
Marguerite Barankitse lors d’un anniversaire de la maison Slalom, Kigali 2019 © SOS Médias Burundi
En 2024, la Maison Shalom a joué un rôle clé dans l’éducation et l’autonomisation économique des jeunes réfugiés burundais au Rwanda. Grâce à ses efforts, plus de 7000 jeunes ont pu poursuivre leur scolarité ou bénéficier de formations professionnelles.
Cependant, malgré ces réalisations, l’organisation doit faire face à des défis persistants, notamment en raison du contexte politique qui entoure sa fondatrice, selon le Collectif SOS Médias Burundi qui a réalisé ce dossier.
Pour de nombreux jeunes réfugiés burundais au Rwanda, la Maison Shalom incarne un véritable espoir. En 2024, l’ONG a soutenu plus de 7000 jeunes dans leur parcours scolaire, que ce soit au niveau primaire, secondaire, universitaire ou encore dans des formations professionnelles.
Privés d’éducation en raison de leur exil et de difficultés financières, plus de 75 % de ces jeunes avaient abandonné l’école avant de fuir le Burundi. Claude Niyonzima fait partie de ceux qui ont pu reprendre leurs études grâce à cette organisation.
« Lorsque j’ai été contraint à l’exil, je ne savais pas comment poursuivre mes études secondaires. Heureusement, j’ai pu continuer au Rwanda. Après le secondaire, j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’université, dans le département d’économie d’entreprise de la faculté de banque et de finance. Une fois encore, la Maison Shalom a été présente pour me soutenir tout au long de mon parcours », témoigne-t-il dans le rapport annuel 2024 de l’ONG.
Diplômé aujourd’hui, il mesure l’importance du soutien reçu : « Ce soutien a été déterminant dans ma vie. Je suis profondément reconnaissant à la Maison Shalom de m’avoir permis de me construire un avenir malgré les obstacles. »
La formation professionnelle, une alternative essentielle
L’ONG ne se limite pas à l’enseignement classique. Elle offre aussi des formations professionnelles à ceux qui n’ont pas pu poursuivre leur scolarité.
Plus de 4000 jeunes ont ainsi acquis des compétences dans divers domaines : agriculture, élevage de petits bétails, maçonnerie, charpenterie, coiffure, art culinaire, multimédia, informatique, mécanique et peinture.
L’autonomisation économique des réfugiés
La Maison Shalom a mis en place des activités génératrices de revenus pour favoriser l’autonomie des réfugiés. Un budget de près de 100 millions de francs rwandais a été investi dans des projets bénéficiant à plus de 2600 personnes vulnérables, notamment dans le camp de Mahama, qui accueille plus de 63 000 réfugiés burundais et congolais, ainsi qu’au sein des réfugiés urbains.
Des défis persistants
Malgré ces réalisations, les défis restent immenses. Le Rwanda accueille plus de 50 000 réfugiés burundais, et les ressources disponibles ne suffisent pas à couvrir tous les besoins en éducation et en autonomisation économique.
De l’humanitaire à l’exil forcé
Un autre obstacle majeur concerne la fondatrice de la Maison Shalom, Marguerite Barankitse, aujourd’hui exilée au Luxembourg. Longtemps célébrée au Burundi pour son engagement humanitaire, elle a été honorée par l’ancien président Pierre Nkurunziza qui l’avait surnommée « Maman Burundi ».
Toutefois, avec la crise politique de 2015, la situation bascule. Barankitse est accusée de liens avec la tentative de coup d’État de la même année. Un mandat d’arrêt international est émis contre elle, et en janvier 2020, le gouvernement burundais saisit tous les biens de la Maison Shalom à Ruyigi : maisons, hôpital, microfinance et orphelinat.
Face à ces accusations, Marguerite Barankitse reste ferme : « Parmi ceux qui me haïssent aujourd’hui, beaucoup ont bénéficié de l’aide de la Maison Shalom. Mais rien n’arrêtera la force de l’amour. Je resterai debout dans la dignité. »
Elle dénonce également ce qu’elle qualifie de « crime contre l’humanité » : « Ils ont mis des orphelins à la rue en confisquant des biens privés. Ce n’est pas à la Maison Shalom de répondre des accusations qui me sont adressées. Il faut savoir distinguer une œuvre de sa fondatrice. »
Malgré son exil, elle ne compte pas renoncer à son engagement humanitaire. Le Rwanda, de son côté, reconnaît officiellement sa fondation, qui, selon Aissatou Dieng-Ndiaye, représentante du HCR au Rwanda, constitue « un partenaire incontournable pour le relèvement communautaire des réfugiés ». (Fin)