Le Ministre Vincent Biruta(à gauche) et son homologue belge Sophie Wilmès
En marge du Sommet Union Européenne(UE)-Union Africaine(UA) qui a débuté aujourd’hui à Bruxelles, le Ministre rwandais des Affaires Etrangères Vincent Biruta a rencontré son homologue belge Sophie Wilmès, la Vice-Première Ministre et Ministre des Affaires étrangères. Ils ont échangé sur des sujets d’intérêt commun.«J’ai rencontré mon homologue rwandais Vincent Biruta à l’occasion du sommet UE-UA. Nous avons réitéré l’intention partagée de maintenir le dialogue sur les questions importantes d’intérêt commun », a indiqué Sophie Wilmès via tweeter.
Les deux Ministres « ont échangé sur des sujets d’intérêt commun » selon la diplomatie rwandaise. Leurs entretiens ont été axés sur le cas de l’opposant rwandais Paul Rusesabagina, la pandémie de coronavirus et les conflits sur le continent africain
Le cas de Paul Rusesabagina
Lors de cet entretien, Sophie Wilmès a rappelé l’intention de la Belgique de poursuivre le dialogue dans plusieurs dossiers d’intérêt commun, dont celui de l’opposant belgo-rwandais Paul Rusesabagina incarcéré à Kigali. Les autorités belges maintiennent des contacts réguliers avec Paul Rusesabagina et sa famille. «Le respect de ses droits fondamentaux reste un principe élémentaire», a réaffirmé Sophie Wilmès.
Condamné à 25 ans de prison pour “terrorisme” en septembre 2021, Paul Rusesabagina est un ancien hôtelier rendu célèbre par le film hollywoodien “Hotel Rwanda”. La tension était montée d’un cran entre le Rwanda et la Belgique après la condamnation à Kigali de Paul Rusesabagina. Bruxelles estimant qu’il n’a pas bénéficié d’un procès “équitable”. Le gouvernement rwandais avait alors annulé une rencontre prévue avec Sophie Wilmès, qui avait critiqué la condamnation.
La cheffe de la diplomatie belge Sophie Wilmès avait estimé dans un communiqué que “M. Rusesabagina n’a pas bénéficié d’un procès juste et équitable; particulièrement en ce qui concerne les droits de la défense”, et que “la présomption d’innocence n’a pas été respectée”. “Ces éléments de facto remettent en question le procès et le jugement”, avait dit Sophie Wilmès.
Cette déclaration “reflète le mépris dont fait preuve le gouvernement du Royaume de Belgique envers le système judiciaire rwandais depuis le début de ce procès, malgré la contribution importante des institutions belges compétentes à l’instruction de cette affaire”, avaient réagi les autorités rwandaises. “Pour cette raison, une réunion bilatérale prévue au niveau ministériel, en marge de l’assemblée générale des Nations unies à New York, n’aura plus lieu”, avaient-elles conclu dans un communiqué.
Paul Rusesabagina a utilisé sa notoriété hollywoodienne pour donner un écho mondial à ses positions contre le gouvernement rwandais. Il vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis et en Belgique, avant d’être arrêté à Kigali en 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d’un avion qu’il pensait à destination du Burundi. Lui et ses avocats dénoncent “un enlèvement”.
Santé et Covid-19
La lutte contre la pandémie actuelle a fait l’objet des discussions entre les deux ministres. Le Rwanda affiche un taux de vaccination élevé. Des progrès ont été enregistrés dans la création de capacités de production de vaccins. Sophie Wilmès a rappelé que l’une des priorités de l’UE -que la Belgique soutient pleinement-est d’augmenter la production et la distribution des vaccins sur le continent africain. Dans ce domaine, la Belgique a également une expertise à faire valoir.
Conflits sur le continent africain
La Vice-Première belge a abordé, avec son homologue rwandais, les derniers développements dans plusieurs dossiers, notamment les situations au Mozambique et en Afrique de l’Ouest. Sophie Wilmès a précisé que la Belgique regardait avec inquiétude la crise au Mozambique et que son pays estime qu’une attention particulière doit être accordée aux conflits sous-jacents et aux causes profondes de la crise, aussi en termes de gouvernance.
Pour rappel, le Rwanda a été le premier pays africain à envoyer des troupes pour soutenir l’armée mozambicaine dans sa lutte contre les djihadistes dans la province du Cabo Delgado. Les Shebab, affiliés à l’organisation État islamique, ont fait, depuis 2017, plusieurs milliers de victimes et entrainé le déplacement de centaines de milliers de personnes dans le nord du Mozambique.
En ce qui concerne le Sahel plus particulièrement, Sophie Wilmès a dit que la Belgique-très engagée pour lutter contre le terrorisme- a toujours défendu une approche qui dépasse l’aspect militaire, encourageant un sursaut civil et politique ainsi que des reformes structurelles. L’objectif étant de renforcer la légitimité de l’Etat et approfondir la démocratie. (Fin)