Cet après-midi, le Ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Dr Vincent Biruta, a remonté l’histoire de la création du M23 et il a pointé du doigt les causes à l’origine du différend actuel entre le Rwanda et la RDC.
« Les hostilités entre les FARDC et le M23 ont débuté en 2021. Juste dix ans après que ce mouvement ait été défait et qu’une partie ait trouvé refuge en Ouganda, et une autre au Rwanda. La faction du M23 qui attaque la RDC est partie de l’Ouganda. Et pourtant la RDC accuse constamment le Rwanda de soutenir le M23. Une guerre médiatique s’est amplifiée en incriminant le Rwanda, jusqu’à proposer des sanctions à son encontre. La RDC refuse toujours de négocier avec le M23 auquel il renie la citoyenneté congolaise, alors que ce sont des Congolais d’expression rwandophone. Le conflit ne peut être réglé aussi longtemps que la RDC ne veut pas aller à la racine du mal », a expliqué Biruta.
Le problème a débuté quand certaines parties du Royaume du Rwanda lui ont été amputées pour être rattachées aux pays voisins, notamment à la RDC et à l’Ouganda.
Ce dépècement a eu lieu à Bruxelles en Belgique le 02 Février 1910. C’était lors d’une réunion entre l’Allemagne, pays qui colonisait le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, d’une part ; et la Belgique colonisait le Congo, d’autre part. Il faut y ajouter l’Angleterre qui colonisait le Kenya et l’Ouganda.
Les décisions de cette réunion sont entrées en vigueur le 14 Mai 2010. Chaque colonisateur a pris son morceau. Ainsi certains Rwandais se sont retrouvés rattachés au Congo, et d’autres à l’Ouganda. Par la suite, d’autres Rwandais ont été pris par la Belgique pour être affectés dans les travaux agricoles et miniers au Congo. Lors des troubles de 1960 à 1973 au Rwanda, une hémorragie de réfugiés a quitté le Rwanda pour le Congo. La majorité sont rentrés après l’arrêt du Génocide contre les Tutsi.
Biruta poursuit en soulignant que depuis l’indépendance du Congo en 1960, les Congolais rwandophones n’ont pas connu de répit. Ils ont été persécutés pour des motifs politiques, tantôt acceptés comme des citoyens congolais, tantôt rejetés comme des étrangers.
Les choses se sont empirées avec l’arrivée des génocidaires chassés du Rwanda et que le Congo a accueillis chez lui sans les désarmer.
En 1996, l’ex-chef d’Etat-major des FAR, le général Augustin Bizimungu, s’est installé dans le territoire de Rutshuru et a poursuivi une chasse aux Tutsi congolais.
C’est à partir de là que le Rwanda a commencé à accueillir une vague de réfugiés congolais rwandophones.
Face aux violences persistantes, le gouvernement congolais ne défendait pas ses propres citoyens. Ceux-ci se sont organisés pour assurer leur propre auto-défense. Ils ont créé RCD Goma, devenu CNDP, puis M23.
Finalement le gouvernement de la RDC a accepté les requêtes du CNDP de rentrer les réfugiés chassés par les FDLR, et d’intégrer en une armée nationale les combattants du CNDP et des autres groupes armés. Ces accords ont été signés le 23 Mai 2009. Mais le gouvernement congolais ne les a pas mis en œuvre. Il a continué au contraire à soutenir les FDLR génocidaires, en leur fournissant armes et munitions. Jusqu’à ce jour.
Biruta déplore que la RDC ne veut pas de ses propres citoyens rwandophones, et qu’il les met sur le dos du Rwanda, et que la communauté internationale le croit ainsi.
Biruta a expliqué aux parlementaires que trouver une réponse au conflit en cours exige de remonter à sa racine et aux causes profondes qui ont poussé le M23 à prendre des armes pour la défense des droits des congolais rwandophones.
A propos des relations entre le Rwanda et les autres pays de la Communauté est-africaine, et même entre avec l’ensemble de la communauté internationale, Biruta affirme que les rapports sont bons. Sauf les rapports avec la RDC qui sont tendus. (A suivre…)