Arthur Germond, Directeur de AFD
Lors de la visite du Président Macron au Rwanda, il a été signé une déclaration conjointe qui indique que la France va mobiliser cinq cent (500) millions d’euros sur la période 2019-2023 en faveur du Rwanda. A l’heure qu’il est, plus de 60% de ces fonds ont été déjà engagés en faveur du Rwanda, selon Arthur Germond (A.G.), Directeur de l’Agence Française de Développement/AFD. Lire son interview à André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI-RNA) :
A.G. – AFD Etait présente à travers des financements des projets au Rwanda depuis 2010 et de manière plus poussée depuis 2019 suite à la visite du notre DG ici et à la décision du Gouvernement rwandais de reprendre notre activité. Néanmoins, il y a eu au mois de Mai une visite du Président Macron au Rwanda qui a permis de normaliser la relation entre les deux pays et dans le cadre de cette visite, il a été décidé de rouvrir une représentation de l’AFD ici à Kigali et pour nous, cette présence physique au Rwanda marque la volonté de faire plus pour accompagner le Gouvernement rwandais dans la réalisation de ses objectifs de développement. Et donc, c’est un vrai changement important pour nous, c’est la démonstration qu’on va faire plus de choses ici.
ARI – Est-ce que les Accords signés vont accélérer ?
A.G. – Oui. Vous savez, durant la visite de Macron, il a été signé une déclaration conjointe qui indique que la France va mobiliser cinq cent (500) millions d’euros sur la période 2019-2023 en faveur du Rwanda. Une grande partie de ces financements sera donnée à l’AFD ou apportée par l’AFD et notre présence ici va nous permettre d’avoir un dialogue plus étroit avec les différents ministères avec lesquels nous travaillons et d’accélérer la mise en œuvre des projets que nous avons.
ARI – Combien ont été déjà mobilisés sur les 500 millions d’euros ?
A.G. – Il y a en gros 60 % qui ont été engagés ou qui le seront d’ici la fin de l’année. L’objectif est de mobiliser encore 100 millions en 2022 et 2023. Les trois grands secteurs qui constituent le pilier de notre action ici au Rwanda, c’est le soutien au renforcement du capital humain, la jeunesse et l’éducation, avec en particulier la francophonie.
Le deuxième, c’est l’accès aux services de base en matière de développement humain sur la question en particulier de l’accès aux logements pour les populations les plus précaires. Et le troisième, c’est le soutien au développement économique, tout ce qui est soutien au secteur privé. On va s’appuyer sur la volonté de l’Etat rwandais de développer un écosystème autour de l’innovation et du numérique, mais aussi en s’appuyant sur le système financier rwandais en apportant des financements à la Banque de Kigali (BK) et la Banque rwandaise de Développement (BRD) pour leur permettre de soutenir les entrepreneurs du Rwanda. On a déjà un programme de soutien à la BK qui a permis de soutenir la création de 3000 emplois au Rwanda.
ARI – Est-ce qu’AFD est l’équivalent de RDB au Rwanda ?
A.G. – Ce serait plutôt l’équivalent de la BRD. On est un opérateur de l’Etat français qui apporte des financements aux gouvernements dans lesquels on intervient pour appuyer leurs politiques de développement en matière d’éducation, santé, de développement économique, agricole. On apporte des financements, de l’assistance technique, on crée des liens la France et ces pays. Dans le cadre du Rwanda, il y a une demande forte du Gouvernement de bénéficier de l’expertise française dans les domaines comme le numérique et l’innovation.
ARI – AFD existe aussi en France ou c’est seulement l’extérieur ?
A.G. – Alors, nous avons une activité en France, mais principalement l’étranger. Nous intervenons en tant que financier dans les départements et territoires d’outre-mer. On soutient beaucoup les collectivités territoriales, notamment en matière de santé, logement, adaptation aux changements climatiques. On intervient en métropole et dans l’outre-mer sur les questions d’éducation au développement Et l’idée, c’est de mobiliser les ressources pour faire comprendre aux Français l’importance de la politique d’aide publique au développement et de solidarité internationale parce qu’une partie de l’activité de l’AFD est français par les impôts des citoyens français. Donc, il est important de savoir pourquoi on utilise son argent en dehors du territoire français et pourquoi c’est important que la France contribue à la lutte contre le changement climatique, lutte contre la pauvreté, s’impliquer pour l’égalité entre femme et homme.
ARI – Les entreprises qui travaillent avec vous ?
A.G. – L’AFD ne finance pas les entreprises françaises. Cela peut arriver que les entreprises françaises remportent des offres lancées. Mais nous au Rwanda on intervient en soutien au Gouvernement du Rwanda et à ses politiques publiques. Lorsqu’on finance la construction d’une école ou d’un marché, on finance les Ministères de tutelle qui vont ensuite mettre en œuvre ces projets. S’ils ont besoin de faire des travaux, ils peuvent faire un appel d’offre sur lequel une entreprise française peut apporter une offre et éventuellement être retenue. Mais notre mandat n’est pas le soutien aux entreprises françaises. On n’est pas là pour faire la promotion des entreprises françaises. Pour cela, il y a d’autres outils de l’Etat français gérés par le Ministère des Finances. Ce n’est pas notre mandat.
ARI – Donc, les grands piliers d’interventions sont :
A.G. – On a trois grands piliers d’intervention au Rwanda. 1/Le soutien au renforcement du capital humain avec un accent sur l’éducation et le soutien à la jeunesse, y compris le soutien en matière de sport, de santé au travers de ce qu’on a pu faire pour soutenir la politique du Gouvernement en matière de lutte conte le Covid-19 pour lui permettre de faire la vaccination sur l’ensemble du territoire. 2. Accès aux services de base : logement ou énergie. 3. Développement et soutien au secteur privé
ARI – Le Rwanda n’a pas à rembourser ?
A.G. – Il y a une partie qui se fait sur don. C’est l’argent du contribuable français qui est donné au Rwanda. C’est par exemple le cas du projet Isonga-le meilleur des meilleurs- de soutien au sport scolaire. Une grande partie de notre activité est malgré tout financée sur prêt. Sur ces prêts, l’Etat du Rwanda devra rembourser l’AFD.
ARI – Le Rwanda va rembourser combien sur les 500 millions d’euros ?
A.G. – Je n’ai pas le chiffre exact. Mais les trois quarts sont des prêts probablement.
ARI – Qui êtes de vous ? Vous êtes encore jeune. Vous dirigez une grande institution. Est-ce la politique du Président Macron de propulser des jeunes dans son administration ?
A.G. – Je suis un employé de l’AFD depuis plus de 15 ans. J’ai réalisé la moitié de mon parcours au siège à Paris. L’autre moitié sur le terrain : Afrique du Sud, Kenya, Liban où j’étais avant d’arriver au Rwanda. Je ne suis pas fonctionnaire. L’AFD qui est une institution publique emploie des salariés de droit privé. Moi j’ai été nommé par la direction générale de l’AFD ici qui je crois a aussi la volonté de promouvoir la jeunesse dans le management. Mais après je fais plus jeune que ce que ce que je suis réellement. J’ai 39 ans. Donc, je ne vais pas parler au nom de la jeunesse. (Fin)