Une pancarte désignant un site de transfert d’argent sur la carte bancaire de réfugiés au camp de Mahama
Plus de mille réfugiés essentiellement burundais n’ont pas encore eu de ration depuis trois mois. Normalement, la ration est distribuée chaque mois. Les réfugiés bénéficient de sommes d’argent en francs rwandais sur leur carte bancaire.
Les concernés demandent au ministère rwandais en charge des réfugiés de trouver une solution à ce problème, selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information.
L’heure est à la perception de la ration mensuelle en monnaie au camp de Mahama au Rwanda pour le mois de janvier 2023. Cependant, plus d’un millier de réfugiés attendent toujours d’être servis, depuis trois mois, en vain.
« Imaginez que nous n’avons rien à manger moi et ma famille de cinq membres depuis fin novembre. Ils me doivent une ration de trois mois. Il y a d’autres compatriotes qui accusent deux mois d’arriérés. Pire encore, le PAM ne nous écoute presque pas », dénonce un père de famille.
Lui et d’autres chefs de ménage se trouvent sur une ligne, devant un agent bancaire à Mahama pour constater désespérément que leur carte n’est pas encore alimentée.
La plupart de ceux qui n’ont pas vu leur nom sur les listes de distribution sont de la catégorie sociale I et de la catégorie II. Un réfugié du premier groupe doit recevoir 7.000 francs rwandais (environ 7 USD), celui du second perçoit la moitié de cette somme.
La catégorisation sociale est faite suivant des critères de vulnérabilité pré-établis par le HCR et le gouvernement d’accueil.
« Nous sommes fatigués car nous sommes laissés à nous-mêmes. Nous nous plaignons auprès du HCR qui nous renvoie chez le PAM, ce dernier nous remet dans les mains de la banque Equity qui gère notre argent dans le camp. Et la banque nous dit qu’elle n’a pas encore eu notre liste en provenance du PAM, nous nous dirigeons vers les agents de Equity Bank à Kabeza qui nous disent toujours la même chose : on ne vous retrouve pas dans le système », se désolent des réfugiés qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.
Mi-décembre 2022, la CBDH/VICAR, une coalition qui milite en faveur des droits des réfugiés, s’est alarmée et a essayé d’en savoir plus en demandant à la Banque Equity de lever les équivoques.
« La banque a répondu qu’elle s’active pour synchroniser son système afin de servir ces réfugiés », a laissé entendre Léopold Sharangabo, vice-président de cette coalition.
Un mois après, le problème n’est pas encore résolu. Pire encore, la liste des bénéficiaires lésés s’allonge chaque mois.
« Cela montre que nous sommes délaissés. Que ce soit le HCR, le PAM ou encore la banque Equity qui a gagné le marché de servir les réfugiés en Cash, tous ces partenaires sont complices et responsables de notre misère », chargent des occupants de Mahama.
Ils demandent au ministère rwandais en charge des réfugiés de résoudre cette situation qui aggrave leurs conditions de vie et qui, disent-ils, risque de leur pousser à prendre « une mauvaise décision de rapatriement forcé ».
Le camp de Mahama situé plus à l’Est du Rwanda compte actuellement plus de 45 mille réfugiés à majorité burundais, le reste étant des Congolais. (Fin)