L’Expert camerounais des ressources forestières et des aires protégées dans les pays de l’Afrique Centrale, Patrice Bigombe Logo, estime que la RCA (République Centrafricaine) doit privilégier les préalables suivants qui le guideront vers une stabilité, à savoir : dialogue, désarmement, retour à un sentiment de construction inclusive de la stabilité politique. Lire son entretien avec André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI-RNA) :
ARI- En RCA, les gisements profitent-ils au pays ?
PBL – Le problème de la Centrafrique, c’est un problème d’abord de mise en place d’une communauté politique stable. Et c’est le premier problème qu’il faut régler. Tant qu’on n’aura pas réglé la question de l’étatisation, c’est-à-dire de la formation d’un Etat, on ne peut pas sereinement envisager des politiques d’exploitation naturelle qui soient bénéfiques à la communauté nationale et aux populations. Vous savez que depuis l’accès de ce pays à l’indépendance, l’instabilité de ce pays est une caractéristique majeure. La priorité actuelle pour les Centrafricains, c’est de mettre en place une communauté politique stable, basée sur un dialogue inclusif de toutes les forces politiques du pays. Parce que les ressources sont là. Les ressources forestières, minières, les différentes ressources naturelles existent, mais la crainte que nous avons est que le contexte d’instabilités peut conduire à une exploitation anarchique de ces ressources et non bénéfique à la fois pour l’Etat et pour les populations centrafricaines. Et donc le travail à faire pour les acteurs politiques centrafricains, c’est de véritablement s’asseoir et de dégager les différents éléments nécessaires pour asseoir une communauté politique.
ARI- Le président actuel et les groupes armés…
PBL – Ce qui est sûr, c’est que peu importe le temps que ça prendra, les Centrafricains se retrouveront. Maintenant, il y aussi la géopolitique internationale. Parce que vous savez que la RCA est aussi convoitée par les puissances occidentales, la Russie et tout, mais il faut espérer qu’au-delà de ces aspects-là, les différentes forces politiques, y compris les groupes armés, trouveront une option pour pouvoir se retrouver et discuter. Parce que je sais que les dernières négociations n’ont pas pu aller au bout, parce que les groupes armés n’ont pas voulu d’abord désarmer avant le dialogue national.
Ce qui est fondamental à mon sens, c’est qu’on ne peut aller à un dialogue sans qu’on accepte d’abord d’entrer dans une dynamique de désarmement. Le gouvernement a été clair avec les groupes armés, c’est qu’on ne peut pas dialoguer avec l’arme sous la tempe.
Et aussi le soutien de la communauté africaine parce qu’à mon sens, en dehors des pays voisins comme le Cameroun, le Congo, dans une certaine mesure le Tchad etc., on sent quand même que la RCA a besoin de l’Afrique, de l’UA, pour que le pays sente que la communauté africaine a besoin que ce pays retrouve la paix, la réconciliation, et soit le pays stable qu’on a connu il y a quelques années. Voilà globalement à mon avis les orientations qu’il faudrait prendre. Donc, dialogue, désarmement, retour à un sentiment de construction inclusive de la stabilité politique, et bien évidement que le gouvernement et les populations centrafricaines, c’est l’espoir pour les années qui viennent. (Fin)