Au centre de Bruxelles, Rusesabagina a plusieurs fois fait la mobilisation pour terroriser et déstabiliser le Rwanda.
By Manzi Bakuramutsa*
Dans un hôpital africain, le médecin propose une anesthésie locale pour une opération bénigne à un riche patient, un parvenu sans doute. Conscient de son importance, le malade exige plutôt un transfert à l’étranger, car tout ce qui est local n’est pas bon. Il en est de même pour Paul Rusesabagina. Condamné dans les règles de l’art au Rwanda, il vient de recourir à la justice américaine avec espoir de se blanchir dans tous les vrais sens du mot et il demande en plus l’indemnisation pour avoir monté dans un avion sans connaissance ni du propriétaire ni de la destination. Il veut se soustraire de la Justice rwandaise pour recourir à la justice américaine qu’il croit plus clémente et généreuse.
La famille de Rusesabagina, avec l’accord de ce dernier, vient de se tourner vers la justice américaine pour réclamer à l’Etat rwandais 500 millions de dollars à la suite de son interpellation à Kigali dans des circonstances qu’il est le seul à porter la responsabilité.
Il faut rappeler qu’actuellement, Rusesabagina est jugé en appel après sa condamnation en septembre 2021 par la justice rwandaise à vingt-cinq ans de prison pour terrorisme. C’est dans ce cadre que le 22 février dernier, Paul Rusesabagina et sa famille ont déposé plainte contre Kigali devant la justice américaine, depuis sa cellule de prison.
Sa plainte est adressée à la cour du district de Columbia et elle vise l’Etat rwandais ainsi que plusieurs dignitaires du régime. On retrouve ainsi le président Paul Kagame, l’ex-ministre de la justice Johnston Busingye, le colonel Jeannot Ruhunga, qui chapeaute le Rwanda Investigation Bureau (RIB), et le général Joseph Nzabamwita des services de renseignement rwandais.
Plus de 500 millions de dollars de dédommagement
Paul Rusesabagina accuse les officiels rwandais d’avoir orchestré, notamment sur le sol américain, son « kidnapping » en août 2020. Croyant se rendre en jet privé à Bujumbura, au Burundi, le terroriste rwandais a finalement atterri à Kigali, où il a été immédiatement arrêté. Dans sa plainte, l’intéressé estime avoir ensuite été séquestré illégalement, puis torturé par les forces de sécurité rwandaises. Pour ces faits présumés, Paul Rusesabagina et sa famille réclament à Kigali plus de 500 millions de dollars de dédommagement.
Encore une fois, Rusesabagina se trompe du lieu de son arrestation. A Kigali, à sa descente d’avion, il s’est fait cueillir par la police rwandaise. Croyant se rendre au Burundi, pour mobiliser ses troupes et rencontrer ses complices, il s’est retrouvé à Kigali, sans aucune contrainte, alors qu’il était recherché pour terrorisme par la justice rwandaise.
Connaissant la justice américaine, si le cas de Rusesabagina y était jugé, ce dernier aurait été condamné au moins dix fois à la pendaison. Et compte tenu de ses crimes, avant sa mise à mort, il aurait passé quelques années à Guantanamo, mains et pieds enchaînés, marchant comme un zombi. Il devrait s’estimer heureux pour être dans la prison rwandaise, car ailleurs, il y a des coins où les droits de l’homme n’ont pas droit de cité…même dans les pays de l’occident.
Pour raison de terrorisme, de pillage, de massacres et complot contre un pays ami, la Justice belge, si elle n’était tendre pour certains, elle aurait déjà arrêté et condamné Rusesabagina, pour plusieurs dizaines d’années d’enfermement. Ou elle l’aurait remis à la Justice rwandaise.
La Belgique et les Etats Unis devraient se sentir fier de voir que le Rwanda suit, voire mieux, leurs méthodes en utilisant tous les moyens légaux possibles, pour amener les criminels devant la justice. Ce pays de l’Afrique de l’Est ne fait rien de moins que ce qui se fait en Occident.
La Belgique a eu récemment un cas très similaire à celui de Rusesabagina. En effet la Belgique a kidnappé, selon les termes de Rusesabagina, un pirate somalien qui avait arraisonné un navire belge rien que pour obtenir une rançon. Plus tard, la Justice belge, par voie détournée, a ramené le pirate Belgique, en lui proposant de venir comme consultant pour aider un cinéaste à produire un film sur les pirates. A l’arrivée à l’aéroport national de Zaventem, le pirate a été accueilli, non pas par le metteur en scène comme cela été promus, mais par la police. Le cas de Rusesabagina ne pas très différent de l’aventure du pirate somalien en Belgique. Sauf que le cas de Rusesabagina est encore beaucoup plus grave en ce qui concerne les crimes.
Et la justice américaine pour un terroriste ?
Grâce aux lobbyistes et aux différentes activités génératrices de revenue, créés pour exploiter la personne de Rusesabagina, sans oublier la fondation qui porte le nom, “Rusesabagina” s’est transformé en réel héros à la place de celui du film, qui lui est un héros fictif, une création romantique d’Hollywood. Il a exploité à fond cette situation auprès des personnes compatissantes de la situation qu’a connue le Rwanda, et surtout auprès des Etats qui avaient tourné le dos pendant le génocide qui a exterminé un huitième de la population de tout le pays. Rusesabagina, et beaucoup d’autres personnes qui se sont formées autour de lui, ont trouvé dans cette erreur historique, une forte source de revenu facile.
Celui qui a vu le film Hôtel Rwanda, riche ou pauvre, il était prêt à donner de l’argent pour aider les orphelins du Rwanda. Et pourtant aucune activité n’a été financée au Rwanda par cette fondation. Les seules activités de Rusesabagina qui sont connues au Rwanda, sont celles du soutien au terrorisme.
Rusesabagina et sa famille osent beaucoup en prenant le risque de présenter son arrestation devant la Justice américaine. Une organisation sans but lucratif, amassant de l’argent et ne payant aucun impôt dans le pays. Au contraire, la fondation est la source financière visant à déstabiliser un autre Etat qui cherche à se reconstruire et qui est supposé être un pays ami.
Les citoyens américains qui travaillent avec Rusesabagina dans ses entreprises humanitaires qui couvrent des activités criminelles sont aussi responsables, non seulement devant le Rwanda, mais aussi et surtout devant leur Etat fédéral.
Il est certain que la grande bataille actuelle menée par la famille de Rusesabagina et ses collaborateurs en Amérique, elle vise deux objectifs : sauver ce qui peut l’être et surtout tout faire pour que les collaborateurs américains ne soient pas poursuivis par la Justice fédérale et pour qu’ils ne soient pas pris dans le tourbillon qui a remporté le monstre.
Ce qui est certain est que beaucoup d’affairistes et avocats de cas perdus, savent que Rusesabagina a amassé beaucoup d’argent ; et ils commencent à réaliser les gros risques qu’ils ont pris en s’engageant auprès d’un terroriste. Ils sont en train de presser à fond pour lui soustraire le dernier sou, en lui donnant des faux espoirs, juridiques, politiques voire l’utilisation des menaces.
Et pourtant le cas de Paul Rusesabagina est assez clair. C’est un cas perdu ! (Fin).
*Manzi Bakuramutsa est un ancien fonctionnaire de l’ONU (FAO, PNUD); ancien ambassadeur du Rwanda à l’ONU, Benelux, UE et Vatican