Félix Tshisekedi dans « Africa Summit » organisé par le Financial Time
By Manzi Bakuramutsa*
Tshisekedi a fait un forcing pour se faire inviter à l’«Africa Summit 2022», qui n’est pas au niveau de Chefs d’Etat, et ensuite malgré l’avis contraire du protocole, il s’est battu des pieds et de mains pour une rencontre avec le Roi Charles III, l’occupation de la RDC par le Rwanda oblige !
« Africa Summit 2022 », auquel Tshisekedi a insisté pour participer avait certainement son importance, mais il n’était pas du tout au niveau des Chefs d’Etat. Quand Tshisekedi a fort insisté d’y participer, alors le pays hôte lui a prié de le faire dans le cadre d’une visite privée.
Tshisekedi dans son importance, le privé n’existe pas et surtout qu’il voulait et ne pouvait quitter Londres sans rencontrer son homologue le Roi Charles III. Après un grand forcing peu protocolaire, il a fini par obtenir le rendez-vous qu’il voulait, au Buckingham Palace.
Pour Tshisekedi, la rencontre a été d’une haute portée symbolique, car il doit montrer à son peuple l’importance qu’il a, et surtout lui prouver, qu’il parle des problèmes qu’il a avec le Rwanda sans avoir peur de personne. En effet, il y a quelques mois, il avait été accusé d’avoir peur de dénoncer le Rwanda. Depuis lors, le Rwanda est devenu le sujet favori, ainsi lui et son gouvernement parlent du Rwanda sans aucune retenue et sans se gêner de tordre le cou à la vérité, et sans peur du ridicule.
Tshisekedi a finalement rencontré le Roi. Bien que selon le protocole du palais royal, de part et d’autre rien ne doit filtrer du contenu du tête-à-tête entre le Roi et le président. Mais cette discrétion est impossible pour Tshisekedi, car l’objet de la visite au Roi, était non seulement de prouver au peuple congolais l’importance et la grandeur de son chef, mais aussi et surtout de montrer qu’il est en train de parler pour eux, en dénonçant l’ennemi de la République.
Le Roi Charles III avec Félix Tshisekedi
Voilà pourquoi tout ce que Tshisekedi a dit avec le Roi, doit être, d’une manière ou d’une autre mis à la disposition du peuple, le protocole peut attendre.
Ainsi, la presse nous informe que Tshisekedi a commencé par caresser Sa Majesté dans le sens du poil en lui parlant de l’environnement, étant donné que le Roi Charles III est un fervent défenseur de l’environnement. En effet, il avait joint, à maintes reprises, sa voix pour sensibiliser et rendre conscients les pays pollueurs face à leurs responsabilités dans le réchauffement climatique.
Profitant de cet intérêt royal, Tshisekedi, voulait lui montrer que les deux chefs d’Etat, partagent le même intérêt. Tshisekedi lui-même est un grand protecteur de l’environnement. Et pour le lui prouver, il est revenu sur sa vraie-fausse thèse selon laquelle la République démocratique du Congo est le pays qui est la solution à l’environnement.
Mais le sujet principal que Tshisekedi était intéressé à présenter au Roi, était de lui demander de jouer de son influence pour que le Rwanda, qui occupe Bunagana, quitte son pays.
Profitant de ce moment propice dans lequel le Roi était à l’écoute, Tshisekedi lui a assommé avec les mêmes doléances qu’il a racontées au Roi Philippe de Belgique et à son Premier Ministre De Croo, au Secrétaire Général de l’ONU, au Conseil de sécurité, à l’Assemblée générale de l’ONU, au Pape François, aux chefs d’Etat de la SADC et à ceux de la CEEAC, etc, …
Le Roi Charles III, bien renseigné connaît bien le dossier. Il connaît la position de son gouvernement, celui du Conseil de sécurité et il est au courant de propositions de solutions qui sont actuellement sur la table, dont celles de l’Union africaine et celle du bloc EAC.
Alors que la RDC est actuellement occupée par des centaines de groupes de rebelles partout dans le pays, surtout dans les provinces reculées et négligées depuis longtemps, dont celles du Kivu, Ituri, Katanga, Kasaï, Kongo centrale et dans le Bas-Congo.
Et pourtant dans ses doléances, Tshisekedi ne mentionne que le M23. C’est curieux ! La nature de ce mouvement a permis de fabriquer un bouc-émissaire tout trouvé. Ainsi, le Rwanda doit être chargé de tous les péchés d’une soixante d’années de mauvaise gouvernance de ce beau pays depuis sa mauvaise décolonisation part la Belgique.
En observant Tshisekedi et sa stature, le Roi se demandait en lui-même pourquoi ce castard ne jette pas tout son poids dans la bataille pour peser sur les solutions qu’il veut!
Ceux qui connaissent le « body language » du Roi, attestent que quand le grand Tshisekedi décrivait comment le Rwanda a envahi la RDC, pour balkaniser ce géant à cause de ses minerais, l’esprit royal bien renseigné sur la situation, se demandait en écoutant Tshisekedi, comment le président Kagame qu’il connaît bien, peut-il balkaniser un pays qu’il a officiellement parrainé pour être partenaire en devenant membre de la EAC.
Comment ce même Kagame pillerait les minerais de la RDC, alors que les deux président venaient de signer des accords commerciaux et que les minerais commercialisés du Rwanda, sont accompagnés de certificat de traçabilité, adopté par le Rwanda depuis plus d’une dizaine d’années.
D’autre part, si le Rwanda est intéressé par les minerais congolais, et qu’il appui le M23 pour accéder à ces mirais, pourquoi il ne balkanise pas la région avec des mines ? Il faut bien noter que le territoire occupé par le M23, ne possède aucune mine et n’est pas un centre de commercialisation des minerais.
Tshisekedi n’a pas révélé la réponse du Roi à ses complaintes bien connues. Mais les observateurs sont convaincus que le Roi dans sa réponse, lui a rappelé et répété ce que le gouvernement de Londres lui a dit directement et à travers les Organisations internationales, à savoir les recommandations de l’UA, le Conseil de sécurité, le bloc des pays de la EAC, voire, la demande du M23 lui-même.
Le Roi s’est demandé pourquoi Tshisekedi a si insisté à le voir avec ce dossier, alors que pour plus d’efficacité, il aurait bien fait mieux de voir son gouvernement qui est en charge de la gestion du pays. Est-ce l’ignorance ou le prestige ou alors c’est une combinaison de deux !
Les mêmes observateurs sont d’avis que le président Tshisekedi lui-même, n’est aucunement convaincu de ce qu’il dit et qu’il accuse le Rwanda. Il s’est bien expliqué depuis longtemps avec le président Kagame, et il apprécie les conseils du grand-frère. Malheureusement pour atteindre les objectifs qu’il veut atteindre, il voudrait forcer des passages sur les chemins tortueux qui ne sont pas droits. A chacun son approche !
De Londres, le président est rentré à Kinshasa comme il était parti du pays. Avec le seul bonus qu’il a dû passer plus de quatre heures sur le tarmac à cause de son entourage qui a voulu, comme lui, passer par les chemins sinueux pour quitter le Royaume-Uni. Et pourtant le chemin qui suit une ligne droite est toujours plus court et plus direct. (End).
* Manzi Bakuramutsa, Ancien fonctionnaire de l’ONU (FAO, PNUD); • Ancien ambassadeur du Rwanda à l’ONU, Benelux, UE et Vatican.