Plus de 70 Burundais arrêtés en 8 mois pour avoir été clandestinement au Rwanda

La frontière entre le Burundi et le Rwanda, côté Mugina © SOS Médias Burundi

Les populations des collines frontalières avec le Rwanda en commune Mugina, dans la province de Cibitoke (nord-ouest du Burundi), ne cachent plus leurs inquiétudes. Plus de 70 personnes ont déjà été arrêtées par la police dans une période de 8 mois, accusées de traverser la frontière illégalement.

Selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, des habitants demandent la réouverture de la frontière fermée.  

76 personnes dont une quarantaine d’Imbonerakura (membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD), originaires des collines de Nyempundu, Gitumba, Kagurutsi et Nyamakarabo de la commune de Mugina en province de Cibitoke, ont été interpellées dans une période ne dépassant pas 8 mois pour avoir franchi la frontière vers Rwanda.

Une source administrative locale signale qu’il agit de commerçants clandestins qui partent au Rwanda pour y vendre certaines marchandises constituées entre autres de farine de manioc, du café et riz et retournent au Burundi avec de la pomme de terre et des produits cosmétiques.

L’administration indique que « le commerce transfrontalier est strictement interdit dans cette période où les frontières terrestres sont fermées entre les deux pays ».

Une source sur place indique que « la fermeture des frontières a aggravé la pauvreté des habitants frontaliers notamment du côté burundais. Ceci pousse les gens à prendre le risque de franchir illégalement la frontière ».

Un administratif qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat reconnaît que la fermeture des frontières entrave la circulation des biens et des personnes et que ce sont les habitants qui paient le lourd tribut.

La même autorité confirme l’arrestation de certains de ses administrés. Une partie d’entre eux est détenue au cachot provincial de la police alors qu’une autre est à la prison centrale de Mpimba dans la ville commerciale Bujumbura.

La chasse aux personnes qui voyagent vers le Rwanda bat son plein et la peur se lit sur le visage des habitants frontaliers qui, néanmoins ne sont pas prêts à y renoncer.

La dépréciation de la monnaie burundaise pousse les agriculteurs à vendre leurs produits agricoles de l’autre côté de la frontière où le taux de change du franc rwandais vaut plus de quatre fois le franc burundais.

Malgré les tracasseries orchestrées par les autorités administratives et policières pour contraindre ces habitants de ne plus se rendre au Rwanda, ils restent déterminés à poursuivre leurs affaires au-delà de la frontière.

Des réunions régulièrement tenues par les administratifs à différents niveaux pour dissuader les populations frontalières d’observer la mesure de fermeture des frontières ne sont ainsi pas dans l’ensemble respectées.

Le gouverneur de Cibitoke Carême Bizoza menace de sanctions sévères tout récalcitrant avant de rappeler à toute la population que les frontières terrestres entre les 2 pays sont officiellement fermées. 

Carême Bizoza interpelle également son collègue du district de Rusizi (province de l’Ouest- Rwanda) pour surveiller de près les mouvements migratoires à la frontière dans ce contexte de fermeture des frontières.

Les autorités burundaises ont fermé les frontières avec le Rwanda en janvier dernier, reprochant au gouvernement rwandais et au président Paul Kagame personnellement d’entretenir des groupes terroristes burundais, surtout le groupe armé Red-Tabara basé dans le Sud-Kivu à l’est de la RDC. Mais le Rwanda a toujours rejeté cette allégation. (Fin)