son discours, n’était pas truffé des mensonges et des contre-vérités, concoctés non seulement pour accuser le Rwanda de tous les maux, mais aussi de camoufler et de fuir les responsabilités de son leadership et celui de ses prédécesseurs qui ont contribué à précipiter lentement mais sûrement la RDC dans un état ingouvernable, dont on connaît le chaos, et cela depuis plusieurs dizaines d’années.
Il est très bien connu qu’il n’y a aucun système des droits de l’homme en RDC depuis plus d’un demi-siècle. Il est vrai qu’à l’époque coloniale, il n’y en avait pas non plus. Tshisekedi n’en est donc pas responsable, mais les trois ans qu’il vient de passer au pouvoir, malgré ses déclarations, il n’a jamais montré aucune bonne volonté de trouver une solution à ce problème humanitaire qu’il a trouvé. En effet chaque année, la situation n’a fait que s’aggraver. Et pour se dédouaner, il fait tout pour faire porter au Rwanda, toute la responsabilité des malheurs congolais.
Devant un parterre des ministres, représentant leurs pays à Genève, Tshisekedi a réaffirmé sans gêne que « les autorités rwandaises ont ressuscité le mouvement terroriste du M23, défait en 2013 pourtant par nos forces armées avec l’appui des troupes internationales de la Monusco, pour agresser la RDC».
Et pourtant c’est Tshisekedi lui-même qui est à la base de retour des M23. En effet à sa prise de pouvoir, c’est bien lui qui a invité à Kinshasa, les représentants du M23, il y a trois ans pour négocier avec lui. Il leur a promis d’en faire deux brigades dont l’une restera à Kinshasa parmi ses gardes, et une autre sera déployée au Nord-Kivu.
Sans oublier la promesse des grades à donner à leurs officiers au sein des FARDC ainsi que le retour des réfugiés éparpillés depuis plus de 28 ans, dans les pays limitrophes, notamment au Burundi, Tanzanie, Rwanda, Ouganda et le Kenya.
L’initiative de Tshisekedi pour négocier avec le M23, était de gagner le Kivu, et de montrer mieux que Kabila son prédécesseur qui avait donné des fausses promesses à ce mouvement, en 2013, lorsque ce dernier a été défait par une coalition des forces de la SADC.
En attendant les promesses de Kabila, les membres du M23 ont été cantonnés, les uns au Rwanda, les autres en Ouganda. Ceux qui ont attaqué la RDC venaient de l’Ouganda et ils ont pris la ville de Bunagana côté RDC, car la ville chevauche sur la frontière que se partagent la RDC et l’Ouganda.
Au cours de son intervention, le président Tshisekedi a, dans la foulée, culpabilisé le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU qu’on ne peut pas prétendre défendre l’exercice des droits de l’homme et des libertés fondamentales en RDC, « tout en laissant progresser l’agression de ce pays par le Rwanda et les massacres de ses populations par des groupes armés terroristes ».
Tshisekedi semble ignorer complètement que non seulement le Gouvernement actuel du Rwanda a su rétablir et puis faire régner les droits de l’homme chez lui, et que depuis lors, avec ses casques bleus et son armée, le Rwanda en Afrique et dans d’autres pays du monde, il a rendu des services hautement appréciables dans les milieux onusiens, et comme signe d’appréciation, ses forces armées ont été plusieurs fois décorées pour les services rendus aux pays et aux populations qu’ils ont servi.
A titre de rappel, les FARDC ont été éconduites comme casques bleus pour fautes graves, là où elles ont eu l’occasion à servir, et ce n’est pas de sitôt qu’une pareille offre leur sera donnée, vu le risque que cela comporte.
Le mal que le Rwanda déteste et qu’il a combattu chez lui, il le combat autant ailleurs et avec la même vigueur, et les preuves sont épatantes. Il a instauré la paix et sauvegardé la démocratie dans beaucoup des pays à la demande de l’ONU et à la demande des divers gouvernements et qui, sans exception, ont apprécié les services rendus.
Compte tenu de sa politique, ce n’est pas le Rwanda qui va créer l’insécurité ni dans son voisinage, ni dans sa région d’appartenance, car il est conscient plus que quiconque, des conséquences néfastes pour lui-même et pour les autres.
