Kigali: Après l’attaque du FPR dans le but de libérer le pays, en 1990, les autorités créèrent des milices qui devaient être entraînées militairement.
Dans une lettre du Ministère de la Défense Nationale adressait « Au Chef EM AR», avec comme objectif: «Armement Police Communal », il est dit : « Par ma lettre no 1424/02.1.9 du 15 novembre 1990, j’ai demandé au Ministre de l’Intérieur et du Développement de désigner trois policiers réservistes par Commune frontalière pour recevoir une instruction d’armement en vue d’aller instruire à leur tour leurs collègues ».Dans cette lettre, on montre toute un protocole à suivre, tracé par le Ministère de la Défense Nationale, pour l’entraînement militaire et distribution des armes.
Au cours de ces entraînements militaires, la population a adhéré progressivement à l’idéologie du « Hutu Power » en 1993, véhiculée par des groupes de milices qui l’encadraient. Cyasa affirme qu’à part les Interahamwe et Impuzamugambi qui étaient présent dans toute la Préfecture de Kibungo, il y avait d’autres groupes de milices qui ont été créés durant la période de 1990 à 1994 dans différentes régions de la Préfecture de Kibungo.
Abarinda: ce groupe a été créé dans le Secteur Gasetsa dans la Commune Kigarama. Celle-ci était une Commune natale du Colonel Pierre Célestin Rwagafilita. Cette milice était présente notamment dans la Commune Kabarondo.
Simba Bataliani: groupe armé dangereux constitué d’anciens militaires des FAR. Ce groupe de milice était connu pour ses exactions meurtrières dans la région de Kabarondo. Ce groupe était présent notamment dans les Communes Kabarondo, Kigarama et Muhazi.
Abajekaro: ce groupe de milice a été créé par Charles Murwanashyaka (ex-gendarme) et président de MRND dans la Commune Kigarama. Selon un témoin, ce groupe de milice recevait leur formation militaire au Parc National d’Akagera à Mpanga. Il était formé par Charles Murwanashyaka et des militaires français.
Un brigadier de la Commune Rukara, Gervais Ruhiguri a dévoilé que les armes à feu qui ont été utilisées pour tuer les Tutsi de cette Commune leur ont été procurées au Parc de l’Akagera en 1990. Il a aussi montré que la plupart des Tutsi de Rukara ont été tués par le groupe des milices Abajekaro.
Attaque: ce groupe était de Karama, Commune Kigarama, et a été créé en mai 1993 par Déo Yagahanze qui fut au début Président d’Interahamwe dans la Préfecture de Kibungo, en mai 1993. Celui-ci a été remplacé et est alors devenu vice-président d’Interahamwe.
Club AMASASU : Ce groupe de miliciens a été formé à partir d’AMASASU composait d’Officiers supérieurs tel qu’évoqué plus haut. Il avait les mêmes objectifs que le précédent et a été créé par Melchiade Tahimana de la Commune Birenga. Les recrues de ce groupe de milices étaient choisies parmi les jeunes hutus et les Burundais du parti PALIPEHUTU. Ils étaient envoyés à Gabiro dans la Préfecture de Byumba pour y recevoir des entraînements militaires.
En abondant dans le même sens, un informateur de la Commune Birenga raconte que depuis 1993, Tahimana Melchiade qui était bourgmestre emmenait les Interahamwe et les jeunes burundais de PALPEHUTU à Gabiro pour l’entraînement militaire. Avant d’aller à Gabiro ils allaient au Secteur Kazo pour prendre des bus qui les conduisaient à Gabiro.
Abazayire: ce groupe de milice fut créé par Sylvain Mutabaruka, en Commune Sake, Secteur Rukumberi. Ce groupe a été actif lors de l’extermination des Tutsi pendant le génocide dans cette Commune.
Abisirayeli: Ce groupe de milice s’est attribué ce nom des « Enfants de Dieu», en croyant avoir la protection du Seigneur. Il a été créé dans la Commune Rusumo. Il tenait des barrières très dangereuses que l’on appelait « Igorogota» allusion au « Golgotha » où Jésus fut crucifié. Leurs barrières se situaient surtout dans la sous-préfecture de Kirehe tout près du bureau de la sous-préfecture et au Centre de Santé de Kirehe.
Les leaders de Kibungo dont le Colonel Pierre Célestin Rwagafilita, et les Bourgmestres de la Préfecture de Kibungo avaient créé ces groupes des milices et leur ont distribué des armes. Dans la Ville de Kibungo, il y avait un centre communal de formation permanente des milices ce qui confirme l’existence du plan génocidaire. (Fin)