Le ministère public a requis ce mercredi 15 décembre quinze ans de prison contre Claude Muhayimana, un chauffeur franco-rwandais jugé par la Cour d’Assises de Paris pour son rôle dans le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994.
Claude Muhayimana, 60 ans, était à l’époque chauffeur de l’hôtel Guest House à Kibuye, sur les rives du lac Kivu. Il «a contribué au génocide en tant que conducteur et transporteur des tueurs sur une très longue période de trois mois», a déclaré le ministère public, estimant qu’il a été un «acteur du génocide», un «maillon» et un «rouage indispensable dans le dispositif de cette traque des Tutsi jusqu’au dernier».
L’accusation a demandé aux jurés de la cour d’assises de «ne pas permettre» à Claude Muyahimana «d’échapper à ses responsabilités» dans les crimes dont il est accusé «et de le condamner à une peine de 15 ans de réclusion criminelle».
Mais le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), qui lutte contre la présence en France de présumés génocidaires rwandais, aurait souhaité un réquisitoire plus sévère au regard des faits reprochés à l’accusé.
«Procès Muhayimana. Après un réquisitoire accablant du ministère public, une peine de 15 ans de réclusion est demandée. Immense déception du CPCR. Verdict demain », déplore Alain Gauthier, président du CPCR, à l’origine de la plainte contre Claude Muyahimana et qui s’est constitué Partie Civile.
Alors qu’il était chauffeur d’une guest-house à Kibuye (ouest du Rwanda) en 1994, Claude Muhayimana est accusé d’avoir «aidé et assisté sciemment», entre avril et juillet, des gendarmes et des miliciens en assurant leur transport sur des lieux de massacres, notamment dans les régions de Kibuye (72.000 victimes estimées) et Bisesero (50.000 victimes estimées).
La défense le décrit comme un «simple citoyen», tombé dans «le chaos du génocide». L’accusé ne «pouvait ignorer» les destinations et objectif funeste des transports avec la camionnette qu’il est accusé d’avoir conduite chargée notamment de miliciens «Interahamwe» (bras armés du génocide) entonnant le chant «Exterminons les», a relevé pour sa part l’accusation.
Le procès s’est ouvert le 22 novembre 2021 devant la cour d’assises de Paris. Le verdict est attendu demain 16 décembre. Il s’agit du troisième procès en France lié au génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. (Fin)