Le HCR fournit une assistance d’urgence aux personnes fuyant les affrontements armés dans le territoire de Rutshuru. © AIDES/Josaphat Tshilembi
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) est vivement préoccupée par la recrudescence des violences qui entraînent le déplacement de milliers de personnes au Nord-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 72.000 personnes ont été déplacées ces derniers jours dans la partie orientale de la RDC.
« Depuis le 19 mai, d’intenses combats secouent les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo alors que des milices, se réclamant du mouvement armé M-23, affrontent les forces gouvernementales dans une confrontation qui se poursuit au nord de Goma, la capitale provinciale », a détaillé lors d’un point de presse à Genève, Shabia Mantoo, porte-parole du HCR.
A l’intérieur de la RDC, au moins 170.000 civils ont été déplacés, souvent à plusieurs reprises, à cause d’une intensification des combats dans l’est de la RDC depuis novembre 2021.
Cette toute dernière vague de violence a poussé des dizaines de milliers de personnes à quitter leur foyer à la recherche d’une sécurité toute relative dans différentes parties de la province, dont Goma.
Plus de 7.000 réfugiés en Ouganda la semaine dernière
Rien qu’au cours de la semaine dernière, quelque 7.000 personnes auraient également franchi la frontière vers l’Ouganda voisin, un pays qui accueille déjà plus de 1,5 million de réfugiés. Au total, plus de 25.000 personnes ont traversé la frontière congolo-ougandaise depuis le 28 mars. Elles ont trouvé refuge dans des installations mises en place par le HCR en Ouganda.
En RDC, les personnes déplacées sont exposées à « une violence constante ». De nombreux enfants ont été séparés de leurs familles. Les femmes et les jeunes filles sont exposées aux violences sexuelles, notamment aux viols, ainsi qu’aux menaces physiques et aux extorsions par les parties au conflit.
Sur le terrain, les champs et les commerces laissés à l’abandon risquent fort d’être pillés, ce qui met en péril leurs moyens de subsistance. Et ces combats surviennent au moment où les communautés précédemment déplacées par l’insécurité dans la région avaient timidement commencé à rentrer chez elles et à reconstruire leur vie.
« Ce cycle de violence et de déplacement forcé est une cause récurrente de danger et de désespoir », a regretté la porte-parole du HCR.
Plus 5,6 millions de déplacés internes en RDC dont 1,9 million au Nord-Kivu
Avec ces nouveaux mouvements de population, des milliers de personnes déplacées par les affrontements en cours peinent à trouver un abri et à se procurer des articles de première nécessité, ainsi qu’à trouver de la nourriture et de l’eau potable.
Certaines comptent sur la générosité de familles congolaises, d’autres ont trouvé refuge dans des écoles, des églises et des sites aménagés par les autorités pour ceux qui ont dû fuir l’éruption du volcan Nyiragongo en mai 2021.
Nombre de ces sites d’hébergement temporaire ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour accueillir les nouveaux arrivants, les exposant ainsi au choléra, au paludisme et à d’autres maladies. De plus, l’utilisation de bâtiments scolaires prive les enfants de l’école, alors qu’ils pourraient autrement y étudier dans un environnement protégé.
Alors que des mesures ont été prises en avril pour fournir une aide indispensable à plus de 2.900 personnes vulnérables déjà déplacées dans les localités de Rutshuru et de Kiwanja, plusieurs milliers d’autres personnes doivent maintenant fuir en emportant peu ou pas d’effets personnels.
Selon le HCR, les besoins dépassent largement l’aide disponible et l’accès humanitaire à la région est gravement entravé par la violence.
Au moins 1,9 million de personnes sont déplacées dans le Nord-Kivu. Avec 5,6 millions de déplacés internes, la RDC connaît la plus grave crise de déplacement interne en Afrique. (Fin)