Kigali: Six mois après le début de l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo, les efforts pour enrayer la propagation du virus sont « encourageants », a déclaré ce vendredi à Genève, un haut responsable de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
« Ce qui a bien fonctionné, ce sont les mesures de santé publique telles que la formation des agents à la prévention et au contrôle des infections dans les centres de santé », a dit à la presse, la Directrice du Bureau régional de l’Afrique pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Dr. Matshidiso Moeti a également mis en avant un engagement plus étroit avec les communautés, en particulier les femmes et les groupes religieux, sans oublier d’autres mesures sanitaires telles que la recherche des contacts parallèlement à l’utilisation d’outils plus récents dans la lutte contre Ebola.
Face à la presse, Dr. Moeti a affiché son optimisme. Elle s’est dite optimiste par l’évolution de la maladie et par le changement observé sur le terrain « avec l’aide des leaders communautaires locaux ».
Ce qu’elle considère comme une « stratégie du succès » a permis d’arriver à une situation « quasiment sous contrôle à Béni et Mangina, Komanda et Oicha » six mois après le début de l’épidémie.
Dans ces deux premiers épicentres de la crise sanitaire, la combinaison de différentes actions a contribué à aboutir à une situation.
« Nous avons appris des leçons de l’épidémie en Afrique de l’Ouest, notamment sur l’importance de s’engager avec les communautés locales pour éviter la méfiance et la suspicion », a-t-elle ajouté.
L’importance du «parapluie sécuritaire» de la MONUSCO
D’autant que la mise en place d’une riposte efficace se heurte parfois à de nombreuses difficultés, dont le contexte sécuritaire très instable ou certaines réticences de la population, auxquelles les équipes de l’OMS doivent s’adapter.
Pour l’OMS, il s’agit donc de poursuivre leurs efforts auprès des communautés pour tenter de réduire les craintes face aux soins apportés par le personnel de santé.
« En dépit des difficultés persistantes liées à la sécurité et à la méfiance des communautés locales qui ont des répercussions sur les mesures d’intervention, nos équipes continuent le combat ». A cet égard, Mme Moeti mentionne une progressive amélioration face à ces résistances.
Une façon pour l’Agence sanitaire onusienne de rappeler que « l’insécurité continue de constituer un facteur » qui affecte le dispositif mis en place par l’OMS et ses partenaires. Pour autant, la situation est « relativement calme par rapport à la période préélectorale » qui avait abouti au report de la présidentielle à Béni, a affirmé de son côté Dr Mike Ryan, Assistant Directeur-Général pour les urgences, de retour de la zone. De nombreux groupes armés avaient mené des attaques.
Selon Dr Ryan, les équipes sont opérationnelles dans toutes les zones même si dans certaines localités, elles ont besoin « de mesures sécuritaires spéciales » pour travailler.
« C’est le cas à Biena, Kalunguta, Kayina, Kyondo, Mangurujipa ou Komanda, des localités où l’OMS et ses partenaires ont besoin d’escorte, ou d’une protection spéciale », a précisé Dr. Ryan, tout en rappelant que les équipes sont dans toutes « les zones de transmission active du virus ».
« Mais nous remercions les forces de la Monusco qui nous permettent, avec ses escortes, de continuer à travailler dans cet environnement », fait-il valoir tout en insistant sur le caractère indispensable de « ce parapluie sécuritaire » des casques bleus onusiens.
468 décès depuis août dernier et près de 70.000 personnes vaccinées
Au 31 janvier, 759 personnes ont été infectées, dont 705 confirmés et 54 probables. Le dernier bulletin épidémiologique de la Maladie à Virus Ebola note qu’au total, il y a eu 468 décès (414 confirmés et 54 probables) et 259 personnes guéries.
Mais « un nombre relativement élevé de cas a été signalé au cours des dernières semaines, principalement en raison de l’épidémie dans la zone de santé de Katwa », a précisé l’OMS dans un communiqué rendu public hier jeudi. Près de 178 cas suspects sont en cours d’investigation et sur les 7 nouveaux cas confirmés, 6 sont à Katwa et 1 à Butembo.
Pour mieux contrôler la maladie, plus de 70.000 personnes ont été vaccinées dans 28 zones de santé, réparties entre 4 provinces de la République Démocratique du Congo. Et 350 ont été soignées par des nouveaux médicaments utilisés largement pour la première fois. « La riposte consiste aussi à ce travail au niveau des frontières que partage la RDC avec ses voisins », a insisté Dr Moeti.
Les pays voisins sont également en alerte.
Plusieurs milliers de membres du personnel de santé ont été vaccinés dont 2.600 en Ouganda seulement.
Environ 200 spécialistes ont été déployés pour assister ces gouvernements. La priorité en RDC est désormais d’éviter notamment que l’épidémie dans l’ouest de la région affectée ne s’étende davantage. D’autant qu’Ebola n’est pas le seul problème sanitaire auquel fait face la RDC.
Le pays fait face à des maladies telles que le choléra, la rougeole, la lutte contre la polio, le virus de la variole du singe et le paludisme.
« Sans oublier les besoins sanitaires liés à la crise humanitaire qui sévit dans d’autres provinces. Cela met beaucoup de pression sur le système de santé en général », a ajouté Dr Moeti.
D’ailleurs à Beni, épicentre d’Ebola, l’OMS est également engagée dans la lutte contre le paludisme. Une campagne ciblant 300.000 personnes dans cette zone a permis de distribuer gratuitement des moustiquaires imprégnées et des médicaments contre la malaria. (Fin)