La violence interethnique ravage la province de l’Ituri causant d’importants déplacements de populations.
Kigali: Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé à Genève qu’il allait augmenter son aide pour secourir 300.000 déplacés en Ituri, une province du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) où des affrontements ethniques en juin ont fait fuir des dizaines de milliers de personnes.
«Le PAM va tripler le nombre de déplacés qui reçoivent une aide alimentaire ou une aide financière», pour assister 300.000 personnes déplacées contre 116.000 actuellement, a déclaré le porte-parole de l’agence, Hervé Verhoosel, lors d’un point de presse à Genève.
«Nous voulons tripler l’assistance, principalement dans cette province, auprès des déplacés. C’est quelque chose que nous avons déjà commencé, même si nous n’avons pas tous les fonds», a -t-il ajouté.
Selon le PAM, la crise alimentaire qui sévit en RDC est la deuxième plus importante au monde, juste derrière celle au Yémen. Quelque 13 millions de Congolais vivent en insécurité alimentaire, dont 5 millions d’enfants.
«Des évaluations récentes montrent que la faim s’aggrave dans la province de Ituri, en particulier dans les zones touchées par un conflit interethnique au cours des dernières années», a fait valoir le porte-parole du PAM.
«Des gens meurent de faim ou la malnutrition a un impact sur leur vie qui fait qu’ils meurent», a précisé le porte-parole en réponse à une question sur le nombre de personnes mourant de faim dans ce pays. « Ça veut dire qu’ils peuvent être mal nourris, donc moins résistants ou mourir d’autre chose et malheureusement c’est créé quelque part par la malnutrition au début », a-t-il ajouté, notant qu’il n’avait pas de chiffres très précis en la matière.
Hausse de la malnutrition
Selon l’agence onusienne, l’augmentation récente et spectaculaire de la faim et de la malnutrition est due à la propagation des conflits, aux déplacements, aux prix élevés des denrées alimentaires, au manque de revenus, aux régimes non diversifiés, aux infestations de ravageurs et aux épidémies.
Ce regain de tension noté en juin dans le territoire de Djugu, en Ituri, a fait au moins 117 morts, selon une enquête préliminaire révélée vendredi dernier par le Bureau C=conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme. Dans tous les cas, cette décision du PAM d’intensifier ces opérations d’aide « déjà considérables » en faveur des personnes déplacées par le conflit dans le nord-est de la RDC, intervient à la suite de nouvelles violences interethniques qui ont contraint des dizaines de milliers de personnes additionnelles à quitter leur foyer.
A noter que l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) avait rappelé la semaine dernière que plus de 300.000 personnes ont fui cette flambée de violences depuis début juin. Ces récents affrontements entre les groupes rivaux Hema et Lendu au nord-est de la RDC ont également poussé au moins 7.500 Congolais à franchir au mois de juin la frontière ougandaise via le lac Albert.
«Largement dispersés, ces déplacés cherchent la sécurité dans les centres urbains et dans la brousse », a également précisé le porte-parole du PAM.
Le PAM a besoin de 155 millions de dollars dont 35 millions pour Ebola
L’Ituri est aussi touchée par la dernière épidémie d’Ebola en RDC qui a fait plus de 1.570 morts depuis août, principalement dans la province du Nord-Kivu voisine. Le PAM aide à contenir la propagation du virus en fournissant une aide alimentaire aux personnes qui ont contracté la maladie et à leurs contacts, limitant ainsi les mouvements de population à risque.
Le dernier bulletin épidémiologique du Ministère congolais de la santé en date du 30 juin 2019 note que depuis le début de l’épidémie, le cumul des cas est de 2.338, dont 2.244 confirmés et 94 probables. Au total, il y a eu 1.571 décès (1.477 confirmés et 94 probables) et 653 personnes guéries.
Alors que les humanitaires doivent faire face à l’épidémie d’Ebola, ce nouveau cycle de violence et de « cruauté insensée » survient également au moment des récoltes, alors que les nouveaux déplacés ont dû fuir leurs maisons dans des villages ruraux sans grand-chose avec eux et souvent même sans rien. « De nombreuses victimes de cette violence accrue souffrent de malnutrition et ont été contraintes de déménager à de nombreuses reprises », a fait valoir M. Verhoosel.
Face à cette situation humanitaire, le PAM prévoit cette année de venir en aide à 5,2 millions de Congolais dans l’ensemble du pays. Mais pour y arriver, l’agence onusienne a besoin, pour les six prochains mois, de 155 millions de dollars dont 35 millions pour la seule réponse à Ebola, sur un budget annuel de 453 millions pour toutes les opérations du PAM en RDC. (Fin)