Des militaires burundais à Mweso, une des localités qu’ils ont désertée le 8 novembre 2023 après des combats qui les ont opposés au M23
Trois officiers de grade de major ont refusé d’emmener leurs compagnies en RDC de façon clandestine en passant par la rivière Rusizi. Ils ont exigé de meilleures conditions pour les convois en partance pour République démocratique du Congo(RDC). Ils ont été interpellés sur le champ puis conduits dans un lieu inconnu, selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information.
Les faits ont eu lieu dimanche dernier. Des militaires burundais interrogés au camp militaire de Cibitoke (nord-ouest du Burundi) disent que le moral des troupes est au plus bas. Ils disent n’avoir aucune motivation d’embarquer clandestinement et de mourir ensuite dans l’anonymat. Ils demandent plus de transparence et une meilleure organisation comme pour leurs camarades envoyés en mission conjointe de l’EAC. Le commandant en second du camp n’a pas voulu commenter sur cette information.
Des mésententes s’observent ces derniers temps au camp de Cibitoke, 112ème bataillon d’infanterie, entre les officiers qui doivent assurer les opérations sur terrain contre le M23 de l’autre côté de la Rusizi chez le grand voisin de l’Ouest.
Selon différentes sources sécuritaires au sein de la caserne militaire de Cibitoke, lieu de rassemblement des militaires en partance pour la République démocratique du Congo, les soldats burundais y reçoivent des tenues militaires congolaises et des instructions.
Mais certains officiers manifestent des réticences d’engager les troupes sur un terrain très dangereux, selon ces mêmes sources.
Celles-ci affirment qu’un officier de la 1ère compagnie de grade de major nommé Lin aurait refusé de partir avec sa compagnie en RDC.
Deux autres officiers lui ont ensuite emboîté le pas. Ils ont été embarqués dans un véhicule pour une destination jusque-là inconnue.
D’après une autre source militaire plus proche du dossier, « la même situation s’observe également chez les officiers et les soldats de rang et tous ne voient pas l’intérêt d’aller mourir sur un sol étranger sans indemnisation ».
Le moral est donc au plus bas comme l’indique toujours cette source.
« Certains de nos compagnons d’armes sont déjà tombés sur le champ de bataille et même la hiérarchie militaire cache toutes les informations aux familles des défunts. Le pays n’entend même pas faire honneur aux courageux soldats tués sur le sol congolais et une somme modique de 600 000 francs burundais est donnée comme indemnisation aux familles des disparus », regrette amèrement un jeune officier rencontré au chef-lieu de province.
Le malaise, d’après diverses sources concordantes, est de plus en plus palpable au sein des unités dont la mission est d’aller « combattre les rebelles du M23 dans le Nord-Kivu ».
Selon toute vraisemblance, les militaires burundais fustigent également les conditions de transport auxquelles ils sont soumis.
La plupart d’entre eux estiment que « le passage dans la nuit vers la RD Congo à partir de la rivière Rusizi qui regorgent de nombreux crocodiles et hyppopotames est très dangereux ». Ils doivent partir des localités de Kaburantwa, Gasenyi et la transversale 12 de la colline Rusiga, Kigazura, respectivement des communes Buganda et Rugombo et effectuer de longues distances à pied. De l’autre côté, le transport est assuré par des camions pour rejoindre les zones de combat près de la ville de Goma. Ils y arrivent fatigués, ce qui les empêche par ailleurs de « bien s’organiser pour mener à bien leur mission ».
Des militaires burundais demandent l’amélioration des conditions de transport en privilégiant les rotations par avion entre les deux aéroports de Bujumbura et Goma, comme c’est déjà le cas pour des unités qui embarquent à partir de la capitale économique Bujumbura pour le Nord-Kivu en mission conjointe de l’EAC.
Contactés à ce propos, les responsables du camp Cibitoke se sont refusés à tout commentaire.
Même si l’armée burundaise reste muette sur cette mission et la mort de ses militaires en RDC, elle les enterre. Ce jeudi, la FDNB (Force de défense nationale du Burundi) a inhumé le plus haut gradé de ses militaires tombé sur le champ de bataille au Congo. Ce samedi, le M23 pourrait présenter à la presse des militaires burundais qu’il a pris en otage lors d’une conférence de presse qu’il organise à Bunagana , non loin de la frontière avec l’Ouganda, une zone que la rébellion contrôle depuis mi-juin 2022 et qui constitue son QG. (Fin)