Le Général-major kenyan Jeff Nyangah, commandant de la force régionale de l’EAC
Le Général kenyan Jeff Nyagah, commandant de la force régionale de l’EAC déployée à l’Est de la RDC, a démissionné.
Kinshasa lui reproche son inaction face aux rebelles congolais du M23(Mouvement du 23 Mars), tandis qu’il dénonce des intimidations et pressions politiques.
Dans une lettre remise au Secrétaire Général de l’EAC, il évoque notamment “des mercenaires qui ont posé des drones à sa résidence, un dispositif de surveillance et une surveillance physique”.
“Honorable Secrétaire Général, c’est en gardant cela à l’esprit et en procédant à une évaluation plus approfondie que je suis arrivé à la conclusion que ma sécurité en tant que commandant de la force n’est pas garantie dans la zone d’opération”, écrit l’officier kenyan.
Il se dit également victime d’une vaste campagne de diabolisation sur sa gestion du cas M23. Ladite campagne serait même financée, ajoute-t-il.
Lors du sommet de Bujumbura, le Chef de l’État congolais s’en était pris au Général Nyagah : “vous n’êtes pas venus pour favoriser le M23”-avait mis en garde le président Félix Antoine Tshisekedi.
Le Général Jeff Nyagah affirme par ailleurs que le gouvernement congolais n’assure pas les coûts administratifs des bureaux du quartier général de la force régionale, des logements des officiers d’état-major, et mêle l’électricité ainsi que les salaires du personnel civil. Le tout, en contradiction avec le statut de la force (SOFA, Status of Forces Agreement ).
“En outre, la frustration actuelle a rendu ma mission intenable, d’où la décision de précaution de quitter la zone de la mission”, conclut-il.
La force régionale de l’EAC (EACRF, East Africa Community Regional Force) fait en effet face aux critiques de l’opinion congolaise et de l’entourage de Félix Tshisekedi, qui espérait que les troupes déployées sur le terrain iraient combattre les rebelles du M23.
Kinshasa entend évaluer les actions de la force régionale avant de renouveler son mandat qui a pris fin en février dernier. Une réunion des ministres de la défense des pays membres prévue dans ce sens récemment à Goma a été reportée, notamment parce que le Rwanda estimait que ses délégués ne seraient pas en sécurité sur le sol congolais. Une possibilité de délocalisation est en étude.
La force de l’EAC est composée des troupes du Kenya, de l’Ouganda, du Burundi et du Soudan du Sud. Depuis leur arrivée en RDC, elles n’ont pas attaqué le M23 alors que selon le gouvernement congolais, leur mandat est offensif. Des voix s’élèvent pour réclamer le départ des troupes. (Fin)