Dr. Denis Mukwege
By Manzi Bakuramutsa*
Différentes stratèges ont été mises en place pour empêcher Dr. Denis Mukwege, à se rendre à Kisangani, la province à côté, où il était prévu de donner des conférences scientifiques au monde académique entre le 18 et le 19 août 2022.
En effet, la semaine dernière, il était prévu que Dr Mukwege se rende dans la ville de Kisangani, comme invité de l’Université de Kisangani pour donner une série des conférences dites « scientifiques » aux intellectuels de la ville et au milieu académique de l’université.
A la dernière minute, les responsables académiques ont dû renoncer à la venue de Mukwege en invoquant des craintes de débordements, sans donner d’autres détails.
Les partisans de Mukwege ont considéré le refus de son intervention à l’Université, comme une « censure » qu’ils ont dénoncée sans réserve.
Ainsi, les conférences de Mukwege, ont été délocalisées, par ses partisans, à l’Institut français de Kisangani. Mais jeudi matin, alors qu’il devait quitter Bukavu pour se rendre à Kisangani, le médecin a été bloqué à Panzi (Bukavu) par des motards qui manifestaient en ayant ériger des barricades. Officiellement, l’incident est considéré comme un simple hasard.
Évidemment, aucune intervention publique ne s’est manifestée pour dégager les voies pour que le Prix Nobel de la Paix, puisse prendre la route vers l’aéroport, selon ses partisans réunis dans la « Dynamique des Universitaires congolais » (DUC). Cette organisation a dénoncé une instrumentalisation des motards.
Mukwege, candidat des Européens ?
N’oublions pas que Mukwege est un candidat potentiel aux présidentielles de 2023 et que ceci peut expliquer cela. La bataille de campagne a donc déjà commencé en sourdine.
Il est intéressant de noter que dès que l’Université a mis son véto aux conférences de Mukwege, c’est l’Institut français de Kisangani qui a offert son espace pour les accueillir. Est-ce la hardiesse ou le manqué de discernement?
Il est au tant étonnant que Mukwege ou ses partisans aient mis en alerte l’Union européenne, qui a son tour lui a apporté ce lundi son soutien, en condamnant les « intimidations et menaces » proférées à l’encontre de l’homme qui répare les femmes, le « militant des droits de l’homme », le nouveau titre qui lui ait collé.
L’UE rappelle aussi « la responsabilité des autorités de la RDC de protéger ses citoyens, et la porte-parole de Borrell, a repris le message préféré de Mukwege qui est celui de « la lutte contre l’impunité, la seule arme qui peut mettre fin à la spirale de la violence ». Facile à dire en RDC !
La candidature de Mukwege ne fait pas plaisir à tout le monde
Un certain nombre des responsables européens, dont certains ont contribué à l’obtention de son Prix Nobel, poussent Dr. Mukwege, à la prise de pouvoir à Kinshasa par les urnes. Mais ils oublient qu’il y a une meute de requins qui eux aussi guettent pour le seul et même fauteuil présidentiel. Dès que Mukwege, un outsider, s’est mis à découvert, comme un candidat potentiel, il est devenu l’homme à abattre.
Mukwege est incontestablement un bon gynécologue avec les qualités humaines qui vont avec. Mais malheureusement cela ne lui confère ni la compétence, ni le pouvoir ni les moyens de sauver la RDC de son état actuel. Il a vite montré ses limites.
Son analyse politique reste toujours émotionnelle quand il s’agit de son dada « mapping report » qui pour lui doit engendrer un tribunal international. Il ne s’est jamais demandé sur la véracité de ce rapport, ni sur plusieurs autres écrits qui démontent le contenu de « mapping report » sans autre forme de procès.
Et son fameux tribunal international, si jamais voit le jour, Mukwege sera surpris de pays sans ne parler de personnes qui y seront traduits, dont certains sont ses supporteurs. D’où le soutien aveugle qu’ils lui apportent pour atteindre leurs objectifs.
Tout homme qui a le « ubumuntu » partage entièrement l’œuvre de Mukwege, ce médecin sensible qui répare les femmes et qui fustige les auteurs de ces actes ignobles. Il est certain qu’il est bien au courant de ce que les femmes Tutsi ont enduré pendant le génocide en 1994 au Rwanda. Mais, sait-il que les auteurs de ces crimes au Rwanda, sont ceux-là même qui ont été accueillis à bras ouverts en RDC, et qu’ils ont continué à faire de même contre les femmes dans ce pays d’accueil ? Parmi les clientes de Mukwege, certaines femmes sont les victimes de ces criminels inhumains.
Il est certain que Mukwege sait que ces genres de crimes sont éradiqués au Rwanda. Et que la plupart de ces criminels, refugiés en RDC, le Rwanda les a récupérés, rééduqués et réinsérés dans la société rwandaise.
Mukwege sait-il que les criminels qui sont encore en RDC, sont en pleine collaboration avec les FARDC, et qu’ils sont actuellement en train de combattre côte à côte au Kivu ?
Si Mukwege devient président de la RDC, les femmes perdront un bon médecin et le pays qui est au bord du gouffre, fera le pas de plus ! (Fin).
* Manzi Bakuramutsa est un ancien fonctionnaire de l’ONU (FAO, PNUD); • Ancien ambassadeur du Rwanda à l’ONU, Benelux, UE et Vatican