Participants à une conférence sur le climat
La Commission économique pour l’Afrique (CEA) et l’Institut africain de développement économique et de planification (IDEP) ont organisé ce jeudi, un webinaire au cours duquel les participants ont discuté des moyens par lesquels les États membres et les institutions peuvent renforcer l’engagement des femmes dans les Services d’informations climatologiques (SIC) qu’elles peuvent utiliser pour soutenir la chaîne de valeur des SIC au profit de leurs pays et communautés.
Organisé sous le thème « Renforcer l’engagement des femmes dans la génération, l’organisation, la diffusion, l’adoption et l’utilisation des SIC », le webinaire vise à renforcer l’engagement des femmes dans les SIC au niveau régional et à renforcer leurs capacités et leur sensibilisation aux outils et ressources d’information sur le climat.
Les participants ont identifié et discuté de la contribution potentielle des femmes à l’atténuation des dommages environnementaux et à l’intégration de la justice climatique dans les mécanismes de gouvernance alors que le monde émerge de la pandémie de coronavirus (COVID-19) ; énuméré une liste d’outils, de ressources et d’opportunités de réseautage visant à soutenir l’engagement des femmes dans les SIC ; et identifié les goulots d’étranglement et les obstacles à la facilitation de la participation des femmes aux SIC aux niveaux national et infranational.
Dans ses remarques lors du webinaire, Jean-Paul Adam, Directeur de la Division de la technologie, du changement climatique et de la gestion des ressources naturelles de la CEA, déclare qu’il est crucial d’investir dans les femmes dans le cadre de l’action contre le changement climatique, car cela peut entraîner des gains environnementaux et de meilleurs rendements dans les Objectifs de développement durable (ODD), l’Agenda 2063 de l’Afrique et les objectifs de développement plus vastes.
« Les femmes ont une connaissance et une compréhension importantes des conditions environnementales changeantes, qui peuvent jouer un rôle crucial dans l’identification d’une adaptation communautaire viable et pratique », indique M. Adam, ajoutant que l’implication des femmes dans le passage à une énergie plus propre et moderne garantit la prise en compte de leurs préoccupations, et celles de la communauté.
Il dit qu’après le COVID-19, il est important pour l’Afrique de rebâtir plus solide avec une perspective genre.
Pour sa part, Keiso Matashane-Marite de la Division genre, pauvreté et politique sociale de la CEA, affirme que les gouvernements et les institutions africains devront inciter les femmes et les filles à s’engager dans les SIC et en même temps contribuer à l’éradication de la pauvreté et à la réalisation des Objectifs de développement durable.
Elle souligne qu’il existe des liens étroits entre le genre et le climat, ajoutant que les inégalités entre les hommes et les femmes exacerbent les vulnérabilités au changement climatique dans les communautés.
« Nous devons démystifier le changement climatique et appeler à des interventions politiques agressives ou même à une action positive dans certains cas pour s’assurer que nous abordons la question de la participation limitée des femmes et des filles aux questions climatiques et à la science », déclare Mme Matashane-Marite, ajoutant que comprendre les complexités de la dimension genre sont de la plus haute importance avant de se lancer dans des initiatives visant à accroître la participation des femmes aux SIC.
Jennifer Mohamed-Katerere, Experte indépendante sur les droits de l’homme et la gouvernance environnementale, déclare pour sa part : « Des interventions politiques sont nécessaires pour promouvoir une participation significative des femmes à la chaîne de valeur des Services d’informations climatologiques afin d’améliorer l’accès aux données et services sur le climat ».
Katerere déclare que des interventions politiques essentielles sont nécessaires pour impliquer les femmes dans la prise de décision, la planification participative, les technologies de la communication et de l’information et l’éducation.
Les participants soulignent la nécessité de solutions innovantes pour garantir le renforcement des capacités des femmes en ce qui concerne l’accès aux SIC.
James Murombedzi, du Centre africain pour la politique en matière de climat (ACPC) de la CEA, dit que le webinaire a permis aux participants dispersés à travers le continent de mieux comprendre les conditions sociales et les obstacles à l’engagement des femmes dans les SIC. Il espère que le webinaire contribuera grandement à accroître la capacité des femmes à participer à la création, au conditionnement, à la diffusion, à l’adoption et à l’utilisation des SIC.
« Il y a eu une convergence vers certaines mesures à prendre pour garantir que les obstacles à l’engagement des femmes dans les SIC soient supprimés. Il y a une prise de conscience et une volonté d’utiliser les ressources et les outils disponibles pour élaborer des plans et des politiques tenant compte du climat et pour utiliser les informations climatiques dans la pratique », déclare M. Murombedzi.
« Nous devons penser de manière créative et ne pas être opposés au risque si nous voulons relever ces défis avec succès. Nous devons commencer à opérationnaliser certaines des interventions que nous proposons ».
Frank Rutabingwa, du Centre africain pour la politique en matière de climat, a partagé avec les participants le rôle du programme des services d’informations météorologiques et climatiques pour l’Afrique (WISER) dont l’objectif est d’améliorer la politique, rendre l’environnement propice et remédier au manque d’engagement des femmes en matière d’informations climatiques pour la planification du développement.
La présentation de son collègue, Yosef Amha, s’est penchée sur la recherche sur le climat par les femmes dans le cadre du programme de la Recherche climatique pour le développement (CR4D) en Afrique.
Les panelistes comprenaient Mme Salina Sanou, Chef des programmes, à l’Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA), Mme Rosaline J. Smith, ancienne Législatrice en Sierra Leone, Mme Mariane Diop-Kane, Directrice de programme, Bureau régional de l’OMM pour l’Afrique et M. Mouhamadou Bamba Sylla, Président de recherche du Réseau scientifique sur les changements climatiques, Institut africain des sciences mathématiques (AIMS) au Rwanda.
Ils conviennent tous que l’engagement limité des femmes dans les Services d’informations climatologiques et les dialogues connexes sur le changement climatique posent de sérieux défis pour s’adapter et atténuer suffisamment les effets du changement climatique et appellent à des interventions innovantes urgentes pour y remédier. (Fin)