Des combattants du M23 se dirigent vers Goma en RDC. Photo : MONUSCO/Sylvain Liechti
Alors que d’intenses combats entre les forces armées congolaises et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) sont toujours en cours dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les Nations Unies ont appelé les Etats à cesser d’expulser et de refouler des demandeurs d’asile congolais vers l’Est de ce pays d’Afrique, en raison de l’intensification des combats.
« L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés a publié aujourd’hui une recommandation actualisée sur la cessation des expulsions forcées vers les provinces orientales du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, appelant les Etats à cesser les reconduites forcées de ressortissants congolais, y compris les demandeurs d’asile déboutés », a déclaré lors d’un point de presse, Elizabeth Tan, Directrice de la protection internationale du HCR.
Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) appelle également les États à accorder aux réfugiés l’accès à leur territoire et à les traiter conformément à la Convention de l’OUA de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique. En outre, de nombreuses personnes fuyant la RDC sont susceptibles de remplir les critères de la Convention de 1951 pour obtenir le statut de réfugié.
Hausse des attaques contre des civils
Le HCR estime que les États ont la responsabilité juridique et morale de permettre aux personnes fuyant les conflits en cours de chercher la sécurité, de leur accorder l’asile conformément à la Convention de l’OUA de 1969 et, le cas échéant, à la Convention sur les réfugiés de 1951. Il s’agit de ne pas renvoyer les réfugiés de force.
Cette nouvelle recommandation de l’agence onusienne intervient alors que les organismes humanitaires font état d’une « augmentation des attaques contre des civils, y compris ceux qui résident dans des sites pour personnes déplacées dans l’est du pays ». « Lors d’une de ces attaques odieuses contre le camp de Plaine Savo dans la province d’Ituri en février 2022, un groupe armé non étatique a tué au moins 62 personnes et en a blessé plus de 40 autres », a rappelé Mme Tan.
Depuis février, des attaques comme celle-ci ont entraîné la mort de plus de 1.000 personnes réfugiées dans des sites de déplacement ou tentant de rentrer chez elles. Depuis le début de l’année 2022, le HCR a enregistré plus de 50.000 violations des droits de la population civile, y compris des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Le conflit armé qui sévit depuis le 22 mai 2022 dans la province du Nord-Kivu a contraint des dizaines de milliers de personnes à fuir leur foyer face à la plus grande offensive des rebelles du M23 depuis une décennie contre les troupes gouvernementales.
Plus de 188.000 personnes déplacées internes en un mois
L’escalade du conflit armé ne fait qu’exacerber la situation. Depuis le 20 octobre, au moins 188.000 personnes ont été nouvellement déplacées par les combats entre le groupe rebelle M23 et l’armée congolaise.
Avant même ce dernier pic de déplacement, l’ONU estimait à 5,6 millions le nombre de Congolais déplacés à l’intérieur du pays. Un million d’autres ont trouvé refuge dans 22 pays d’Afrique, ce qui en fait l’une des plus grandes crises humanitaires au monde.
La grande majorité, 4,9 millions, a été déplacée à l’intérieur du pays en raison du conflit dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri. Dans le même temps, près de 700.000 personnes ont été déplacées en raison de conditions climatiques extrêmes.
Face à cette situation, l’avis du HCR contre les retours forcés dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri en RDC restera en vigueur « jusqu’à ce que les conditions s’améliorent suffisamment pour permettre des retours sûrs et dignes ». (Fin)