Les autorités congolaises et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont proclamé mercredi la fin de la 11ème épidémie d’Ebola dans l’histoire de la République démocratique du Congo (RDC), qui a fait 55 morts depuis son apparition le 1er juin en Equateur, province dans le nord-ouest du pays.
« Aujourd’hui marque la fin de la 11ème épidémie de la maladie à virus Ebola en RDC, près de six mois après que les premiers cas ont été enregistrés dans la province de l’Équateur », précise l’OMS dans un communiqué.
« Combattre Ebola en parallèle de la Covid-19 n’a pas été aisé, mais l’essentiel de l’expérience acquise pour une maladie peut être transféré à une autre et souligne l’importance d’investir dans la préparation aux urgences et de renforcer les capacités locales », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Déclarée le 1er juin 2020 dans l’ouest de la RDC, l’épidémie a eu lieu alors qu’une autre flambée d’Ebola ralentissait dans l’est du pays, avant d’être officiellement déclarée finie le 25 juin 2020. Les deux épidémies étaient géographiquement très éloignées l’une de l’autre et le séquençage génétique a montré qu’elles n’étaient pas liées.
A la fin de l’actuelle 11ème épidémie d’Ebola, dans la province de l’Équateur, on comptait 119 cas confirmés, 11 probables, 75 personnes guéries et 55 décès.
Une vaccination largement utilisée sur plus de 40.000 personnes
Comme lors de la 10ème épidémie dans l’Est (plus de 2.200 morts), la vaccination a été largement utilisée sur « plus de 40.000 personnes ».
Selon l’OMS, la plupart des intervenants ont été mobilisés localement et se sont rapidement mis en mouvement, malgré d’importantes difficultés logistiques et d’accès. Les démarches de vaccination ont débuté quatre jours après que la flambée a été déclarée.
Environ 90% des vaccinateurs étaient issus de communautés locales. La riposte a aussi puisé dans l’expertise de personnels de la santé locaux qui ont été formés lors des deux récentes épidémies en RDC. Les intervenants ont travaillé étroitement avec les membres des communautés afin de favoriser la compréhension du virus en rendant visite à plus de 574.000 foyers et en fournissant à plus de 3 millions de personnes des informations sanitaires pertinentes et sûres.
Des défis logistiques pour une onzième épidémie, qui a lieu au sein de communautés dispersées dans la forêt tropicale, ainsi que dans des zones urbaines denses.
« Venir à bout de l’un des pathogènes les plus dangereux au monde au sein de communautés isolées et difficiles d’accès prouve ce qu’il est possible de réaliser lorsque la science et la solidarité convergent », a ajouté la Dr Moeti.
De plus, la réponse à cette 11ème épidémie d’Ebola a dû composer avec l’actuelle pandémie de Covid-19. Selon l’OMS, cela a diminué les ressources disponibles et créé des difficultés de mouvement pour les experts et le matériel. Il a aussi fallu faire face à des défis liés au nombre élevé de cas dans des communautés éloignées et souvent accessibles uniquement par bateau ou hélicoptère, et parfois la résistance communautaire a ralenti les efforts de riposte.
Les leçons de la conservation du vaccin d’Ebola pour le futur vaccin anti Covid-19 en Afrique
Mais ces difficultés logistiques et épidémiologiques ont été contournées par le leadership de la RDC et l’engagement des agences humanitaires sur le terrain. Au pire de la flambée, plus de 100 experts de l’OMS étaient sur le terrain, en soutien de la riposte mise en place par le gouvernement congolais.
Maintenant que la 11ème épidémie est finie, l’OMS invite les autorités sanitaires congolaises à maintenir la vigilance et une surveillance soutenue « car de nouvelles flambées sont toujours possibles dans les mois à venir ».
A cet égard, l’agence onusienne et d’autres partenaires procèdent actuellement à d’importantes actions pour améliorer les capacités opérationnelles critiques de la province de l’Équateur, dont la formation de personnels se trouvant en première ligne.
Pour l’OMS, la fin de cette épidémie doit être aussi synonyme pour les gouvernements et leurs partenaires, de continuer de concentrer leur attention sur d’autres urgences, alors que le combat contre la Covid-19 se poursuit. Il s’agit ainsi d’améliorer l’état de préparation qui permettra une meilleure riposte aux menaces découlant de maladies à propension épidémique.
A ce sujet, « la technologie utilisée en RDC pour conserver le vaccin contre Ebola à des températures extrêmement basses sera utile lorsqu’il s’agira d’acheminer le vaccin anti-Covid-19 en Afrique ».
En effet, les vaccinateurs ont eu recours à une chaîne du froid innovante afin de conserver les vaccins contre Ebola à des températures de – 80° Celsius. Les glacières « ARKTEK » ont permis de garder les vaccins à de très basses températures en mission pendant plus d’une semaine et les intervenants ont pu ainsi vacciner les gens dans des communautés privées d’électricité. FIN