Et Tshisekedi le sait très bien ! Il n’ignore pas la politique du Rwanda car son père et lui, à maintes reprises, ont été suffisamment informés lors de leurs nombreuses visites qu’ils ont effectuées à Kigali.
D’autre part, plusieurs accords signés entre les deux pays sont des preuves suffisantes de bonne volonté du côté de Kigali. Si Fatshi Béton jouait à la comédie lors de ces signatures, il sait combien le président Kagame tient parole, pour les conventions n’en parlons pas. Et nous savons que Tshisekedi sait bien la vérité, mais il fait un voyage à Genève, dans un forum des ministres, pour tordre le cou à cette vérité. Quel courage !
A Genève, Tshisekedi a osé demander des sanctions contre le Rwanda comme un pays qui est parmi les auteurs des crimes et des violations du droit international en RDC, et il a demandé que l’on contraigne le Rwanda davantage à exécuter le plan de paix issu des processus de Nairobi et de Luanda, plan avalisé aussi bien par l’Union africaine que le Conseil de sécurité des Nations unies.
La demande de Tshisekedi est absurde car, c’est lui-même qui après chaque accord, Kinshasa traficote les communiqués officielles en y ajoutant ou retranchant les points selon ses intérêts qu’il n’a pas pu faire passer pendant les négociations. Ailleurs on appelle un régime qui fait cela, un Etat voyou !
D’autre part c’est le gouvernement de Kinshasa qui combat son peuple pour le faire taire à cause des promesses qu’il est incapable de tenir et à cause de sa mauvaise gouvernance qui met un pays si riche en ressources dans une pauvreté extrême. Et quand la RDC voit le Rwanda qui profite au maximum de peu qu’il possède le bien-être de sa population, elle crie sur le toit au pillage de ses ressources.
Dans ses tricheries, car il faut les appeler ainsi, Kinshasa parle toujours d’un groupe de rebelles, le M23, alors que le pays est écumé par plus d’une centaine des rebellions.
Encore une fois, la stratégie malhonnête de cacher la réalité du pays, n’est qu’une preuve de plus de l’incapacité du gouvernement dans la gestion de son territoire, du manque de pouvoir réel sur le contrôle de certaines parties du pays, de l’échec de l’état de siège qui a empiré la situation, d’une armée incapable de mater des groupuscules des rebelles, de la corruption généralisée à tous les niveaux, y compris au sommet de l’Etat.
Tshisekedi veut couvrir sa collaboration étroite avec l’ancienne force rwandaise qui a commis le génocide au Rwanda et s’est réfugiée en RDC. Il emploie ces génocidaires comme mercenaires pour suppléer son armée qui ne peut et ne veut se battre.
Ce groupe armé, non seulement il est coupable du génocide et des idées génocidaires au Rwanda, mais aussi en RDC, ils ont commis des crimes des vols, pillages, viols et massacres de la population congolaise.
Tshisekedi au lieu d’avoir honte d’employer ces genres de criminels, au lieu de les sanctionner ou de les renvoyer au Rwanda, lui et son gouvernement trouvent diverses explications pour justifier leur emploi aux côtés des FARDC.
A cause de ces FDLR et le groupe rebelle CODECO, il y a des actes de génocides et de nettoyage ethnique contre les Rwandophones au Nord-Kivu et au Sud-Kivu et contre les Bahema en Ituri. Chaque jour il y a en moyenne une dizaine des personnes massacrées, y compris les femmes et les enfants.
Tshisekedi et son gouvernement, voire la Monusco crient haut et fort à propos de M23, mais ils ne mentionnent pas ces autres massacres commis par les autres rebelles qui sont beaucoup plus graves, plus nombreux car ils sont quotidiens.
Cette question humanitaire a été politisée au détriment de la population victime de ces hordes incontrôlées.
Les Rwandophones sont victimes de discrimination en RDC, et cette situation est aggravée par les divers discours publics des autorités, tantôt avec des mots imagés tantôt des invitations de la chasse à l’homme.
