Kigali: Comme le révèle l’étude menée par la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) sur l’histoire du génocide perpétré contre les Tutsi dans l’ancienne préfecture de Ruhengeri, les Tutsi ont été tués lors de patrouilles nocturnes.
À partir du 1er octobre 1990, des barrières ont été installés dans différentes zones de la préfecture de Ruhengeri et un programme de surveillance nocturne a également été mis en place. Même si les patrouilles nocturnes étaient destinées à assurer la sécurité du citoyen, c’était encore pire pour les Tutsi, car tous les Tutsi qui allaient aux patrouilles étaient tués là-bas. Il est arrivé par la suite que les Tutsi paient beaucoup d’argent pour ne pas pouvoir participer à des patrouilles de nuit.
Un témoin de cette étude, originaire de la commune de Nkuli, n’était pas pourchassé, a déclaré que ce sont les responsables des cellules qui forçaient les Tutsi à aller aux patrouilles de nuit pour pouvoir les tuer.
Le témoin explique que «le conseiller du secteur de Mukamira, Anastase Kabutura, nous a ordonné d’établir des patrouilles de nuit pour éviter ce qui se passait dans les volcans, afin que cela ne puisse pas s’étendre à notre région. Au cours de ces patrouilles nocturnes, ils enlevaient des Tutsi adolescents et adultes et les emmenaient aux patrouilles nocturnes sans jamais rentrer chez eux. Parmi ceux porté disparus il y a Bundugu, Joël Kanyeshuri, Haleluya, Havugimana et d’autres personnes qui ont été emmenées aux patrouilles et y ont été tués.
Anastase Kabutura a également enlevé les Tutsi, notamment Rwabukamba, Kayobotsi et Kanyugunyugu, et les a emmenés à un poste de patrouille de nuit d’où ils ont été tués ».
Dans l’ancienne commune de Gatonde, ce sont les membres de la cellule qui allaient et amenaient de force des hommes Tutsi, adolescents ou adultes, aux patrouilles nocturnes. Les membres de la cellule faisaient du porte-à-porte dans les foyers Tutsi et forçaient les hommes adolescents et adultes à aller aux patrouilles de nuit. Lors des patrouilles, ils étaient durement battus.
Un autre témoin de cette étude explique qu’« un jour, ils ont emmené mon père, Rurinda Félicien; quand il atteignit le poste de patrouille, ils l’encerclèrent. L’un des membres de la patrouille a haussé sa machette dans tenter de le couper. Un collègue a saisi le bras, l’empêchant ainsi de couper mon père. À son retour, il a dit qu’il avait été sauvé par la miséricorde et la protection de Dieu».
Outre les massacres perpétrés lors de patrouilles nocturnes, les Tutsi de l’ancienne préfecture de Ruhengeri ont subi d’autres actes de violence, notamment la privation de leurs biens sous prétexte qu’ils étaient des espions du FPR, la torture et la privation des droits dans leur propre pays. (Fin)