Kigali: Reporters sans frontières (RSF) dénonce un verrouillage médiatique au Burundi après le retrait de la licence d’exploitation de la radio BBC et la prolongation de la suspension de Voice of America (VOA).
“Un verrouillage médiatique qui n’a d’autre objectif que de réduire au silence les voix critiques et indépendantes”, indique l’organisation internationale de défense de la liberté de la presse basée à Paris.
“Cette décision complètement arbitraire du CNC est la signature d’un verrouillage médiatique qui se poursuit et qui n’a d’autre but que de réduire au silence les rares médias qui osent encore critiquer le régime burundais”, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.
“En sanctionnant deux médias internationaux de référence dont les programmes en langue nationale sont très suivis, le régime envoie aussi un message d’avertissement à l’ensemble des journalistes burundais, déjà largement contraints à l’autocensure, alors que se profile l’élection présidentielle l’année prochaine”, a ajouté Arnaud Froger dans un communiqué publié par RSF.
Vendredi 29 mars 2019, le Conseil National de la Communication (CNC) du Burundi a décidé du retrait avec effet immédiat de la licence d’exploitation de la radio BBC.
Le CNC a qualifié de “montage mensonger, calomnieux et accablant” un documentaire produit en décembre dernier par la radio et révélant l’usage de la torture par des agents de renseignement dans des centres de détention secrets.
L’organe de régulation des médias a également ordonné la prolongation de la suspension des émissions de la radio Voice of America (VOA), reprochant à la rédaction “de maintenir dans son personnel une personne recherchée par un mandat d’arrêt international émis par la justice burundaise”.
Il est également interdit à toute personne sur le sol burundais de communiquer “directement ou indirectement des informations pouvant être diffusées” par ces radios.
Les deux médias avaient déjà été suspendus six mois en mai dernier pour “manquement à la déontologie” à quelques jours de l’adoption d’un référendum constitutionnel permettant au Président Pierre Nkurunziza de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2034. (Fin)