La destruction des biens économiques appartenant aux rwandophones, les pillages, les massacres des vaches dans les prairies sont des actions quotidiennes qui sont observables au Kivu et en Ituri, ces provinces qui sont pourtant en état de siège.
Le discours de Tshisekedi à Genève, était d’un bout à l’autre contraire de ce qui se passe sur le terrain, ainsi que de la politique de son gouvernement.
Si tous les pays qui prêchent les droits de l’homme ainsi que les pays signataires de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide respectaient leur engagement, ils seraient tous déjà intervenus en RDC pour la protection de la population contre non seulement les criminels de toute sorte, mais aussi contre leur propre gouvernement qui pille au lieu de gouverner. Malheureusement, ces pays ne sont intéressés que par les minerais. Les hommes, en plus les noirs, valent moins que le cobalt,…
Ces pays n’hésitent pas à hurler avec les loups pour sauvegarder leurs intérêts économiques et politiques. Ainsi on les entend, entre autres comparer la RDC avec l’Ukraine, pour caresser la bête au sens du poil. Et pourtant la situation de l’Ukraine et de la RDC sont toutes les deux incomparables !
La situation du terrain va faire démentir Tshisekedi & Co
Au moment où Tshisekedi parcourt le monde pour vendre ses mensonges, couvrir son incapacité de redresser le pays, en brandissant toutes sortes de chantages, le M23, pacifie les zones libérées, chasse les génocidaires et d’autres criminels des FARDC.
La vie économique et sociale reprend dans ces zones, et la circulation des hommes et des biens recommence sans aucune encombre ni restriction, contrairement aux territoires sous le contrôle des FARDC, les mercenaires blancs qui servent des épouvantails et les cruels génocidaires rwandais.
Entre-temps, le M23 approche la population de ces zones conquises et les met sous sa protection. Il faut noter que parmi des centaines des groupes rebelles, il n’y a que le M23 qui se bat pour une cause, dont la protection de la population et de leurs biens, pillés par des éléments gouvernementaux, des rebelles qui s’associent aux FARDC et des génocidaires rwandais qui extorquent, pillent et tuent la population sur leur passage.
Il est intéressant de noter que le responsable de l’état du siège à Goma, vient d’autoriser à l’instar du M23, la circulation des hommes, des véhicules et des biens entre Goma et toutes les zones libérées par le M23. Il est certain qu’il sait que la sécurité règne dans ces zones, contrairement aux zones tenues par le gouvernement qui sont truffées des barrières, des taxes intempestives, des extorsions voire des massacres car les FARDC collaborent avec des rebelles de tous genres.
Il est aussi important de noter la récente lettre des membres du parlement du Nord-Kivu, adressée hier au président de la République et lui demandant de s’asseoir sur la même table avec le M23 et de négocier pour le bien de la population.
La motivation de cette lettre des députés, est basée sur les différentes négociations de Luanda, Nairobi et Bujumbura, qui toutes ont vivement recommandé les négociations politiques pour résoudre cette question. Les députés de la province après observation du comportement du M23, et les réactions de la population habitant les zones libérées par M23, ils préfèrent aller dans le sens des habitants.
D’autres part, les députés se sont basés sur les différentes négociations entre le M23 et les différents gouvernements, dont ces derniers n’ont jamais respecté les accords notamment ceux de Nairobi en 2013.
Actuellement prétendre refuser les négociations, c’est de fuir les responsabilités de la part du gouvernement et c’est la population qui subit toutes les conséquences.
Kinshasa est donc en retard sur ce qui se passe sur le terrain. Elle s’entête à trouver un bouc-émissaire et de le faire condamner à tout prix.
Au lieu de parcourir le monde à la recherche de sanctions contre le Rwanda, Tshisekedi ferait donc mieux de chercher plutôt la solution à l’intérieur de la RDC. L’aide extérieure si nécessaire, ne viendra qu’après la pluie (proverbe rwandais). (Fin).
* Manzi Bakuramutsa est un ancien fonctionnaire de l’ONU (FAO, PNUD); • Ancien ambassadeur du Rwanda à l’ONU, Benelux, UE et Vatican